Cet article est issu de l’ouvrage intitulé « Performance bienveillante : osez le Car-isme« , coordonné par : Delphine CAPREZ , Senior Associate Consultant au Resilience Institute, formatrice et fondatrice de Health Management DC
et Philippe COURREGES, Head of Safety, Health and Environment.
Nous avons reçu l’aimable autorisation de la maison d’édition EMS Management & Société pour sa mise en ligne sur la plateforme interdisciplinaire de référence ManagerSante.com.
Les mots santé, bienveillance et performance vous semblent peut-être opposés, nous pensons au contraire qu’ils sont totalement interconnectés, d’autant plus dans le contexte sanitaire incertain que nous connaissons.
Comment assurer que la santé et le bien-être des collaborateurs, des soignants, des employés du monde public comme privé soient préservés alors même que la réalité nous montre que tout le monde souffre ?
Avant de répondre à cette question, jetons un œil, si vous le voulez bien, sur quelques titres des articles publiés dans le Blog ManagerSante.com au cours des six derniers mois :
- Comment contribuer à la santé professionnelle des professionnels de santé ? (Denis BISMUTH) ;
- Comment prendre en charge la souffrance des soignants ? (France CONSTANTIN) ;
- Quid du courage en situation de management et de leadership dans le monde de la santé ? (Stéphanie CARPENTIER) ;
- Comment traiter les situations de harcèlement moral au travail ? (Stéphanie CARPENTIER) ;
- Comment manager la performance des organisations de santé ? (Roland OLLIVIER) ;
- Comment éviter de faire un burn-out dans une relation difficile avec son responsable ? Dominique BERIOT).
Qu’ont en commun tous ces articles ? Ils apportent un éclairage sur les façons – souvent géniales, parfois maladroites voire toxiques – qu’ont les organisations de mettre l’accent, aujourd’hui encore plus, sur l’efficacité et la recherche de performance.
Ces mêmes organisations, qu’elles soient publiques ou privées et faisant ou pas partie de l’écosystème de la santé, se rendent de plus en plus compte qu’elles se doivent de prendre soin (« to care about ») : prendre soin du client, prendre soin du patient, prendre soin de l’environnement, prendre soin des actionnaires et/ou des décideurs…
Mais au sein d’une organisation, qui concrètement prend soin ? Ce sont les équipes (le front office, les soignants…) qui assument cette charge de prendre soin… Mais qui prend soin de ceux qui prennent soin ? Ce sont les managers, avec toute la beauté et la difficulté du rôle… Et pour finir qui prend soin des managers ? Une partie de la réponse est dans le parallèle avec le message de sécurité délivré lors des voyages en avion à propos du « masque à oxygène qui tombera automatiquement à votre portée en cas de dépressurisation de la cabine ».
Pour pouvoir faire son travail avec professionnalisme, avec passion, et assurer une performance durable, il faut certes prendre soin de ses équipes avec bienveillance, mais surtout, la clé est de commencer par soi. Pour pouvoir aider les autres – à mettre leurs masques à oxygène – il faut déjà avoir mis le sien. Aussi un manager ne peut prendre soin des autres et de son équipe qu’à partir du moment où il a commencé à prendre soin de lui.
Prendre soin des autres commence par soi, montrer l’exemple, se ‘traiter’ soi-même comme on traiterait nos patients, nos clients, nos collaborateurs. Commencer par vous mettre vous-même tout en haut de la liste de vos patients, clients, collaborateurs sera la 1ère étape. C’est un des éléments du néologisme que nous avons créé à partir de l’anglais Care : le care-isme.
On entend toujours et encore au sein de beaucoup d’organisations ce message un peu ‘tarte à la crème’ à savoir ô combien il est important de remettre l’humain au centre. Oui, quelle belle phrase mais qui – dans la réalité du terrain – sonne tellement faux. Comment remet-on l’humain au centre quand les ressources sont réduites, qu’il est difficile de recruter de bons éléments, que le temps s’est raccourci, que les objectifs sont inatteignables, que les talents s’en vont chaque jour (la fameuse “Grande Démission”), qu’on ne nous donne ni le temps ni les moyens de simplement faire son travail ‘comme avant’…
Quelques bonnes pratiques managériales ayant montré des résultats intéressants :
Nous n’avons pas la prétention de détenir la vérité ni la solution miracle sur un sujet aussi complexe que celui-ci. Néanmoins, nous avons pu tester, au cours de nos nombreuses années passées à travailler au sein de grandes et moins grandes multinationales en France, en Angleterre, en Suisse comme en Australie des pratiques qui semblent fonctionner.
Nous en partageons quelques-unes ici avec vous, sachant qu’il en existe bien plus dans notre livre :
- Appliquer l’équation du bien-être (Wellbeing Equation) suivante :
Santé et bien-être = Résilience x Leadership x Environment (ref. Wellbeing at Work, How to Design, Implement and Evaluate an Effective Strategy, Ian Hesketh & Cary Cooper, 2019). Cette équation doit sous-tendre toute initiative, programme ou stratégie santé si l’on veut son succès. Si un de ces éléments est proche de zéro, il n’y aura ni Retour sur Investissement, ni performance, ni santé de vos collaborateurs ou de votre organisation. Focalisez votre attention sur la résilience individuelle et collective, sur la qualité de votre management et surtout, sur la toxicité (ou le côté positif) de votre environnement de travail - Communiquer différemment. Comme nous l’a dit Einstein, « la folie, c’est de se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent ». Si vous voulez mettre le ‘care-isme’ au centre, changez votre manière de communiquer, changez de ton et surprenez, variez, alternez, innovez, faites rire, agissez et surtout, montrez l’exemple dans vos actes et plus que dans vos paroles.
- Eviter ces 5 pièges pour ne pas tomber dans le cliché du ‘mauvais’ leader :
- Vous oublier et ne pas mettre votre masque à oxygène en tout premier quand vous êtes en pleine tourmente
- Ne pas vous rendre disponible pour vos équipes,
- Ne pas reconnaitre ni ne montrer vos vulnérabilités
- Fuir les conflits
- Faire prevue ni de courage ni d’empathie ou de compassion
Conclusion :
Alors allons-y, déployons le Care-isme…care-isme dont vous aurez compris qu’au-delà du néologisme un peu marketing, il exprime une volonté de réinventer des façons de fonctionner, pour mieux répondre aux nouveaux enjeux et aux nouvelles attentes, tant des personnes, des communautés dans lesquelles nous vivons que de la société dans son ensemble.