Une question, une idée, un projet

Suivez notre newsletter
hebdomadaire

1234

Peut-on imaginer une société de la bienveillance ? Le Docteur Philippe RODET nous en parle dans son dernier ouvrage.

Nouvel article publié par le Docteur Philippe RODET, ex-urgentiste,  conférencier et actuellement dirigeant chez Bien-être et Entreprise.

Auteur de plusieurs ouvrages, le dernier est intitulé « La bienveillance, un remède à la crise« , publié aux éditions Eyrolles (2019) faisant l’objet du présent article publié, avec l’aimable autorisation du rédacteur, pour ManagerSante.com.

« Le facteur qui nous permet le mieux d’affronter, de résister au virus est de rêver une nouvelle société. Comment va-t-on se remettre à vivre ? Et dans ce cas-là, il y aura beaucoup de réunions, de débats passionnants et peut-être parfois passionnés. » (Boris CYRULNIK) [1]

Que serait une société de la bienveillance ?

Il s’agirait d’une société où un nombre suffisant de personnes agirait de manière bienveillante vis-à-vis d’autrui, vis-à-vis d’elles-mêmes et vis-à-vis de l’environnement au sens large, c’est à dire des êtres humains, de la nature et des animaux.

Cette société de la bienveillance serait constituée de femmes et d’hommes d’âges, de sexes, de convictions politiques, philosophiques ou religieuses différents, mais s’engageant à être bienveillants. Ce qui signifierait agir pour le bien de l’autre, qu’on apprécie ou pas, qu’on le connaisse ou pas.

Quel serait l’objectif d’une telle société ? Son but premier serait de contribuer à faire émerger grâce aux comportements de ses membres, à leurs efforts, à leur exemplarité, un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs enfants.

Beaucoup d’actions doivent être menées en faveur d’une écologie globale qui comprenne une dimension environnementale, sociale et…humaine ! Cependant, c’est avant tout chacun de nous qui doit faire l’effort de changer.

Pourquoi est-ce possible ?

A l’heure actuelle, certains éléments, qui seraient en mesure de nous aider à croire qu’un avenir meilleur est possible, pourraient faciliter ce mouvement. Nous allons en passer certains en revue.

  • Une véritable solidarité entre les citoyens :

Elle se traduit notamment au travers de notre système de protection sociale. Combien de pays envient cette organisation qui permet à chacun d’avoir la certitude qu’en cas de besoin, il recevra les soins nécessaires ? Faut-il que ce soit le réalisateur et écrivain américain Michael Moore, dans son film documentaire Siko, qui nous rappelle son admiration pour notre système de soins ? N’est-ce pas ce système de soins qui a permis aux femmes et aux hommes de notre pays de gagner 7,77 années d’espérance de vie[2] entre 1980 et 2016 ?

  • Sur le plan économique, l’attachement au travail des Français : 

 Le rapport des Français au travail interpelle même les journalistes…canadiens. C’est peut-être cet attachement au travail qui explique la belle performance de notre pays en matière de productivité.

  • Des valeurs : 

Ces valeurs sont fortes parce que profondément humanistes et ancrées dans l’histoire de notre pays. Or, en période de crise, cela aide à recourir à un nouveau leadership. Le fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab, expliquait en janvier 2012 dans Les Echos qu’il fallait « une nouvelle forme de leadership pour lutter contre le burn-out », « une nouvelle forme de leadership » basée sur une « vision claire » et des… »valeurs » ! D’autant plus que le système de valeurs suggéré par Klaus Schwab est actuellement en parfaite harmonie avec les valeurs chères à notre pays : « Les valeurs associées à un véritable leadership doivent prendre en compte bien plus que les bénéfices à court terme pour les actionnaires ou le prochain sondage pour les intentions de vote… ». Des valeurs au service du bien commun en quelque sorte ! Avouez que les valeurs de la France semblent être en parfaite adéquation.

  • Une « vision » basée sur la culture de la bienveillance : 

C’est là une vision possible pour reprendre l’autre pilier du « nouveau leadership » cher à Klaus Schwab. Là encore, pour rester en harmonie avec le bien commun, il pourrait s’agir de contribuer à l’émergence d’une société de la bienveillance à l’échelle du pays… Si les comportements bienveillants donnent des résultats au niveau de l’entreprise et des territoires, pourquoi ne pas les étendre à l’ensemble du pays ? 

  • Des résultats

Les comportements bienveillants donnent des résultats à différents niveaux.

Au niveau de l’entreprise : 

Un groupe ayant promu un management bienveillant dès 2014 a fait réaliser une enquête BVA en octobre 2017. Les résultats sont très intéressants. Ainsi, il ressort que : 

« Les collaborateurs du groupe sont dans l’ensemble motivés par leur travail : un salarié sur deux indique même être très motivé (note entre 8 et 10 attribuée par 51 % des salariés). » Souvenons-nous qu’à l’échelle du pays, le pourcentage de collaborateurs très motivés était de…28 %.

« Le niveau de stress des salariés était légèrement inférieur à celui exprimé par les salariés français dans les enquêtes sur ce sujet ».

Le sens est bien perçu : « Plus de huit salariés sur dix ont le sentiment que leur mission contribue à la réalisation des objectifs du groupe (81 %). ».

La confiance, facilitée par l’autonomie est elle aussi bien perçue, puisque 84 % des salariés pensent qu’on leur fait confiance pour réaliser leur mission. 

La culture de la gratitude explique que 65 % des salariés ont le sentiment de bénéficier de « retours » positifs de la part de leurs interlocuteurs au sein de leur entité.

Les encouragements prodigués font que 74 % des collaborateurs se sentent soutenus.

On se rend compte que, au-delà de l’influence sur la motivation et sur le stress, les comportements bienveillants qui ont été promus se traduisent par des résultats significatifs.

  • A l’échelle des territoires : 

On obtient les mêmes résultats que pour l’entreprise. Ainsi, une station de sports d’hiver a promu des comportements bienveillants, partant du principe qu’un manager qui se comporte bien vis-à-vis d’un collaborateur verra l’attitude de ce dernier envers les clients s’améliorer. L’Office de tourisme de cette station a posé de manière anonyme deux questions à 1650 touristes et obtenu 758 réponses « à l’arrivée » et 381 réponses « au départ, soit six jours plus tard ». 

Les deux questions étaient : 

– Avant d’arriver à la station, comment évalueriez-vous votre niveau de stress dans votre vie quotidienne ? 

– Après six jours passés à la station quel est votre niveau de stress ? 

Les résultats obtenus sont clairs : en une semaine, le niveau de stress est passé de 6,34/10 à 3,20/10. Quant au niveau de plaisir, il a augmenté, passant de 6,69/10 à 8,15/10.

On pourrait penser que cela est tout simplement lié aux vacances. Or, différentes études prouvent que les vacances ne contribuent pas à autant faire baisser le niveau de stress. Selon une étude[3], 54 % des Américains ont un niveau de stress qui stagne pendant les vacances par rapport aux périodes où ils travaillent ; 8 % déclarent une diminution de leur niveau de stress pendant leurs vacances ; et 38 % voient leur stress croître pendant leurs congés. D’après cette étude, le genre jouerait également un rôle important : les vacances augmentent le niveau de stress pour 44 % des femmes, contre 31 % des hommes. 

Une autre étude[4] publiée en décembre 2017, toujours aux Etats-Unis, s’intéresse aux aspects stressants qui surviennent pendant les vacances. Les trois causes principales sont liées au fait de trouver l’équilibre entre les vacances et les obligations professionnelles (32%), penser à l’augmentation de la charge de travail à la rentrée (23%) et avoir une équipe réduite pour gérer la charge de travail (18%).

Enfin, un article américain publié en décembre 2017 titrait : « Sept Américains sur dix sont stressés par leurs vacances ». Finalement, cela rejoint les propos d’Ellen Braaten, professeur agrégé de psychologie au HMS, au Massachusetts Général Hospital, « les vacances sont remplies de joie et de stress »…

L’influence des comportements bienveillants est donc claire. On note bien, que ce soit dans l’entreprise ou à l’échelle de territoires, une baisse de stress et une augmentation du niveau de motivation et de plaisir. 

  • L’existence de réflexes sociétaux : 

Une culture de la bienveillance est possible parce qu’il y a chez nombre de personnes un réflexe de solidarité instinctive et un réflexe du bien commun, qui pourraient se développer suite à l’électrochoc que constitue la crise sanitaire.

La conviction que nous avons tous à y gagner est la clé qui permettra à tous de vivre mieux, de mieux réussir et d’être plus heureux (salariés, chômeurs, dirigeants, parents, enfants, etc..). C’est la solution qui permettra à tous d’agir concrètement pour assurer une vie meilleure à leurs enfants.

Notre sens de la solidarité, notre attachement au travail et une vision qui s’ancre dans nos valeurs peuvent aider notre pays non seulement à retrouver une véritable dynamique, mais aussi à ouvrir une nouvelle voie, celle d’un « nouveau leadership »… à la française !

 

Notes :

[1] Boris Cyrulnik : « Rêver une nouvelle société » aide à mieux résister au Covid », émission radio diffusée le 6 janvier 2020 sur RFI

[2]Life expectancy at birth, total (years)

[3] Publiée en 2006 sur le site de l’association américaine de psychologie 

[4]Holidays create extra stress for workers, survey finds | 2017-11-22 | Safety+Health (safetyandhealthmagazine.com)

ManagerSante.com

ManagerSante.com® est une plateforme média interdisciplinaire de référence et de mise en relation entre experts interdisciplinaires et managers dans le domaine de la santé, de dimension nationale et internationale, qui publie des centaines d'articles en open source rédigés par des experts connus et reconnus, pour les dirigeants, Médecins, managers et acteurs de l'écosystème santé sur les réseaux professionnels.

Partager l'Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Suivez notre newsletter
hebdomadaire

Une question,
une idée, un projet…

Copyright © 2023 ManagerSante.com – Tous droits réservés.