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Peut-on renforcer le raisonnement clinique dans le parcours de professionnalisation en soins infirmiers ? Des étudiants en 3ème année de l’IFSI du Pays d’Erstein témoignent de leur parrainage avec Thérèse PSIUK.

Article rédigé pour ManagerSante.com par un groupe d’étudiants en 3ème année à l’IFSI du Pays d’Erstein, issu de la promotion 2020/2023,  en collaboration avec  Thérèse PSIUK, marraine de cette promotion.

Elle est également Directrice des Soins en retraite, conférencière,  auteure de plusieurs ouvrages et de nombreux articles. Elle est experte sur le raisonnement clinique et les outils « Parcours de soins, plans de soins types, chemins cliniques » et sur la pédagogie des adultes.

 

Etudiants en 3ème année à l’IFSI du Pays d’Erstein, nous avons la chance d’avoir pour marraine de promotion, Madame Thérèse PSIUK, auteure, conférencière, Directrice des Soins en retraite.

Très rapidement, elle s’est investie dans notre formation et nous avons partagé nos premières expériences de stage avec elle en janvier 2021. Cette journée de partage en visioconférence avait pour objectifs d’explorer l’intimité dans les soins, la relation avec la personne soignée et la distance professionnelle, le refus de soins et l’adaptation des soins dans ces circonstances et d’échanger sur notre découverte de la profession.

Nous nous étions également interrogés sur l’encadrement durant le stage et les outils d’apprentissage de l’étudiant. Enfin, en lien avec la compétence 1 que nous venions de débuter et d’expérimenter, nous avons réfléchi à la façon de faire vivre le recueil de données au quotidien. Notre marraine avait abordé avec nous l’apprentissage du raisonnement clinique en formation infirmière. Selon ses dires, le raisonnement clinique est une habilité transversale sur les 10 compétences du référentiel de formation. Il représente notre capacité d’intégrer nos savoirs. L’infirmier agit en interprofessionnalité en posant des hypothèses à partir de son raisonnement et de ses connaissances.

La méthode retenue repose sur 4 attributs :

  1. Les connaissances en sciences médicales et humaines,
  2. La qualité de la relation d’aide counseling en comprenant ce que dit la personne soignée sans interprétation ni jugement,
  3. L’utilisation d’une méthode de raisonnement hypothéticodéductive,
  4. La maîtrise des niveaux de jugement clinique en fonction de l’expérience de l’infirmier.

Le raisonnement doit être développé au niveau individuel mais également en équipe pluriprofessionnelle pour arriver à un raisonnement clinique partagé.

Forts de cette expérience, nous avons travaillé avec nos formateurs référents de promotion le thème de la personnalisation des soins, dans laquelle l’infirmier mobilise au quotidien l’induction, la déduction, l’intuition perceptive, la créativité et la pensée critique et l’organisation des soins, dans l’objectif de prendre soin d’un groupe de personnes. Ces différentes étapes dans notre apprentissage, tant à l’IFSI qu’en stage, nous ont mené à préparer notre rencontre avec notre marraine avant notre stage de semestre 4.

Voici quelques extraits des thèmes abordés avec Thérèse Psiuk :

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Le raisonnement clinique

Le raisonnement clinique infirmier individuel doit être obligatoirement de qualité mais pour assurer la sécurité du patient, il doit tendre vers un raisonnement clinique partagé.

Selon notre marraine de promotion : « Quand on prend un poste d’infirmier dans un secteur et qu’on évolue dans celui-ci pendant plusieurs années… au bout de 3 à 6 ans on devient performant, au bout de 9 ans on devient expert. « 

Nous avons défini ce qu’est pour nous le raisonnement clinique : « le raisonnement clinique fait partie du cœur du métier de l’infirmière. Il permet d’émettre un jugement clinique sur les problèmes de santé du patient et les réactions à ces problèmes de santé. Pour mener à bien ce raisonnement, il faut passer par une identification des problèmes à partir d’un recueil de données et de l’analyse de celui-ci. Il est important d’avoir des connaissances théoriques pour pouvoir établir une analyse clinique. »

Ce qui est commun pour chaque infirmier, c’est la démarche du raisonnement clinique. C’est un raisonnement inducto-hypothéco-déductif mais également un raisonnement par anticipation pour la gestion des risques.

Il nous semble évident de mettre en avant la définition proposée par Thérèse PSIUK dans son livre L’apprentissage du raisonnement clinique : « La pertinence d’un projet de soins adapté à chaque personne pose la question de la formalisation d’un raisonnement clinique qui part du patient, conduit l’infirmière dans des champs de connaissances variées et loblige à utiliser une méthodologie de problématisation avant dentrer dans la démarche de résolution de problème ».

Faire usage de la raison pour formuler des idées aide à comprendre la situation et à assurer la prise en soin du patient. Le raisonnement clinique répond aux besoins du patient de manière efficiente en ayant les connaissances requises.

Cela permet aux soignants de se projeter dans la prise en soins pour orienter les décisions thérapeutiques.

Pour conclure, rappelons l’importance du raisonnement clinique au sein de la pratique infirmière. Il permet aux infirmières de formuler un jugement clinique, de les guider dans leurs prises de décisions, de planifier des interventions orientées vers la qualité des soins.

Nous retenons la nécessaire évolution de nos capacités de raisonnement. Il sera également primordial de coupler le savoir d’expérience (celui du patient) avec le savoir de connaissances.

Analyse pédagogique par Thérèse PSIUK : 

Ce récit écrit en 3ème année par les étudiants de l’IFSI d’Erstein est la résultante d’un co accompagnement avec deux formatrices ; notre objectif était de leur permettre une acquisition progressive de la compétence individuelle pour évoluer vers le raisonnement d’un infirmier ou d’une infirmière débutante lors de leur prise de fonction. Dès le début de la première année de formation, chaque étudiant devait assimiler le lien entre son niveau des connaissances cliniques et sa capacité à proposer un projet de soin adapté au patient ; dans ce contexte d’acquisition progressive d’une compétence individuelle, le réflexe permanent du raisonnement clinique partagé devient alors essentiel afin que chaque étudiant soit centré sur la performance des soins adaptés au patient. Durant les périodes de stage, la richesse d’un raisonnement clinique partagé avec d’autres professionnels de santé a favorisé la prise de conscience individuelle des acquisitions complémentaires à réaliser dans les quatre attributs présentés par les étudiants dans le paragraphe précédent.

Les caractéristiques fondamentales du concept « patient partenaire » ont orienté la relation de soin à mettre en œuvre dès le premier stage avec une écoute active et la création permanente d’un lien de confiance. Les formateurs, sensibles aux outils du management par la clinique appelés « plans de soins types » et « chemins cliniques » ont souhaité un apport théorique en 2ème année de formation.

Les étudiants continuent leur récit en synthétisant les connaissances théoriques sur les outils appelés « plan de soin type » et « chemin clinique » ; cette compréhension de la méthodologie de construction leur permettra de collaborer aux démarches projets envisagés par les cadres de santé de leur établissement de santé. La présence des étudiants lors des étapes de construction des chemins cliniques est essentielle pour poser les bonnes questions aux professionnels de santé et approfondir ainsi l’analyse de l’expérience.

Le plan de soins type & le chemin clinique en intégrant la pluriprofessionnalité

  • Le plan de soins type

Le plan de soin type et le chemin clinique sont des outils qui servent à baliser le parcours du patient. En effet, différencions le plan de soin type, démarche clinique pour un groupe homogène de patients, du chemin clinique qui est une planification pluriprofessionnelle dans un parcours de soin.

Le plan de soin type est un outil pluriprofessionnel dans lequel la coordination favorise la continuité des soins pour un groupe homogène de patients. Il y a des critères d’inclusion comme l’âge par exemple. Il peut y avoir plusieurs groupes homogènes de patients pour une même pathologie avec des critères d’inclusion différents.

Les étapes de la construction du chemin clinique nécessitent de définir le groupe, le modèle clinique trifocal (pluriprofessionnel), le plan de soin type et le chemin clinique pour une prise en soin holistique.

L’infirmier(e) travaille en tenant compte de toutes les dimensions du soin.

En tant qu’étudiants en soins infirmiers de 3ème année nos représentations ont évolué. Il nous est important de connaitre ces outils permettant de prendre en compte les besoins des personnes et favorisant la relation soignant/ soigné.

  • Réflexions autour du chemin clinique et de la pluriprofessionnalité

La formation en soins infirmiers nous amène à étudier le chemin clinique et la réflexion que nous portons autour de ce sujet en intégrant la pluriprofessionnalité.

Comment peut-on définir le chemin clinique ?

Le chemin clinique est le processus de soin pour un groupe de patients atteints d’une même pathologie.

Le chemin clinique permet d’avoir une vision globale des missions de chaque soignant avec un langage professionnel commun à tous. Cela permet la bonne compréhension des alternatives possibles de la prise en soins d’un groupe de patients pour chaque profession présente lors de la réunion pluriprofessionnelle. Il a pour objectif d’améliorer le parcours de soins d’une population pour un même type de patients.

Le résultat final va tendre vers une intelligence collective pour mettre en place une prise en charge personnalisée.

Selon Thérèse PSIUK, « le chemin clinique est un outil de coordination pluriprofessionnel. Associé à un plan de soins type, c’est également un outil d’aide au raisonnement clinique ».

Dans le plan de soins type, les activités sont détaillées. Le chemin clinique doit être associé à un protocole de soins personnalisé incluant toutes les dimensions du soin.

Pouvons nous parler de pluriprofessionnalité dans le chemin clinique ?

Pour chaque pathologie, tous les professionnels de santé disposent du chemin clinique. Lors d‘une prise en charge d‘une pathologie donnée, grâce au raisonnement clinique, les professionnels vont adapter le protocole de soin à la personne ce qui conduit à la personnalisation des soins. La prise en charge globale va débuter d‘une réunion pluridisciplinaire avec différents professionnels de santé. En s‘appuyant sur les réflexions, les expériences de chacun, l‘intelligence collective, le projet de soin personnalisé sera élaboré.

En pratique, nous pouvons illustrer le chemin clinique par la prise en charge d‘une femme ayant accouchée par voie basse. Suite à une concertation pluridisciplinaire, un projet de soin personnalisé va être proposé pour prendre en charge par exemple, la douleur physique liée à l’accouchement. La prise en charge sera réajustée et personnalisée en fonction de critères et indicateurs.

L’avenir est tourné vers une réflexion sur le raisonnement clinique partagé qui nécessite une intelligence collective et permet d’atteindre un haut niveau de raisonnement avec des indicateurs de performance de la prise en soins.

Analyse pédagogique par Thérèse PSIUK : 

Dès la sensibilisation au raisonnement clinique en première année, les étudiants doivent intégrer le lien fondamental entre la qualité de la démarche clinique et la pertinence de la démarche d’adaptation des soins. Deux types de raisonnement vont s’alterner ; pour la démarche clinique, les étudiants ont bien précisé le sens du raisonnement hypothético déductif à partir d’un indice de départ et le raisonnement par anticipation qui nous emmène vers la gestion des risques. Le modèle clinique trifocal propose un cadre au raisonnement clinique pour identifier les signes et les symptômes liés à la pathologie, les risques liés à la pathologie et aux effets secondaires de traitement et les émotions positives et négatives. Le lien entre ces trois domaines cliniques est important à comprendre pour anticiper et repérer les réactions aux problèmes de santé. Le courant de la Psychologie de la santé nous aide à comprendre ces liens.

Pour la démarche de personnalisation des soins, le processus de raisonnement vise à combiner certains indicateurs cliniques, les désirs du patient en respectant certaines habitudes de vie et les critères de qualité du soin standard. Les étudiants ont choisi d’analyser le « Prendre Soin » développé par Walter Hesbeen, ce qui est un excellent choix.

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Comment la personnalisation d’un soin améliore-t-elle la prise en charge d’un patient ?

Selon Walter Hesbeen, Infirmier, Docteur en Santé Publique, « le prendre soin est une attention particulière que lon porte à autrui ou à soi-même ». L’attention se caractérise par notre degré d’application lorsque l’on fait quelque chose. En tant que soignant, porter attention à la personne soignée permettra d’établir un projet de soins personnalisé. L’objectif est de garantir un accompagnement individuel dans le respect des habitudes de vie et des souhaits de la personne, tout en s’adaptant aux ressources de la personne, à l’environnement, au contexte et aux moyens matériels et humains dont on dispose.

La personnalisation des soins est un concept central de la prise en soin des patients.

Par qui ?

La personnalisation des soins peut être réalisée par tout soignant. Elle englobe le professionnel de santé, le patient et son entourage.

Avec qui ?

La personnalisation des soins se doit d’être réalisée en équipe pluridisciplinaire ainsi qu’avec la personne soignée pour avoir un point de vue holistique des besoins et ressources de celle-ci.

Pour qui ?

Chaque personne soignée, quelle que soit la structure d’accueil, bénéficie d’une personnalisation des soins.

Comment ?

Il s’agit d’organiser les soins en fonction des besoins et des demandes de la personne soignée dans un contexte particulier. Avoir la volonté de vouloir faire au mieux pour la personne, la connaitre (son identité, ses pathologies, ce qu’il aime, ses habitudes de vie, ses volontés, ses capacités) sont des éléments clés pour apporter une attention particulière et veiller à son bien-être. La personnalisation des soins requiert l’adaptation à la personne, à sa situation de soins et au contexte. Nous devons nous questionner sur : « comment je réalise ce soin pour ce patient ?».

Le soignant mobilise des valeurs et des qualités professionnelles telles que la bienveillance, le respect, la bientraitance, l’humilité. La créativité est un point essentiel dans l’adaptation d’un soin à la personne.

Pourquoi ?

La personnalisation des soins a pour but d’intégrer la personne soignée dans son parcours de soins : le patient devient acteur de son projet.

Il est nécessaire de respecter les valeurs de la personne soignée, sa culture et ses croyances afin qu’elle soit en confiance et adhère à son projet. Repérer ses besoins permet de lui apporter ce qu’elle recherche dans le soin.

A quel moment ?

La personnalisation des soins est appliquée tout au long du parcours de la personne soignée.

Personnaliser les soins favorisera l’adaptation et l’adhésion au soin du patient et un gain de temps pour l’organisation des soins.

Analyse pédagogique par Thérèse PSIUK : 

 L’analyse de pratique professionnelle à partir des soins réalisés en stage est importante pour apprendre à repérer les indicateurs positifs et ceux à améliorer. L’écriture associée à cette analyse aide l’étudiant à structurer sa pensée, à décrire précisément les étapes du soin en précisant les innovations positives et à décrire les réactions des patients.

Les exemples intégrés ci-dessous dans le récit sont le reflet concret d’un prendre soin mis en œuvre par les étudiants lors de leur stage jusqu’à être capable de capter l’attention d’un patient pour éliminer la peur ou l’angoisse. Les étudiants font ainsi la démonstration qu’ils ont réussi à créer dans chaque situation personnalisée le lien de confiance.

Expériences des étudiants en soins infirmiers :

« Lors de mon stage effectué en EHPAD, la personne soignée avait une plaie au niveau de la cheville et avait bénéficié d’un pansement. L’infirmière a oublié de lui demander si elle avait pris sa douche avant de faire le pansement.

J’ai accompagné la personne dans la salle de bains pour qu’elle puisse réaliser sa douche, comme à son habitude le matin. Une autre soignante m’informe que le pansement doit être effectué maintenant.

J’ai réfléchi à ce que je pouvais faire pour respecter les habitudes de vie de la personne.

J’ai choisi pour stratégie de placer un sac en plastique au niveau de sa jambe.

La douche a pu être faite sans avoir mouiller le pansement, la patiente était ravie et m’a remerciée pour ce soin. »

– Noheila

« Lors de mon stage en chirurgie, la patiente avait « peur » de la vue de ses drains remplis de sang.

Avec l’infirmière, nous avons eu pour idée de réaliser un sachet papier avec de jolis dessins correspondant aux activités que la patiente aimait faire, les voyages. Nous avons collé sur le sachet des images de paysages rappelant les vacances.

Cela a permis à la patiente de pouvoir se déplacer sereinement avec ses dispositifs médicaux. Cela permet de démontrer que la créativité est un atout essentiel dans la personnalisation d’un soin, d’une prise en charge d’un patient » – Léana

« J’ai effectué un stage en chirurgie pédiatrique où la personnalisation des soins faisait partie intégrante des soins auprès des enfants. Je devais m’adapter aux capacités cognitives en fonction de l’âge de l’enfant et trouver des alternatives ludiques pour lui permettre de se décentrer d’un soin invasif. Par exemple, je devais réaliser une injection par voie sous-cutanée d’un antithrombotique à un enfant de 8 ans. Il était apeuré et pleurait beaucoup lors de ses injections. Je savais qu’il adorait les dinosaures. Tout au long du soin, nous avons parlé de dinosaures. J’ai fait semblant d’effectuer l’injection sur son dinosaure en peluche. Cela lui a beaucoup plu et a permis de diminuer sa peur et d’effectuer le soin dans de meilleures conditions. » – Solène

Ces expériences mettent l’accent sur la nécessité de créer un lien de confiance avec la personne et d’être dans une démarche continuelle d’adaptation, tout en mobilisant les invariants de qualité du soin.

  • Prendre soin d’un groupe de 4 personnes

Nous allons caractériser le prendre soin pour une personne soignée et ensuite pour un groupe de 4 personnes. D’après Walter HESBEEN, le « Prendre soin de quelqu’un, c’est porter une attention particulière à une personne qui vit une situation de soins qui lui est particulière, et ce dans un but de contribuer à son bien-être, à son autonomie ». Le prendre soin s’articule autour de trois grands axes :

  • « Des soins et du soin» qui rassemblent un ensemble d’actes et une intention soignante.
  • « Les valeurs» que le soignant mobilise : la disponibilité, la créativité, la générosité et la bienveillance.
  • « Les qualités professionnelles » qui se définissent entre autres par la sensibilité et l’humilité.

Le prendre soin d’un groupe de quatre personnes sera possible grâce à un raisonnement clinique pertinent, une organisation efficace, une personnalisation des soins. L’organisation s’optimise par la connaissance des fonctions, des rôles et missions de chaque professionnel pour planifier les soins. Afin de personnaliser au mieux ces derniers, nous évaluons les capacités de la personne et ses souhaits. Selon Thérèse PSIUK, « le raisonnement clinique selon le modèle clinique trifocal est défini comme une démarche systématique qui intègre et met en lien, à partir d’un examen physique et d’une écoute active les signes et symptômes recueillis, permet l’élaboration d’hypothèses de problème de santé réel ou potentiel. ». En se référant au modèle clinique trifocal, le raisonnement clinique permettra d’identifier les problèmes de santé de la personne, de fixer des objectifs et des interventions adaptées à la situation de la personne.

Prendre soin de quatre personnes nécessite une planification prévisionnelle des soins performante. C’est un outil d’organisation horaire des soins pour un groupe de personnes.

Elle nécessite pour nous étudiants, de développer nos capacités de collaboration, voire d’expérimenter la délégation.

Grâce à Thérèse PSIUK, notre vision du prendre soin a pu évoluer vers une réflexion de futur soignant et à contribuer à la construction de notre identité professionnelle.

Analyse pédagogique par Thérèse PSIUK : 

Afin d’amener les étudiants 3ème année à réfléchir sur l’identité et le développement de la posture professionnelle, nous leur avons présenté les capacités à mettre en œuvre lors de l’accompagnement des autres étudiants en stage : la pensée positive, le respect des paliers de compétence, le réflexe de questionnement illustré dans le raisonnement clinique, la création du lien de confiance, l’expression de l’intelligence émotionnelle, être acteur d’une intelligence collective, la valorisation de l’expérience patient.

Les étudiants ont alors fait preuve d’une autonomie comportementale pour acquérir du savoir sur les notions d’identité et posture professionnelle ; les formateurs ont pu observer une réelle motivation pour chaque étudiant en 3ème année de formation et une capacité collective pour analyser leur progression en fin d’étude.

Développement de l’identité et de la posture professionnelle pendant la formation

Notre groupe a travaillé sur le développement de l’identité et de la posture professionnelle pendant la formation.

Nous commençons par définir la posture professionnelle qui selon l’HAS est « une manière d’être, d’agir et de dire, soucieuse de l’autre, réactive à ses besoins et à ses demandes, respectueuse de ses choix et de ses refus ».

Cette notion regroupe les savoirs professionnels (connaissances, concepts, valeurs, expériences…), les pratiques (attitudes, capacités…). Nous pouvons la définir comme l’association, la combinaison de plusieurs valeurs, associant savoir, savoir-être et savoir-faire. Notons que le soignant est dans un processus d’évolution constante qui lui permet de se construire et d’affiner sa relation avec la personne soignée.

Dans notre formation nous sommes amenés à développer des compétences en stage et en formation théorique à l’IFSI dont l’objectif principal vise à intégrer des savoirs que nous mobiliserons en situation professionnelle. Devenir un infirmier autonome, responsable et réflexif, c’est ce vers quoi nous tendons avec les questions sous-jacentes : que faire pour bien faire, mieux faire ou faire moins mal ?

De plus, quand on parle de posture professionnelle nous parlons aussi d’identité infirmière. Derrière cela, il y a une histoire, une construction identitaire qui a pris du temps. Nous pouvons ainsi définir l’identité. Ce terme vient du latin « identitas » issu d’« idem » signifiant « le même » et renvoie à ce qui fait une chose ». La construction de l’identité professionnelle permet au futur infirmier de porter une vision personnelle « idéalisée » de la profession, influencée par sa culture et de confronter sa propre conception aux exigences de la profession.

Durant ces trois années, chacun d’entre nous construit sa propre identité au cours des différents stages grâce aux situations apprenantes et aux rencontres avec divers professionnels. Nous nous sommes identifiés aux infirmiers. A leur côté, nous avons construit progressivement notre identité professionnelle. Ces expériences nous ont permis de faire évoluer notre posture professionnelle et de déterminer les valeurs qui nous sont propres afin de les réinvestir de l’exercice de notre future profession.

Pour conclure, qu’est-ce qu’être un infirmier en 2023 ? C’est avant tout une présence, un cœur au plus proche de l’intimité du patient, une prise en soin d’une personne de façon holistique.

Être infirmier en 2023 : c’est développer le leadership, l’autonomie et la posture dans une réflexion éthique et un contexte d’interprofessionnalité.

En conclusion de cette journée, Thérèse Psiuk nous a donné des conseils pour devenir des professionnels de santé compétents et reconnus par leurs pairs, leurs collaborateurs, les patients et les proches aidants.

Où en sommes-nous aujourd’hui, à la veille de notre stage du semestre 6 et de notre diplomation ?

  • Être animé par la pensée positive 

Une entraide s’est créée au sein de la promotion. Nous organisons des aides à la révision, des moments de convivialité et plus encore. Ils renforcent notre cohésion et nous permettent de rester motivés, de « garder le cap ». Chaque échec nous a permis de rebondir et de devenir une meilleure vision de nous-même. Nous avons réalisé une charte qui a pour finalité : « tous unis vers la réussite ». Ainsi, lorsque nous serons des professionnels diplômés, nous garderons cet esprit porté sur l’optimisme, la solidarité et l’analyse constructive de nos difficultés. Comme Thérèse Psiuk nous l’a conseillé : « la pensée positive doit vous animer tout le long de votre carrière professionnelle ».

  • Développer des compétences 

Nous avons pu développer nos compétences à travers nos apprentissages théoriques et pratiques durant les trois années de formation. Lors des stages, nous avons régulièrement eu des conseils pour améliorer notre pratique professionnelle et gagner en autonomie. Pour nous, il est important de garder à l’esprit qu’une infirmière est en constante évolution durant sa vie professionnelle.

  • Être dans un réflexe de questionnement continu et intégrer le raisonnement clinique qui part du patient

En tant qu’étudiant, notre questionnement est essentiel et permanent. Ce questionnement se formalise entre autres par des analyses de pratiques réalisées lors de chaque stage et le travail de fin d’études. La posture réflexive nous permet de construire notre savoir professionnel et nous aide à faire des liens lors de situations cliniques rencontrées. Le questionnement restera omniprésent lors de notre pratique en tant que professionnel. 

  • Créer le lien de confiance avec chaque patient et chaque proche aidant

Pour nous le lien de confiance est l’aboutissement de la relation soignant-soigné. En effet, comme nous l’a dit Thérèse Psiuk : « le patient est à même d’exprimer son ressenti et ses émotions ». La confiance est nécessaire afin qu’il puisse nous en faire part sans appréhension. Ce lien de confiance va favoriser l’adhésion aux soins car le patient va devenir notre partenaire de soins.

Depuis notre première rencontre, nous avons appris à prendre soin de la personne avec sa famille. L’accompagnement des proches du patient se fait afin de les inclure dans le projet de soin. Nous avons constaté l’importance de la présence des proches aidants pour améliorer le bien-être du patient. Intégrer la famille et établir une relation de confiance favorisent l’adhésion ou l’alliance thérapeutique avec le patient.

  • Développer son intelligence émotionnelle

Selon Pauline Schuster, intervenante dans notre IFSI, « c’est une forme d’intelligence qui suppose la capacité à contrôler ses sentiments et émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et à utiliser cette information pour orienter ses pensées ». De nos expériences, nous avons pu constater que l’intelligence émotionnelle est subjective, évolutive. Elle dépend des personnes et repose sur la conscience de soi, l’autogestion, l’empathie, les compétences relationnelles. Il est important de connaitre ses émotions, de les accueillir pour mieux les comprendre.

  • Être acteur de l’intelligence collective

Selon Rogalski, « elle désigne les capacités cognitives d’une communauté résultant des interactions multiples entre des membres ». Selon nous, elle permet d’encourager et de favoriser le travail d’équipe. Elle permet également d’acquérir des compétences infirmières. L’intelligence collective est une notion essentielle dans notre future profession. L’infirmière travaille principalement au sein d’une équipe pluriprofessionnelle. Elle permet de nourrir la réflexion en équipe voire avec des patients experts afin de s’inscrire dans l’amélioration de la qualité des soins. Cette intelligence collective permet la progression de chacun, d’acquérir des compétences. 

Nous retenons par Thérèse Psiuk « elle est ancrée dans l’interdisciplinarité des acteurs et c’est là que se joue une intelligence collective aussi bien humaine que technique ». Les patients experts vont participer à l’intelligence collective car ce sont des personnes ressources permettant une prise en soins globale et adaptée.

  • Participer à une démarche d’accompagnement

Aujourd’hui notre vision de l’accompagnement d’un stagiaire s’est déplacée. L’accompagnement d’un étudiant infirmier doit-être personnalisé en fonction de ses besoins, de son niveau de formation, de ses compétences et de ses objectifs. Voici une démarche générale : dans un premier temps il est important d’identifier les compétences de l’étudiant et les domaines dans lesquels il a besoin de soutien. Cette étape est suscitée par l’encadrant. Il est important d’établir des objectifs clairs et mesurables pour l’étudiant. Ces objectifs peuvent porter sur l’amélioration de compétences techniques, de connaissances théoriques. Il est important de suivre les progrès de l’étudiant et de le soutenir dans ses apprentissages. 

  • Identifier la démarche d’amélioration continue de la qualité des soins

Durant notre formation, nous avons approfondi les règles de bonnes pratiques, les règles hospitalières, le raisonnement clinique infirmier. Nous avons été sensibilisés à la prise en compte du patient de manière holistique. Ces éléments contribuent à tendre vers la qualité des soins. Cette dernière s’appuie sur la mobilisation de compétences professionnelles et sur les ressources de l’équipe pluriprofessionnelles. Nous avons à cœur de maintenir une vigilance, une volonté de contribuer à une démarche continue de la qualité de soins en associant les expériences vécues avec les patients. Ces derniers sont au centre du système de santé.

En conclusion :

En tant que formatrices référentes de la promotion Thérèse Psiuk nous avons accompagné le parcours de professionnalisation des étudiants tout au long de leur formation. Ils ont su déplacer leurs représentations sur le métier d’infirmier, d’infirmière, chacun à son rythme.

Dès leur entrée en formation, ils ont été animés par des valeurs inscrites dans la charte de la promotion :

Le questionnement qui les anime est orienté vers les notions de connaissances, compétences, savoir-être, organisation, adaptation, réflexivité, posture professionnelle.

Aujourd’hui, la vie professionnelle est devant eux. Nous les sentons prêts à savoir y faire en situation d’exercice infirmier.

 

Les étudiants remercient leur marraine toujours disponible, à l’écoute et soutenante. Ses conseils et son expérience ont contribué à leur cheminement vers la professionnalisation.

Publications de Thérèse PSIUK :

PUBLICATIONS : Auteure et co auteure 
OUVRAGES :
  • Patient partenaire, patient expert, de l’accompagnement à l’autonomie ; ed. Vuibert, 2019
  • L’apprentissage du raisonnement clinique, juin 2012 éditions de Boeck (réédité en 2019)
  • Raisonnement et chemin clinique, guide pour l’apprentissage, éditions Vuibert, Janvier 2017
  • Le parcours professionnalisant d’une étudiante infirmière ou le voyage extraordinaire de Lola, éditions De Boeck –Estem dans la collection Sciences et Santé Mars 2015
  • La démarche clinique de l’infirmière, , 2ème édition juin 2010
  • Les plans de soins types, les chemins cliniques et les guides de séjour, , éditions Elsevier Masson juin 2010 en collaboration avec le Centre Oscar Lambret à Lille
  • Plans de soins types et Chemins cliniques, Éditions Elsevier Masson, octobre 2011
  • Plans de soins types et Chemins cliniques, Éditions Elsevier Masson, mai 2013
 
ARTICLES :
  • Le modèle clinique trifocal, fondement du raisonnement clinique partagé…infirmier.com 2021
  • Comment le « patient partenaire » hospitalisé au bloc opératoire est-il accompagné par l’équipe soignante ? Thérèse PSIUK apporte son témoigne… managersanté.com 2021
  • Peut-on renforcer la place du « patient partenaire » au cœur de la démarche clinique et de la démarche d’adaptation du soin ? Thérèse PSIUK nous propose son analyse : managersanté.com 2021
  • Le chemin clinique, un outil managérial, Revue Soins Cadres, Septembre 2018
  • Production ANAP : Comment implémenter le chemin clinique dans le DPI  2017
  • 2 articles publiés dans la revue Soins Aides – soignants Octobre 2016 
    • Le raisonnement clinique et la personnalisation des soins
    • Le dossier informatique (au service du raisonnement clinique)
  • Production ANAP : l’informatisation du chemin clinique, un gage de performance pour les établissements de santé, 2016
  • L’évolution du management vers une gouvernance clinique –techniques hospitalières en juillet –2015
  • Le processus de construction du soin personnalisé : traité EMC Savoirs infirmiers Elsevier Masson
    • Construction des connaissances à partir de la gestion des PST et des CC : traité EMC Savoirs infirmiers Elsevier Masson
  • 10 fiches publiées dans la revue SOINS en 2013 Plans de soins types et chemins cliniques
  1. Le parcours de soins du patient, du processus global au chemin clinique
  2. La méthodologie de construction du plan de soins type
  3. La méthodologie de construction du chemin clinique
  4. La gestion quotidienne du plan de soin type et du chemin clinique
  5. De la gestion prévisionnelle des soins à la démarche d’amélioration continue de la qualité
  6. Le chemin clinique et le dossier patient informatisé
  7. La mobilisation des connaissances à partir du plan de soins type et du chemin clinique
  8. La stratégie d’apprentissage à partir du chemin clinique
  9. Le lien entre plan de soins type, chemin clinique et recherche
  10. Le guide de séjour, un outil d’information du patient
  • 10 fiches publiées dans la revue SOINS en 2010 sur le raisonnement clinique
    • Le concept du raisonnement clinique
    • La méthodologie du raisonnement clinique
    • La démarche clinique et la démarche de soins
    • La relation d’aide dans la démarche clinique
    • L’écriture du raisonnement clinique (1ère partie)
    • L’écriture du raisonnement clinique (2ème partie)
    • Les problèmes traités en collaboration et les diagnostics infirmiers
    • Les plans de soins types et les chemins cliniques
    • L’apprentissage du raisonnement clinique
    • Du raisonnement clinique individuel au raisonnement clinique collectif
  • La résilience, un atout pour la qualité des soins, Recherche en soins infirmiers N° 82 Septembre 2005
  • L’espace intime du soin, RSI N° 93 Juin 2008
  • La démarche clinique : Évolution de la singularité vers l’interdisciplinarité, RSI N° 84 Mars 2006
  • Raisonnement clinique et personnalisation des soins, traité EMC (Elsevier Masson SAS Paris) Savoirs et Soins infirmiers, 60-285-U-10, 2009
  • Résilience, un concept de qualité pour les soins, traité EMC (Elsevier Masson SAS Paris) Savoirs et Soins infirmiers, 60-495-M-10, 2009
  • Transfert du savoir dans la pratique des soins, traité EMC (Elsevier)
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Une réponse

  1. MERCI pour la publication de cet article principalement écrit par un groupe d’étudiants de l’IFSI d’ ERSTEIN ; c’est une très belle récompense pour une marraine qui, en co animation avec deux formatrices, a rencontré plusieurs fois ces étudiants soit en visio conférence soit à l’IFSI.

    lors de l’accompagnement d’un groupe d’étudiants nous essayons de leur transmettre nos valeurs professionnelles ; quelle richesse de pouvoir lire leurs acquisitions et leur transfert de compétences dans la pratique professionnelle .

    Ce parrainage a été une aventure exceptionnelle pour les étudiants mais également pour leur marraine!

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