Article de notre partenaire pour ManagerSante.com rédigé par Jean-Victor BABEANU & Laëtitia NAUD, experts parcours médico-social de l’Agence Nationale d’Appui à la Performance (ANAP).
[ManagerSante.com est partenaire média des initiatives de l’ANAP].
Le sport n’est pas seulement une activité de loisir, mais un véritable outil de prévention et de maintien de la santé, en particulier pour les populations vulnérables. Dans un contexte où la France a accueilli les Jeux Olympiques et se prépare à vivre les Jeux Paralympiques, l’importance du sport dans le bien-être collectif est plus que jamais mise en lumière. En effet, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la sédentarité constitue l’un des principaux facteurs de risque pour les maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, et certains cancers.
L’activité physique et sportive (APS) joue un rôle prépondérant dans la prévention de nombreuses maladies, le maintien de l’autonomie, et l’amélioration de la qualité de vie des résidents. Pour les personnes âgées, par exemple, pratiquer régulièrement une activité physique peut réduire de 30 % le risque de mortalité toutes causes confondues. Pour les personnes en situation de handicap, l’APS est également un vecteur d’inclusion sociale. Elle aide non seulement à améliorer la condition physique, mais aussi à renforcer l’estime de soi et à créer des opportunités de socialisation.
Les Établissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux (ESSMS) sont au cœur de cette problématique : ils accueillent des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, et d’autres publics fragilisés pour lesquels l’activité physique est un facteur clé de santé. Pourtant, les chiffres montrent une réalité inquiétante : en France, près d’un senior sur trois ne pratique aucune activité physique régulière, et ce chiffre atteint presque 50 % chez les personnes en situation de handicap.
Cela est notamment dû à certains obstacles qui endiguent le développement de la pratique sportive dans les ESSMS : par exemple le manque de personnel formé, les infrastructures adaptées limitées, ou parfois une méconnaissance des bénéfices du sport pour cette population spécifique… Qui nécessitent une mobilisation collective, tant au niveau des politiques publiques que des établissements eux-mêmes, pour faire du sport un élément central de la prise en charge.
C’est en ce sens que l’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) accompagne les établissements dans le déploiement de référents sport santé dans les établissements concernés, et promeut plus largement des projets éprouvés et pouvant être aisément déployés.
Des initiatives pour intégrer le sport santé dans les ESSMS
Face aux enjeux de santé publique liés à la sédentarité, plusieurs initiatives ont effectivement été mises en place pour promouvoir l’activité physique et sportive (APS) au sein des Établissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux (ESSMS). Ces mesures, portées par l’État et divers acteurs locaux, visent à faire du sport un levier essentiel pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées et personnes en situation de handicap et à renforcer l’inclusion sociale.
C’est par exemple le cas du programme « 30 minutes d’activité physique quotidienne », conçu pour les établissements scolaires, qui a été étendu aux ESSMS accueillant des enfants en situation de handicap. Il s’agit de promouvoir une activité physique régulière sans nécessiter d’infrastructures lourdes ou l’intervention de professionnels spécialisés, ce qui permet une grande flexibilité dans sa mise en œuvre. En parallèle, l’activité physique adaptée (APA) continue de se développer grâce à des prescriptions médicales pour ceux qui ont besoin d’un accompagnement spécifique.
L’une des actions phares favorisant l’intégration du sport dans les ESSMS est la désignation de référents APS au sein de chaque établissement. Ces référents jouent un rôle crucial en coordonnant les activités physiques et sportives qui répondent aux besoins des résidents. Ce rôle peut être confié à un membre du personnel, généralement un professionnel ayant une expertise en APS, tel qu’un éducateur sportif ou un intervenant en activité physique adaptée (APA).
La mission du référent consiste principalement à sensibiliser et informer les résidents, leurs familles, et l’ensemble du personnel sur les bienfaits du sport, tout en s’assurant que les activités, s’il y en a qui sont dispensées, soient adaptées aux capacités physiques et cognitives des participants. Celui-ci peut ainsi devenir un pivot dans la mise en œuvre d’une politique sportive au sein de l’établissement, contribuant directement à la prévention de la perte d’autonomie et à l’amélioration de la santé globale des résidents.
Les gestionnaires d’ESSMS et futurs référents « activité physique et sportive » ont été nombreux à rejoindre le premier webinaire dédié à la compréhension des étapes clés, des modalités de désignation d’un référent ainsi qu’à la structuration des actions. Organisé par l’Anap en collaboration avec le ministère des Sports et le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, ce temps de présentation dont la prochaine édition se tiendra le 13 septembre sur inscription vous permettra d’appréhender le cadre législatif, les outils de l’Anap pour développer l’APS et désigner un référent tout en organisant son activité.
Cas d’usages : inspirez-vous des projets existants !
En guise d’illustration, plusieurs établissements ont déjà mis en place des initiatives inspirantes. Ces projets démontrent concrètement comment l’intégration du sport dans les ESSMS peut transformer le quotidien des résidents… En voici quelques exemples concrets :
- Au FAM d’Argentan : le sport comme facteur d’inclusion et d’autonomie
Le projet du Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) d’Argentan vise à améliorer l’autonomie et la santé des résidents grâce à la pratique d’activités sportives variées, tant en interne qu’en externe. Un panel très large d’activités est ainsi proposé : le judo, le basket, le CrossFit, l’équitation, la piscine, le BMX, le sport adapté, le sport santé, les sports individuels, le massage musculaire et la gym douce. Un projet de prévention pour lutter contre les troubles musculo-squelettiques (TMS) pour les professionnels a également été instauré.
Les étapes de mise en œuvre comprennent la sollicitation des résidents pour connaître leurs envies et capacités, la mise en place de séances en interne et avec des partenaires, et la pérennisation des activités. Les impacts positifs observés incluent une meilleure santé des résidents, une amélioration de leur autonomie, une réduction de l’ennui grâce à la diversité des activités, et une meilleure estime de soi.
- Sport hors les murs et inclusion à la maison de retraite Sainte-Anne
Le projet « Sport hors les murs et inclusion » de la maison de retraite Sainte-Anne à Luc-la-Primaube vise à améliorer l’autonomie et la santé des résidents tout en favorisant l’inclusion sociale. En collaboration avec les clubs de sport de Rodez Agglo, ce projet permet aux résidents et aux seniors de la région de participer ensemble à diverses activités sportives telles que le basket, le rugby, la pétanque, la boxe, la natation, le badminton, la pêche, le football et les quilles. Les objectifs principaux sont d’améliorer la souplesse, la coordination, l’équilibre, la concentration, et de prévenir les chutes tout en renforçant la confiance en soi.
Les étapes de mise en œuvre incluent la réalisation d’un questionnaire pour connaître les envies des participants, la prise de contact avec les fédérations sportives locales, l’élaboration d’un planning annuel, l’accompagnement des résidents sur les lieux d’activité, et l’évaluation continue des séances pour les adapter aux besoins des participants. Les impacts positifs observés sont une meilleure autonomie des résidents, un bien-être général accru, et un gain de temps pour les salariés grâce à l’autonomie accrue des résidents. Le projet nécessite des ressources en termes de temps, de personnel qualifié, de compétences spécifiques et d’équipements sportifs adaptés, avec des financements provenant de la structure et d’aides extérieures.
- Un atelier d’activité physique adaptée « APA Réhab » à la Clinique Château Caradoc
Le projet « APA Réhab » de la Clinique Château Caradoc a pour objectif principal d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de troubles en santé mentale par la pratique régulière d’activités physiques adaptées. En partenariat avec le Comité Départemental du Sport Adapté 64 (CDSA64) et des associations sportives locales, ce projet propose des ateliers hebdomadaires chaque mercredi matin. Ces ateliers permettent aux patients de découvrir diverses activités physiques, de sortir de leur zone de confort, et de valoriser leurs capacités physiques et psychologiques.
Les patients bénéficient d’un accompagnement personnalisé qui inclut des entretiens d’inclusion pour définir des objectifs individuels, des tests de conditionnement physique, et des évaluations psychométriques standardisées. À la fin de chaque cycle, une évaluation finale est réalisée pour mesurer les progrès : les résultats montrent que 100 % des patients du dernier cycle se sont engagés dans une association sportive, témoignant des bénéfices significatifs sur leur bien-être et leur intégration sociale.
Le projet nécessite des ressources en termes de temps, de personnel qualifié (enseignants en Activité Physique Adaptée et infirmiers diplômés d’État), et d’équipements fournis par les intervenants extérieurs.
- Du sport pour tous au quotidien à la Fondation Casip Cojasor
Le projet « Du sport pour tous au quotidien » de la Fondation Casip Cojasor vise à promouvoir l’activité physique auprès des résidents du foyer Brunswic, qui héberge 60 personnes de plus de 45 ans en situation de handicap mental, psychique et moteur. Ce projet a pour objectifs d’améliorer les capacités physiques, de renforcer l’autonomie, et de développer la socialisation et l’estime de soi des résidents. Les activités proposées incluent des disciplines apaisantes comme la gymnastique douce, des sports plus physiques comme la boxe adaptée, et des activités de fitness et de musculation pour lutter contre la sédentarité.
La mise en œuvre du projet repose sur l’organisation de réunions préparatoires avec les équipes éducatives, la motivation continue des résidents, et l’adaptation des séances en fonction des capacités et des préférences de chacun. Un enseignant en activité physique adaptée (APA) est présent pour proposer des séances quotidiennes et évaluer les progrès des participants. Les impacts positifs observés incluent une meilleure confiance en soi, un renforcement musculaire, et un sentiment d’inclusion accru. Le projet nécessite des ressources importantes en termes de temps, de personnel qualifié, d’équipements sportifs, et de financements pour assurer sa pérennité.
En conclusion :
Bien que le sport représente un levier précieux pour la santé des personnes âgées et en situation de handicap, son intégration dans les Établissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux (ESSMS) nécessite des adaptations.
Les initiatives présentées ici montrent les bénéfices thérapeutiques de l’activité physique pour l’autonomie et le bien-être, tout en mettant en évidence les obstacles à relever, notamment les contraintes des infrastructures et la nécessité de former les professionnels de santé.