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Le nouveau manager sera-t-il « neuro-manager » ? Isabelle ROUHAN nous en parle dans son livre sur « Les métiers du futur ».

Nouvel article rédigé par Isabelle ROUHAN, Fondatrice de Colibri Talent | Cabinet de recrutement de dirigeants | Business Angel | Board member | Entrepreneure, autrice, conférencière, chroniqueuse, podcasteuse | Future of work.

Elle est auteure de plusieurs ouvrages dont « Les métiers du futur » (2019), aux éditions FIRST et « Emploi 4.0 : Quels métiers pour réussir la transformation technologique ? » (2021) aux éditions ATLANDE.

En accord avec l’auteure que nous remercions chaleureusement, nous publions sur ManagerSante.com un extrait de cet ouvrage sur « Les métiers du futur« .

L’un des enjeux pour réussir la transformation des entreprises est de savoir faire travailler des personnes ensemble. C’est par définition le rôle du manager. Mais le management devient plus transversal et matri-ciel, parfois sans lien hiérarchique entre le pilote de l’équipe et ceux qu’il encadre.

Cet article, issu de mon ouvrage, vise à mieux comprendre deux formes de l’évolution du management en entreprise : d’une part, l’impact des neurosciences sur la direction d’équipes avec l’apparition des neuro-managers, et d’autre part, le développement de méthodes agiles pour animer les équipes autour d’un projet. Car le management évolue vers une forme d’intelligence collective que le manager doit insuffler à l’équipe qu’il pilote.

Les neurosciences sont une révolution pour l’intelligence humaine.

Pour affronter un monde dont l’évolution et l’avenir soulèvent de nombreuses interrogations, nous devons revenir à l’essentiel. Comment fonctionne-t-on ? Comment apprend-t-on ? Comment aime-t-on ? Comment coopère-t-on ? Comment décide-t-on ? Comment innove-t-on ? Ces notions fondamentales sont dirigées par notre cerveau. Le monde actuel est très complexe, et cela nous oblige à aller chercher et développer des ressources auparavant mises de côté. Notamment l’intelligence émotionnelle, relationnelle, collective ou encore situationnelle – des formes d’intelligence aussi importantes que l’intelligence cognitive.

Le plus intéressant est que les neurosciences sont directement applicables. Elles nous apprennent en effet que le cerveau est plastique, qu’il se transforme en permanence. Chacun a la capacité, en partie, de reprendre la main sur ses pensées, ses décisions et in fine ses comportements, sous réserve de savoir se mettre dans une posture d’apprenant. Le préalable indispensable est ainsi de faire l’effort de mieux se connaître sur le plan cérébral en construisant son propre retour d’expérience. Sans compréhension fine de soi en effet, pas d’action efficace possible, notamment sur la gestion de notre stress.

Pour illustrer l’impact des neurosciences dans l’entreprise, j’ai rencontré Erwan Devèze, auteur conférencier et consultant en neuro-management. Sa trajectoire est très atypique. Erwan a commencé son parcours professionnel le 6 septembre 1995 en mission en Afghanistan pour le Comité international de la Croix-Rouge. Son travail était alors de négocier avec les autorités politiques et pénitentiaires pour garantir le respect des droits fondamentaux des prisonniers. Il en parle avec émotion : « Cela a été une expérience inoubliable, qui m’a appris beaucoup sur la vie, dans des la Corne de l’Afrique. Pour améliorer la condition des détenus concrètement, il me fallait aller impérativement chercher la perspective de mes interlocuteurs, quoi qu’ils aient pu faire. Car si je m’étais arrêté à de simples principes moraux, je ne serais plus rentré dans une seule prison ! Et je serais donc passé à côté de ma mission et n’aurais rendu service à personne. »[1]

Il est devenu expert en neurosciences sans être médecin, par la force des choses et avec beaucoup d’obstination, à la suite d’un accident cérébral opératoire. « Je me suis trouvé dans l’obligation de comprendre la lésion au cerveau dont je souffrais pour m’en sortir. Cela a engendré chez moi une véritable fascination pour le cerveau, et une soif d’en apprendre toujours plus à ce sujet. Ce traumatisme initial a fait naître un amour inconditionnel pour les chercheurs en neurosciences ! Je me considère comme très chanceux, car après avoir appartenu au monde de l’humanitaire, de l’art et de la politique, j’ai découvert celui des neurosciences. Les chercheurs sont impressionnants, associant une profonde humilité à une intelligence cognitive époustouflante. »

Erwan a la conviction absolue que les neurosciences vont très massivement irriguer nos vies dans les années à venir, compte tenu des avancées stupéfiantes de la recherche fondamentale. « Nous apprendrons de façon beaucoup plus fine à gérer nos émotions, nos relations, notre capacité d’adaptation… et ce dès la crèche ! Les neurosciences seront partout, et nous allons enfin nous occuper de notre cerveau comme il le mérite, avec un double objectif fondamental : être plus épanoui et plus accompli dans notre vie de tous les jours. Cette évolution se traduira naturellement dans la manière de manager et d’être managé. Nous allons vers un management plus individualisé et personnalisé, qui intégrera davantage les subtilités du fonctionnement cérébral de chacun ».

En conclusion :

Le défi est aussi de confronter l’éclairage nouveau venant des neurosciences aux: apports des autres disciplines : la psychologie, la médecine, mais aussi les arts, la politique, la philosophie, le leadership…. C’est du partage des idées, des sensibilités et des expériences que naîtront les avancées applicables dans le domaine du neuro-management, en n’oubliant pas le principal : s’amuser ! Le premier carburant du cerveau est le plaisir de faire les choses.

FICHE MÉTIER : NEURO-MANAGER

Les missions principales

Le neuro-management est une évolution du métier de manager, et donc de la manière d’encadrer une équipe de collaborateurs au sein d’une organisation. Le neuro-manager s’appuie sur les neurosciences pour adapter son style de management à chaque collaborateur, avec pour finalité de guider plus efficacement l’ensemble de l’équipe. Il mobilise ses ressources cérébrales disponibles et celles de son équipe, pour faire évoluer les pensées, les émotions, les comportements, afin de servir le plan d’action de l’entreprise à court et long termes.

Les apports du rôle

Tout l’enjeu est de savoir mieux utiliser les particularités du cerveau humain pour faire avancer efficacement une organisation ou une équipe. Comme celles-ci, notre cerveau est un système dynamique en perpétuelle reconfiguration : c’est ce qu’on appelle la plasticité neuronale. Le cerveau a aussi une tendance naturelle à fonctionner automatiquement, ce qui lui permet de préserver ses ressources.

« Hors exécution de tâches précises, le cerveau zappe et passe sur ce que les chercheurs décrivent comme une sorte de pilotage automatique. Car les différents réseaux du cerveau se font en quelque sorte concurrence, et si une vingtaine de ces réseaux sont mobilisés, il est probable alors que les autres soient inactifs. »[2] Ainsi, lorsque le cerveau passe sur son mode par défaut, il est peu probable qu’au même moment ait lieu l’exécution d’une tâche complexe. Le multi-tasking (consistant à faire plusieurs choses en même temps) est donc une pure illusion, les réseaux de neurones mobilisés par une action se concurrençant entre eux.

Les compétences requises

Une formation sur les applications pratiques des neurosciences est indispensable pour démarrer une pratique du neuro-management. Cela inclut la compréhension des rudiments de la biologie et de la chimie du cerveau, ainsi que de la psychologie, afin d’identifier le déclenchement et le rôle des émotions dans un processus de décision, quel que soit le domaine (finance, marketing, management…).

Manager une équipe est une tâche que l’on se voit confier à un moment de sa carrière sans forcément y avoir été suffisamment préparé. Le neuro-management peut être d’une grande utilité en ce sens qu’il permet au manager d’avoir une compréhension plus fine de son équipe. Il fera ains moins d’erreurs de base. Un bon manager est quelqu’un qui aime les gens et manifeste un bon niveau d’empathie cognitive et affective. Il doit être curieux, souple, à l’écoute, et réinterroger régulièrement ses propres certitudes. Son défi sera de savoir casser les postures établies, pour construire un nouvel équilibre dans lequel ses collaborateurs cesseront de subir pour devenir acteurs à part entière de leur propre destinée individuelle et collective.

Le neuro-management permettra enfin de mieux maîtriser les changements dans les organisations et les risques de blocage induits À titre d’exemple, l’un des problèmes récurrents est lié à la perception par les équipes d’une menace qui peut être d’ailleurs réelle ou fictionneile. La peur est un mécanisme réflexe classique du cerveau inscrit dans l’évolution, un « circuit » qui prend le pas sur tous les autres quand il se déclenche pour permettre la survie de l’individu. Pour Kodak, par exemple, l’échec du virage argentique numérique n’est pas une erreur de diagnostic : le plan de transformation avait bien été décidé par le conseil d’administration. Mais il n’a jamais été mis en application par les niveaux opérationnels. Ce sont les managers qui n’ont pas fait courroie de transmission et ont bloqué la transformation par peur du changement. La peur a paralysé, d’abord les individus, puis l’organisation tout entière, amenant à la faillite.

La valeur ajoutée

Le neuro-manager optimise des comportements relatifs au monde du travail : la motivation, la gestion du stress, la coopération entre membres d’une équipe, la prise de décision, la libération des potentiels, l’innovation…

D’après Le Monde, « pour Pierre-Marie Lledo, directeur de recherche à l’institut Pasteur et au CNRS, on peut devenir un manageur « neuro¬amical », capable d’organiser son travail et celui de son équipe pour réduire le stress, d’encourager et de féliciter, de stimuler la créativité et de se préoccuper de l’épanouissement professionnel de ses collaborateurs »[3].

Notes :

[1] Interview du 3 septembre 2018.

[2] « Cerveau : quand il choisit le pilotage automatique », annonce d’une étude réalisée par des scientifiques de l’institut Max Planck (Berlin) et présentée dans la revue Neuroimage en octobre 2013, site Santé Log, 2014.

[3] « Les manageurs découvrent les neurosciences », article de Gaelle Picut, Le Monde, 8 janvier 2018.

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