Article rédigé par notre nouvel expert, Olivier TOMA, Fondateur de l’agence PRIMUM NON NOCERE, Chargé de Plaidoyer du Comité pour le Développement Durable en Santé.
Il est également co-auteure d’un chapitre de l’ouvrage collectif de référence publié depuis le 04 Octobre 2021, sous la direction de Jean-Luc STANISLAS chez LEH Edition, intitulé « Innovations & management des structures de santé en France : accompagner la transformation de l’offre de soins » .
N°02, Juillet 2022
L’éco-conception est l’expression désignant la volonté de concevoir des produits ou des services en respectant les principes de développement durable.
L’éco conception est une démarche valorisante qui consiste à prendre en compte les questions environnementales dans toutes les étapes du cycle de vie d’un produit ou d’un service : la conception, la fabrication, la distribution, l’utilisation, la valorisation en fin de vie.
Eco concevoir un soin, c’est maitriser l’empreinte écologique et énergétique d’un soin. C’est une clef pour décarboner le secteur de la santé.
Ce principe n’est pas encore appliqué dans les services de santé, mais représente à notre sens, une voie d’innovation et de progrès incontestable.
Nous sommes dans la période de gestation de cette vision nouvelle de la conception et de la réalisation des soins en France.
Il faudra certainement 3 à 4 ans, pour la rendre implicite, mais l’enjeu est tel en termes de santé publique que nous nous devons d’y réfléchir.
Eco concevoir un soin, c’est avant tout connaître précisément toutes les ressources utilisées pour sa réalisation, identifier, les impacts environnementaux et sanitaires qu’il génère, analyser toutes les alternatives et enfin, imaginer à chaque étape la prévention à mettre en œuvre pour éviter la maladie, par toutes les actions possibles de promotion de la santé.
Cette démarche assure une utilisation efficace des ressources naturelles et la minimisation des impacts environnementaux ainsi qu’une mise en place harmonieuse de la politique environnementale de l’organisation.
Elle s’accompagne inéluctablement d’une veille juridique active pour anticiper les évolutions nécessaires mais agit aussi en proposant des adaptations législatives qui permettrait des avancées significatives sur la diminution de ces impacts.
Les produits d’entretien, les produits et technique de stérilisation, le nettoyage « vapeur », sont autant de sujets qui méritent études et évaluations, car leur utilisation peut participer ou non à l’émergence de nouvelles maladies.
Les bactéries multi résistantes (BMR) sont un fléau aux états unis, et très certainement chez nous aussi très vite, si l’on ne prend pas garde aux quantités astronomiques de produits chimiques que l’on utilise tous les jours et parfois de manière inutile.
Prenons un exemple précis sur la réalisation d’un acte chirurgical
Eco concevoir les soins relatifs à cet acte, c’est connaître le cycle de vie des « consommables » utilisés et réaliser le bilan des ressources en énergie, en matière première et en eau.
C’est aussi identifier tous les déchets que ce geste impose, les cartons d’emballages, les films plastiques, les palettes, les flacons, les dispositifs médicaux à usages uniques, …etc.
C’est, sans aucun doute, travailler avec les industriels, les centrales d’achat pour référencer des produits moins impactants.
C’est assurer le bilan carbone de ces produits, connaître les émissions de gaz à effet de serre générées par le transport de ces diverses marchandises et travailler avec les industriels et les transporteurs à la diminution de ces impacts.
C’est analyser la quantité de médicaments utilisés, tant pour l’acte, lui-même, les soins, l’anesthésie et les soins post opératoires.
Puis c’est d’analyser la consommation de molécules médicamenteuses et d’élaborer un plan de réduction des consommations ou choisir un indice PBT plus faible (cet indice utilisé en Norvège classe les médicaments de 0 à 9, en fonction de leur toxicité, leur bio accumulation et leur persistance dans l’environnement).
Ce peut être aussi de travailler avec les praticiens pour analyser les gestes et limiter au maximum l’exposition aux risques en termes d’infection nosocomiale, tout en réduisant l’usage unique.
L’éco-conception des soins en pratique :
La dialyse génère près de 4 kg de DASRI et 400 litres d’eau par séance, de multiples transports…
La chirurgie de la cataracte, avec 650 000 interventions par an en France représente autant d’émission de CO2 qu’un avion durant 400 tours « de terre ».
Il y a dix ans déjà, un chirurgien décidait de faire réaliser un diagnostic « déchets et émissions de cO2 » sur l’activité de chirurgie de la cataracte.
Les résultats de l’étude sont très intéressants à deux titres ;
Tout d’abord prendre conscience de nos impacts en tant que professionnels de santé,
Trouver les solutions réduisant nos impacts, pour donner plus de sens à nos actions.
Au final de cette étude sur une année, ce sont pour chaque patients opérés :
+1,5 kilo de déchets d’activité de soins qui doivent être transportés et incinérés, +830 grammes d’ordures ménagères
+340 grammes de cartons
+63 KWH d’électricité
+124 litres d’eau consommé
+17,45 kg de CO2
et tout cela pour une seule opération.
En conclusion :
Cette analyse permet de prendre conscience des enjeux et permet grâce à un travail en équipe, d’exercer la créativité de chacun pour diminuer de 20 % nos impacts.
C’est un défi pour les professionnels et les établissements de santé.
Eco concevoir les soins, c’est assurer aujourd’hui une médecine de qualité à moindre impact mais aussi, garantir une santé préservée pour les générations futures.
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Nous remercions vivement Olivier TOMA, Fondateur de l’agence PRIMUM NON NOCERE, Chargé de Plaidoyer du Comité pour le Développement Durable en Santé, pour partager son expertise auprès de nos fidèles lecteurs de notre plateforme média digitale d’influence et de référence ManagerSante.com.