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Et si les données de Santé Publique en France étaient sécurisées par la « Blockchain » ? Anca PETRE nous explique…

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N°2, Mars 2018


Article co-rédigé par notre experte Anca PETRE (Co-fondatrice de la société 23 Consulting) et Nassim CHELLALChief Executive Officer chez 23 Consultingun de nos partenaires de www.managersante.com. 

Anca PETRE  a eu l’occasion d’intervenir début Mars 2018 au Ministère de la Santé pour présenter un projet en lien avec cette technologie Blockchain et son usage en santé publique.

Relire son premier article sur la Blokchain

 

Qu’est-ce qu’une Blockchain dans un contexte de santé publique ?

  1. Blockchain ne veut pas forcément dire Bitcoin.

La médiatisation d’un phénomène nouveau peut être source de confusions limitant ainsi sa compréhension par le grand public.

La blockchain, que l’on peut décrire comme un registre public de transactions validées par un réseau de contributeurs, et qui connaît une médiatisation accrue ces derniers mois, n’échappe pas à cette tendance.

La blockchain est l’objet de toutes les attentions et son utilisation suscite à la fois fascination, excitation, controverse et méfiance.

Observer autant de sentiments radicalement opposés montre que cette technologie a un potentiel disruptif évident, mais que ce grand écart dans les jugements peut aussi s’expliquer par un relatif manque de compréhension, d’où la nécessité dans un premier temps d’apporter des clarifications importantes, et la première d’entre elle : non ! la blockchain ne veut pas forcément dire Bitcoin.

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Il est courant que les termes blockchain et Bitcoin (avec ou sans majuscule) se côtoient dans les discours et les écrits, semant ainsi le doute, alors qu’il est fondamental de les différencier.  En effet, Bitcoin (avec une majuscule) est un protocole utilisant la technologie blockchain, tout comme HTTP (HyperText Transfer Protocol) ou SMTP (Simple Mail Transfer Protocol) sont des protocoles utilisant la technologie internet et servant respectivement au transfert de ressources du Web et du courrier électronique. Le bitcoin (sans majuscule) n’étant quant à lui n’est que la cryptomonnaie issue du protocole du même nom.

Outre le protocole Bitcoin, il existe de nombreux autres protocoles (Ethereum, Ripple, etc.) permettant de construire une infinité de blockchains, dont le potentiel peut être utilisé par toutes les industries, puisque cette technologie fonctionne comme un registre répertoriant les transactions (échanges de données personnelles, transactions financières) qui se produisent entre deux parties.

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Mais c’est bel et bien ses implications dans le domaine de la santé qui vont aujourd’hui retenir notre attention.

  1. Le pouvoir du protocole de confiance

Alors qu’Internet permet le transfère de données entre deux points, l’attrait principal d’une architecture blockchain est d’assurer un haut degré de confiance entre tous les acteurs du système. Cet aspect est fondamental, car la confiance est l’élément indispensable de toute interaction et en particulier lorsqu’il s’agit du partage de données de santé. Les communautés médicales et scientifiques doivent ainsi s’assurer que la source des informations qu’elles reçoivent est digne de confiance. Cette fonctionnalité est fournie by design dans une blockchain.

Une blockchain fonctionne par consensus, ce qui signifie qu’une information ne peut y être ajoutée qu’après l’accord de plus de la majorité des membres du réseau. Ainsi, en théorie, si une source de données n’est pas digne de confiance, elle sera automatiquement rejetée par la communauté. Par conséquent, plus il y a d’individus qui contribuent au fonctionnement d’une blockchain, plus il y a de chances que l’information soit digne de confiance.

Dans un contexte de santé publique, la confiance dans la source et le devenir des données sont des éléments essentiels.

Les établissements de santé publique doivent s’assurer qu’ils reçoivent des données exactes et complètes. Les patients, quant à eux, doivent s’assurer que leurs informations sont utilisées avec leur consentement.

  1. Le design d’architectures interopérables

Pour être efficace, une technologie de registre distribué ne doit pas « effacer et remplacer » les architectures existantes. Elle doit les compléter et les améliorer. C’est une condition essentielle à l’adoption massive de cette technologie dans le secteur de la santé publique et dans toutes les industries. Ainsi, une blockchain devrait être considérée comme une couche supplémentaire qui permet à l’existant d’accroitre la cohésion et l’interopérabilité de tous les systèmes de données.

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Pourquoi utiliser les blockchains en Santé Publique ?

Une blockchain permet à un groupe d’acteurs indépendants de partager des ressources numériques et des informations sans passer par un tiers. Toutes les données échangées entre ces acteurs sont enregistrées sur un registre distribué. Il n’y a pas d’entité centrale contrôlant les transactions. Chaque nouvelle information ajoutée au registre est donc validée par consensus du réseau.

La technologie blockchain apporte 3 caractéristiques essentielles :

  • Privacité

Les règles de gouvernance d’une blockchain permettent de prédéfinir les droits d’accès aux données sensibles. À ce titre, seuls les acteurs autorisés peuvent voir les informations demandées. Cela assure non seulement la confidentialité des données, mais cela permet également aux acteurs du secteur de la santé publique de définir et de contrôler les autorisations d’accès.

  • Sécurité

Une blockchain est un registre distribué qui, par définition, ne peut pas comporter de point central de vulnérabilité. Le consentement de la majorité des nœuds est la condition indispensable à l’ajout d’une nouvelle transaction. Ainsi, le système peut difficilement être corrompu. De plus, la blockchain utilise des outils cryptographiques poussés et un système de clé publique/clé privée qui assure la sécurité de l’information. Par conséquent, bien que le registre soit public, les données sont cryptées et ne peuvent être lues par les participants au réseau.

  • Interopérabilité

L’un des principaux problèmes dans le domaine médical est le manque d’interopérabilité entre les systèmes existants.

En tant que tel, il est difficile de suivre les informations transmises entre plusieurs organisations ou entre plusieurs pays. Cet aspect est essentiel d’un point de vue de la santé publique, car il est nécessaire de pouvoir recueillir, partager et analyser des données à l’échelle nationale et internationale.

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Qui utilise la blockchain pour des problématiques de santé publique ?

  1. Les États-Unis

Afin d’assurer un niveau élevé de santé publique, les États-Unis doivent partager des informations critiques au-delà des frontières des États. Une épidémie violente ou la découverte d’un nouveau virus nécessite une action rapide et repose donc sur la capacité à partager des données cruciales en temps utile. La crise Ebola de 2014 a montré les lacunes du système lorsque plusieurs personnes infectées ont été autorisées à revenir aux États-Unis parce que le gouvernement n’a pas reçu les informations sur leur état de santé à temps.

Le Center for Disease Control and Prevention (CDC), qui fait partie du Département Américain de la santé, mise sur une solution basée sur la blockchain pour améliorer la collecte, l’analyse et le partage des données au niveau fédéral. Le CDC s’est associé avec IBM pour construire un réseau d’acteurs incluant des agences de santé et des hôpitaux. L’objectif est d’améliorer la collaboration grâce à des systèmes d’échange de données sécurisés, conformes aux réglementations en vigueur et transparents.

D’autre part, les politiques gouvernementales américaines définissent des règles strictes en matière d’accès à l’information. Toutes les organisations de santé ne peuvent pas envoyer et recevoir librement des données provenant des autres organisations. Définir les rôles et les droits de chaque acteur est un processus long et compliqué. Les smart contracts, basés sur une blockchain, semblent être une bonne solution étant donnée leur capacité à automatiser l’ensemble du processus de gestion des accès.

  1. L’Estonie

L’Estonie est peut-être le meilleur exemple d’adoption à grande échelle de la technologie blockchain dans le domaine de la santé. 1,5 million d’Estoniens bénéficient de dossiers médicaux entièrement numérisés, soutenus par un système d’information national. Des résultats biologiques, aux prescriptions ou rendez-vous médicaux, les Estoniens peuvent avoir accès à tout leur historique médical et le partager avec les professionnels de santé. Le système permet également à tout individu de connaitre l’identité des personnes qui ont accédé aux données.

Le système de santé estonien fonctionne sur une blockchain « privée » dont les acteurs sont définis par l’État.

Cette architecture répond à trois objectifs principaux: engendrer des preuves d’existence indépendantes et juridiquement solides, découvrir et signaler les changements non autorisés au registre et construire un système évolutif à grande l’échelle.

En Estonie, l’état possède les bases de données sécurisées qui stockent les informations médicales. Ces données sont accessibles à la communauté médicale et scientifique à moins que le patient concerné ne s’y oppose.

Par conséquent, l’information peut être utilisée pour des besoins de santé publique tels que le suivi d’une maladie, l’élaboration de modèles prédictifs ou l’adaptation de politiques publiques.

Comment utiliser la blockchain en santé publique ?

https://www.youtube.com/watch?v=0_IuVTD5Ia4

 

La technologie Blockchain est un outil précieux dans un secteur où la confiance est un élément clé. Néanmoins, ce n’est qu’un outil parmi tant d’autres. Par conséquent, il peut être utilisé en complément de plusieurs autres technologies pour construire un système efficace et interopérable à grande échelle.

L’idée clé pour construire une structure réussie dans un contexte de santé publique est de penser en terme d’écosystème.

Chaque partie prenante doit être considérée et intégrée dans l’architecture pour éviter de créer des silos d’informations.

De plus, la technologie blockchain est associée à un concept de récompense qui incite les individus à participer au réseau. Ces récompenses sont souvent matérialisées par des jetons qui peuvent être attribués à des individus qui montrent un comportement vertueux. Un tel comportement peut être le respect des règles établies ou un haut degré de participation. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de données sur la santé, on distingue ceux en ont besoin et ceux qui en sont propriétaires ou qui les produisent. À partir de cette observation, il devrait être possible de mettre en place un système de récompenses pour inciter les patients à partager leurs données avec ceux qui en ont besoin.

Les individus produisent constamment tous types de données et une partie de ces informations peut être pertinente pour les institutions de santé publique. Cependant, il est souvent difficile de recueillir ces données et de la partager avec le consentement du patient. Ce problème pourrait être résolu en créant un jeton attribué aux patients lorsqu’ils partagent leurs informations médicales.

Les organismes de santé publique pourraient créer les jetons et en gérer la distribution selon les normes codées dans les smart contrats. Ce jeton pourrait ensuite être utilisé par les patients pour payer certains services médicaux.

En outre, lorsqu’il s’agit de recueillir des informations pour la recherche en santé publique, les organisations manquent souvent de données provenant de pays en développement ou de minorités. En effet, soit ces populations n’utilisent pas souvent le système de santé pour des raisons financières soit il est difficile de les atteindre. Néanmoins, ils pourraient être encouragés à partager leurs données en échange de jetons qu’ils utiliseraient pour payer des médicaments ou des consultations médicales. Cela permettrait aux chercheurs de recueillir ces données et à des patients d’entrer dans le circuit médical.

Les gouvernements élaborent de nombreux cas d’usage de la technologie blockchain dans un contexte de santé publique. Le principal défi consiste à connecter tous les acteurs de l’écosystème afin d’avoir une plateforme d’échange de données fiable et cohérente.

Pour l’instant, les États-Unis et l’Estonie sont à l’avant-garde de l’adoption à grande échelle de solutions basées sur la technologie blockchain. Cependant, les défis sont mondiaux et ces solutions devraient bientôt être considérées par d’autres pays. Si tant est que la blockchain soit comprise à sa juste valeur.

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N’hésitez-pas à laisser vos commentaires…  Anca PETRE  vous répondra avec plaisir !


Nous remercions vivement  Anca PETRE , Etudiante en double cursus de pharmacie et de management, avec une spécialisation en santé digitale, Conférencière à l’international, auteure, Chief Operating Officer chez 23 Consulting, spécialiste auprès des organisations de l’industrie de la santé sur leur projets Blockchain ; de partager son expertise scientifique et professionnelle en proposant le partage de ses articles, pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com


Biographie de l’auteure : 

Anca PETRE  est étudiante en double cursus de pharmacie et de management, avec une spécialisation en santé digitale. Elle travaille actuellement sur une thèse analysant l’impact de la technologie Blockchain dans le secteur de la Santé.
En tant que COO (Chief Operating Officer) chez 23 Consulting, Anca forme et accompagne les organisations de l’industrie de la santé sur leur projets Blockchain. Hackathons, conférences internationales, publications, elle multiplie les moyens pour promouvoir et éduquer la communauté médicale au tsunami digital.  Elle parle couramment l’Anglais, l’Espagnol et le Roumain.

Pour aller plus loin :



 

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Chez 23 Consulting, Anca PETRE accompagne les entreprises de santé dans la mise en œuvre de solutions blockchain. C’est la seule entreprise entièrement dédiée à l’industrie de la santé et spécialisée auprès des organisations de l’industrie de la santé sur les projets Blockchain. Enfin, 23 Consulting vient d’être accrédité en 2018 comme 1er Organisme de Formation en France spécialisé sur la blockchain en santé (enregistrée sous le numéro 11922202492 auprès du préfet de la région Ile-de-France)


AGENDA 2018

3 événements à ne pas manquer,

les prochaines Conférences de notre experte Anca PETRE  sur la Blockchain en Santé en France  :


 

 

 

Anca PETRE, Blockhain Capture vidéo

Vidéo : « The old lady and the blockchain » by Anca Petre at 14th #DataBeersBCN

 

 

Docteur Anca PETRE

Anca PETRE est co-fondatrice et directrice des opérations de 23 Consulting, leader dans l’accompagnement des organisations du secteur de la santé sur leurs projets blockchain. Après un double cursus en pharmacie et management, Anca a entamé une thèse sur le potentiel de la technologie blockchain dans l’industrie pharmaceutique. A présent, elle forme et accompagne les acteurs de ce secteur,les organisations de l’industrie de la santé sur leur projets Blockchain, ainsi que des start-ups ou des hôpitaux, à l’échelle internationale. Conférencière et auteur passionnée par les nouvelles technologies et leur apport dans le système de santé, elle s’emploi à démocratiser leur usage et les rendre accessibles à toute la communauté médicale. Hackathons, conférences internationales, publications, elle multiplie les moyens pour promouvoir et éduquer la communauté médicale au tsunami digital.   Elle parle couramment l’Anglais, l’Espagnol et le Roumain.

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