Une question, une idée, un projet

Suivez notre newsletter
hebdomadaire

Design sans titre (1)

Pourquoi est-il important de savoir cultiver son propre optimisme ? Le Docteur Philippe RODET nous explique dans son ouvrage.

Nouvel article publié par le Docteur Philippe RODET, ex-urgentiste,  conférencier et actuellement dirigeant chez Bien-être et Entreprise.

Auteur de plusieurs ouvrages, notamment « La bienveillance, un remède à la crise« , (2019) et « Vous pouvez vivre mieux » (2020) publié aux éditions Eyrolles faisant l’objet du présent article publié, avec l’aimable autorisation du rédacteur, pour ManagerSante.com.

Globalement, en France, le pessimisme est ambiant. À titre d’exemple, l’enquête[1]  réalisée début 2018 par B VA-Gallup International sur l’optimisme économique montre que la France se place au 46e rang sur 55 pays interviewés. Or, l’optimisme est d’autant plus essentiel que les difficultés sont importantes.

Mais avant de voir les atouts de l’optimisme dans les situations de grande incertitude et de complexité grandissante, essayons de le définir.

Définir l'optimisme

J’aime beaucoup cette belle phrase de Jacqueline de Romilly : « Quand tout est difficile, F optimisme est le moyen de transformer les soucis en défis, les soucis nous accablent alors que les défis, nous avons envie de les relever. ». Il est tentant de rapprocher le propos de Jacqueline de Romilly des travaux de Guy Cheron, professeur de neurophysiologie à l’Université libre de Bruxelles, et de définir l’optimisme comme le moyen de transformer les soucis en « défis possibles ».

Pourquoi ne sommes nous pas plus optimistes ?

Comme le faisait, à merveille, remarquer Alain, « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté. »

Être optimiste, être capable de transformer les soucis en « défis possibles », est donc avant tout un acte volontaire, un effort que l’on doit accomplir ! Or, dans les périodes difficiles, c’est un effort qui peut paraître insurmontable.

Et cependant l'optimisme est source de santé

L’optimisme aide à se protéger des effets du stress.

Dans leur ouvrage, Le Stress permanent (2003), les Drs Pierre Lôo, Henri Lôo et Alexandre Galinowski sont très explicites : « La personnalité optimiste intervient comme appoint correcteur du stress. »

On sait par ailleurs que l’optimisme favorise le bien-être psychologique et physique.

Les personnes qui sont plus optimistes envers la vie sont moins prédisposées à la dépression. Une étude1 publiée dans BioMed Central Journal montre que le risque de développer un cancer du sein diminue chez les personnes optimistes. Le D1 Ronit Peled, de l’université Ben Gourion, qui a dirigé cette étude, indique que les femmes qui avaient été exposées à un certain nombre d’événements traumatisants doivent être considérées comme « à risque » par rapport au cancer du sein. En revanche, selon ce chercheur, « un sentiment général d’optimisme et de Bonheur peut jouer un rôle de protection ».

L’optimisme aide à guérir

Des chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont publié dans la revue Stress and Health un article[2]  intitulé « Blessure physique, stress et santé : le rôle protecteur de l’optimisme dispositionnel ». Les chercheurs ont souhaité comprendre jusqu’où l’optimisme pouvait être vecteur de santé. Leurs découvertes sont très intéressantes : le regard que l’on porte sur la vie jouerait un rôle important sur notre système immunitaire, et cela plus particulièrement lorsque l’on est blessé.

Une personne optimiste va s’attendre au meilleur. Elle a confiance dans la tournure positive des événements. Elle voit les challenges de la vie comme réalisables, aborde l’adversité de façon active et positive. Ainsi, elle persévère davantage et augmente ses chances de succès dans l’atteinte de ses objectifs. À l’inverse, une personne pessimiste va plutôt imaginer le pire et ainsi se démotiver de tenter d’agir.

Les chercheurs ont réuni 78 participants. La moitié était en parfaite santé, l’autre moitié avait été victime d’une blessure entre six et cent mois avant l’étude : accident de la route, blessure liée à une activité sportive, accident domestique… Pour éviter tout lien avec des troubles cognitifs générés par l’accident, les chercheurs ont exclu de l’étude les personnes blessées à la tête.

Les participants devaient ensuite reporter les différentes maladies courantes dont ils avaient été victimes sur les six derniers mois : fièvre, grippe, maux de gorge, rhume, asthme, allergies, conjonctivite, éruption cutanée ou une infection des oreilles.

Puis, les participants répondaient à différentes questions telles que: «Durant les trente derniers jours, avec quelle fréquence avez-vous été contrarié suite à des événements survenus de façon imprévisible’? », ou encore : «Durant les trente derniers jours, avec quelle fréquence vous êtes-vous dit que ce qui vous arrivait était ce que vous attendiez ? » Par ces différentes questions, les chercheurs ont pu évaluer le niveau de stress moyen ressenti des participants. En parallèle, l’équipe de recherche a prélevé des échantillons de salive de chaque participant pour évaluer leur niveau de stress en fonction du taux de cortisol relevé.

Pour évaluer leur niveau d’optimisme, ils devaient réagir à des affirmations du type : « Lorsque les choses sont incertaines, j’ai tendance à m’attendre au meilleur » ou encore: « Je suis optimiste quant à mon futur. ».

Grâce à ce processus, les chercheurs ont pu dresser un profil type des personnes blessées, afin de le comparer avec les personnes non blessées.

Les chercheurs ont constaté que l’optimisme est plus élevé chez les sujets sains (non blessés) que chez les participants blessés. Ce résultat était prévisible. En revanche, ces chercheurs ont constaté que l’optimisme joue un rôle protecteur par rapport aux conséquences négatives du stress chez les personnes blessées, tout en améliorant leur qualité de vie liée à la santé (health-related quality of life). Ainsi, une personne blessée mais optimiste est moins stressée que son homologue pessimiste ! Cette relation n’est pas apparue chez les participants non blessés, à l’inverse, chez ces sujets un niveau d’optimisme élevé réduisait les effets négatifs du stress sur la qualité de vie liée à la santé. Les sujets non blessés qui se déclaraient très stressés témoignaient donc d’une meilleure qualité de vie liée à la santé s’ils étaient optimistes que s’ils ne l’étaient pas.

Les chercheurs citent une recherche[3]  menée en 2016 par l’équipe d’Awenuti selon laquelle l’optimisme pourrait agir directement sur le système neuroendocrinien et le système immunitaire, ou indirectement en favorisant les comportements de protection de soi, en adaptant ses stratégies pour faire face aux difficultés ou en améliorant notre état d’esprit.

Les auteurs de l’étude suggèrent que chez les personnes blessées, l’optimisme agirait directement sur le niveau de stress ressenti et réduirait en conséquence la détérioration de la qualité de vie liée à la santé.

Optimistes et pessimistes, des modes de pensée différents

L’optimisme et le pessimisme reposent sur des modes de pensée différents, étroitement liés à l’estime de soi. Il n’est donc pas surprenant de voir le sentiment d’efficacité personnelle renforcer à la fois l’optimisme et l’estime de soi.

Les optimistes verront les événements positifs comme étant le fruit de leurs actions. Si ce qui se passe de bien est en rapport avec leurs actions, il est logique que leur estime de soi soit elle-même plus élevée.

En ce qui concerne les événements négatifs, les optimistes auront tendance à considérer qu’ils ne sont pas liés à eux, qu’ils sont indépendants de leurs actions, comme n’étant pas de leur faute (cause externe). Ils les voient comme étant isolés et n’ayant rien à voir avec d’autres domaines de leur vie. Leur confiance en soi n’est pas affectée.

Les pessimistes auront le raisonnement inverse. Les évènements négatifs seront le fruit de leurs actions alors que les événements positifs seront liés au hasard. On comprend aisément pourquoi leur estime de soi est plutôt basse.

Comment renforcer son optimisme ?

Martin Seligman a montré l’influence des événements négatifs du passé sur le mode de pensée. Ainsi, des personnes au passé très difficile seront plus pessimistes. Mais les travaux de Martin Seligman montrent aussi que ces personnes au passé douloureux peuvent apprendre à interpréter différemment les événements vécus et devenir plus optimistes.

Devenir plus optimiste est possible et plusieurs petits moyens peuvent y aider.

Analyser les causes de nos succès et de nos échecs

Quand un événement positif se produit, il est utile de prendre le temps d’en analyser les causes et de mesurer la part de son action personnelle dans la réussite globale. Petit à petit, on remarquera que des éléments qui nous sont propres interviennent régulièrement, ce sont nos points forts. Il est important de les repérer et d’en vérifier systématiquement la présence.

Il est alors intéressant de voir comment ces points forts (mode de pensée, sensibilité, capacité de travail, d’analyse, de synthèse, de créativité…) ont pu marquer d’autres actions de notre vie et entraîner, là aussi, des issues favorables.

Il est tout aussi intéressant de réfléchir aux possibilités offertes par la mobilisation de ces points forts dans l’avenir dans différents champs de notre vie.

Quand un événement négatif se produit, il est utile de penser aux éléments qui ont pu y contribuer et sur lesquels il sera possible d’agir : manque de préparation, de travail, domaine qui ne passionne pas, problème passager de santé… Si des événements extérieurs y ont contribué, il faut les repérer et analyser l’importance de leur influence dans l’échec.

Il est tout aussi nécessaire de juger les progrès dans le temps et pas sur un événement précis. Pratiquement aucune réussite n’est linéaire ; dans la grande majorité des cas, c’est une succession de succès et de difficultés, l’essen¬tiel étant de constater que les succès sont plus nombreux que les difficultés et qu’avec le temps, une progression globale s’opère.

 

Au départ, cette gymnastique intellectuelle peut apparaître fastidieuse, avec l’habitude, elle devient plus facile.

Cultiver le sentiment d'efficacité personnelle

L’influence du sentiment d’efficacité personnelle sur l’optimisme et l’estime de soi est admise. Le fait que ce sentiment génère à la fois de l’optimisme et de l’estime de soi montre bien le lien qui existe entre les deux. Or, parmi les exercices à faire pour renforcer le sentiment d’efficacité personnelle, il y a le carnet des petits succès.

Notes :

ManagerSante.com

ManagerSante.com® est une plateforme média interdisciplinaire de référence et de mise en relation entre experts interdisciplinaires et managers dans le domaine de la santé, de dimension nationale et internationale, qui publie des centaines d'articles en open source rédigés par des experts connus et reconnus, pour les dirigeants, Médecins, managers et acteurs de l'écosystème santé sur les réseaux professionnels.

Partager l'Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Suivez notre newsletter
hebdomadaire

Une question,
une idée, un projet…

Copyright © 2023 ManagerSante.com – Tous droits réservés.