Article publié par notre experte Muriel ROSSET, Présidente de “Connexions familiales”, pour la psychoéducation de proches de malades borderline. Elle est également coach en bilan de compétences, qualité de vie au travail, qualité de vie globale et expérience patient Muriel a fondé M-Gravity et est experte sur la plateforme digitale de E-Santé Beesens
L’Approche Neurocognitive et Comportementale distingue 4 zones (appelées gouvernances) dans notre cerveau, que je vous propose de parcourir au fil de la progression de carrière d’un dirigeant, avec toutes les pensées et émotions sous-jacentes que cela implique.
Quel est le périmètre disciplinaire des travaux de recherche en neurosciences ?
Fruit de 30 années de recherche interdisciplinaire et d’expertise terrain, cette approche s’appuie sur de nombreuses autres recherches et découvertes en la matière :
Source : « La libération des neurones » (schéma syntétique issue de Chantal Vander Vorst)
Dans quel monde vivons-nous ?
L’Approche Neurocognitive et Comportementale nous guide pour mieux vivre et travailler dans un monde en profonde mutation. En effet le monde est :
- complexe : tout change très vite et demande de l’agilité.
- fait d’interdépendances de plus en plus horizontales et plurielles : le travail en équipe nécessite plus que jamais une meilleure connaissance de soi et des autres. Pour cela, je dois m’atteler enfin au « connais-toi toi-même » philosophique de l’antiquité et de nombreuses spiritualités, ainsi qu’aux ressources des sciences humaines.
- en quête de sens, ce qui est une bonne chose car, en effet, pour développer ma motivation et mon autonomie, j’ai besoin de me réaliser.
4 espaces du cerveau pour me gouverner
Afin de mieux vivre être et travailler dans un tel monde, 4 gouvernances ont été repérées par l’Approche Neurocognitive et Comportementale (Jacques FRADIN). et développée par l’IME (Institut de Médecine Environnementale)
Ainsi, selon les événements de ma journée et de ma vie, des zones différentes de mon cerveau vont s’activer :
Source : Institut de Neurocognitivisme
- ma gouvernance instinctive s’occupe de mes instincts de vie et de survie. Elle m’aide à faire face à ce que je perçois comme un danger immédiat, et donc à gérer trois types de stress, entre fuite, lutte ou inhibition,
- ma gouvernance grégaire conditionne mes interactions dans un groupe, elle guide ma confiance en moi et en l’autre, ainsi que ma gestion des rapports de force,
- ma gouvernance émotionnelle me permet de prendre confortablement des décisions efficientes et rapides dans les domaines que je maîtrise. Grâce à elle, je peux miser sur des motivations durables, gérer mes valeurs, mes intolérances, mes hyper-investissements. Elle est en quelque sorte la « conscience noyau », le « disque dur » de mes savoirs, savoir-faire, compétences, vécus, émotions, motivations, mais aussi de mes préjugés, croyances, rigidités,
- ma gouvernance adaptative me fait appréhender les situations complexes en toute sérénité, en pensant « out of the box ». En m’appuyant dessus, je peux élargir mon regard, mes connaissances, ma spiritualité, car elle me permet de changer de point de vue et faire face à la nouveauté.
CAS PRATIQUE : La situation de Jacques (Dirigeant)
Mais assez théorisé… il est temps de me lever pour aller enfin travailler !
Gouvernance INSTINCTIVE et coups de stress : faire face à l’urgence
…Je suis parti en retard pour une réunion importante, tellement en retard que lorsque j’arrive sur le quai de la gare, je vois le train partir sous mon nez. J’attendais cette rencontre importante au plus haut niveau depuis des mois, je suis fou de rage et triste à la fois…Je sais qu’il n’y a pas d’autre train de la matinée, j’avais bien vérifié.
J’appelle ma femme pour lui dire que je suis complètement foutu, avec des propos peut-être pas très cohérents, mais la réponse ne vaut pas mieux. Elle me rassure très gentiment pour me dire que ce n’est pas grave : je suis apprécié, ils comprendront et ne m’en voudront pas, je lui avais dit qu’un prochain rendez-vous était déjà prévu…
Ça ne répond pas du tout à mon problème immédiat, et encore moins à mon stress vital.
Je me fâche, très énervé : « décidément tu ne comprends jamais rien à mon travail, ça sert à quoi que tu sois coach ? » Je ressens alors l’urgence animale décrite par Henri Laborit, entre fuite, lutte ou inhibition. En cet instant, c’est la lutte qui me tient en vie.
Vexée par ma réaction agressive, ma femme me raccroche d’ailleurs au nez.
Je suis furieux : « je ne lui parlerai plus de mon boulot, elle m’a laissé tomber au moment où j’en avais le plus besoin ! »
Heureusement, ma femme sait qu’il me faut d’abord relâcher la pression, et n’est pas rancunière. Elle me rappelle cinq minutes plus tard, le temps que j’ai décompressé. Elle me parle calmement, me demande si je peux me diriger vers le panneau d’affichage ou vers un guichet d’accueil.
Ça tombe bien, il y a un train plus rapide que je vais pouvoir prendre, et même en arrivant plus tôt. Apparemment je m’étais mal renseigné, je la remercie en lui disant que je m’étais fait un coup d’adrénaline pour rien.
Gouvernance GRÉGAIRE : trouver ma place dans un groupe
Quelques mois sont passés. Grâce à mes compétences et un bon bagage d’expérience, j’ai été nommé à un poste de direction.
Or voilà que je depuis des mois je me sens envahi par un syndrome d’imposteur. Inutile de me réconforter en me racontant tous mes succès passés. Ma gouvernance grégaire est comme un « rapt » de ma conscience, qui n’entend aucun argument et se fait ingérable au niveau cognitif.
J’ai besoin qu’on m’accompagne pour simplement trouver ma place dans le groupe, pas pour me parler de moi. Heureusement, un coaching proposé par l’entreprise m’aide assez rapidement et efficacement.
Gouvernance ÉMOTIONNELLE : mémoriser mes expériences de vie et assumer mes valeurs
La fin d’année hélas s’annonce difficile. Avec les restrictions budgétaires, le comité de direction veut que je conduise un plan de licenciement. Je ne le veux pas, je recule sans cesse. Ma gouvernance émotionnelle me rappelle la « mémoire de ma conscience » et de mes expériences, qui ne veut pas faire cela.
Je reprends quelques séances de coaching qui m’aident à comprendre que si je veux que ce travail soit fait dans des conditions humaines et constructives pour tous, je suis le mieux placé pour y parvenir.
Beaucoup me remercieront d’ailleurs de la façon dont j’ai conduit non pas le dossier mais les personnes !
Affronter mes procrastinations selon deux modes mentaux : automatique et ADAPTATIF
Suis-je dans un labyrinthe sans fin, acculé à toujours me sentir décalé dans mon travail ? Un bon leader ne doit-il pas devenir le chef d’orchestre des situations nouvelles, difficiles ou complexes qui se présentent à lui ?
Heureusement, ma gouvernance grégaire me permet de développer mes aptitudes et capacités à vivre en douceur et sérénité dans les jours tranquilles. Elle m’aide ainsi à repousser au lendemain les choses que je choisis librement de faire plus tard pour me concentrer sur les choses qui me motivent maintenant. Avec elle, je sais gérer instinctivement mes tâches et mes priorités.
- Face aux situations bien maîtrisées, simples et/ou connues, je peux me mettre en mode automatique : je me lève, je prends mon train, je dis bonjour à mes collègues, j’allume mon ordinateur…
Je vais ainsi prendre jusqu’à 6 000 décisions par jour, il ne faut donc pas que je m’épuise dans de faux combats .
- En revanche, si je suis face à une situation non maîtrisée, et/ou complexe, et/ou inconnue, je dois mobiliser mon mode mental adaptatif. Sur ce mode adaptatif, je peux aborder le chantier permanent que représente mon équilibre de vie à trouver.
Un équilibre, par définition, ça bouge sans cesse.
Dès que l’on se sent bien, satisfait de son travail, de sa vie actuelle, de ses relations professionnelles ou personnelles, un événement ou une personne viennent rompre notre équilibre, et nous obliger à recréer sans cesse de la nouveauté (cf article : « l’équilibre de vie : un chantier permanent, pas un état »)
Pour bien m’adapter, il me faut alors savoir prendre soin de moi pour prendre soin des autres. Mais cela ne suffit pas, car souvent, dans le flot et l’urgence de mes activités, je peux me sentir dépassé et envahi par mon stress. Or quand je suis stressé, c’est que je ne suis pas sur le bon mode mental, et que je dois d’abord baisser mon niveau de stress.
Le stress, un signal d’alarme bien utile
Les causes de stress sont multiples, mais pas toutes identiques. Je dois donc bien distinguer
- les stresseurs externes (relire à ce sujet : comment réduire le stress au travail ? Ce que nous apprennent les babouins du Kenya)
- ma stressabilité personnelle, toutes ces causes internes issues de mes aversions, valeur exacerbées, croyances…
Face à des causes ponctuelles de stress, quelques pistes peuvent me remettre sur le bon chemin pour mieux prendre du recul sur la situation
- N’y a-t-il pas quelques avantages à ce qui vient d’arriver ?
- Si j’accepte de voir ces avantages, mon niveau de stress baisse-t-il ?
Si mon stress persiste, il est temps de me demander
- Quel est le risque réel ?
- Puis-je réduire mes exigences ?
- Est-ce que ce qui se passe est vraiment important pour moi ?
Ayant répondu à toutes ces questions et appris les règles de navigation de toutes mes gouvernances, je peux continuer avec confiance à affronter sereinement les eaux calmes ou turbulentes de ma vie et de mon travail.
Pour aller plus loin :
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Merci mon stress. Faire de ses tensions ses meilleures alliées. Patrice Collignon. Eyrolles 2018. Le stress est utile. Mécanisme de défense, il nous alerte et nous procure l’énergie nécessaire pour résoudre les problèmes. Véritable boussole intérieure, il nous informe sur nos émotions et nous indique comment évoluer vers plus de sérénité.
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La Thérapie Neurocognitive et Comportementale. Prise en charge neurocomportementale des troubles psychologiques et psychiatriques, De Boeck, 2014 livre de Jacques Fradin et de Camille Lefrançois, consacré à la Thérapie Neurocognitive et Comportementale. Il apporte un nouveau regard sur la lecture et le diagnostic de divers troubles psychiatriques et rend compte de techniques montrant leur efficacité sur des cas parfois jugés incurables.
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Heureux si je veux : en finir avec l’insatisfaction chronique, Eyrolles, 2015 livre d’auto-coaching de Patrick Collignon pour comprendre et gérer les causes profondes de votre insatisfaction et se tourner résolument vers le bonheur
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La Puissance du Mental. Hyperinvestissement, stress, épuisement… Comment se remotiver ?, Eyrolles, 2014 livre d’auto-coaching de Patrick Collignon pour gagner de l’énergie et surtout éviter d’en perdre !
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Le Management Toxique, Eyrolles, 2013 livre d’auto-coaching de Chantal Vander Vorst et Patrick Collignon pour comprendre comment se mettent en place les comportements toxiques, diagnostiquer la cause, établir une stratégie efficace et passer à l’action pour ne plus en être la cible.
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Votre profil face au stress. Comment les neurosciences font du stress votre allié, Eyrolles, 2012 livre d’autocoaching de Patrick Collignon et Jean-Louis Prata pour apprendre à adopter le bon état d’esprit face aux situations stressantes, agaçantes, démotivantes… et réussir ses projets en se donnant les moyens de ses ambitions.
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L’intelligence du stress, Eyrolles, 2008 : livre de Jacques Fradin, alliant théorie et pratique pour comprendre les mécanismes du stress et mieux le gérer.
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Manager selon les personnalités. Les neurosciences au secours de la motivation, Eyrolles, 2006 et 2014 : livre de Jacques Fradin et de Frédéric Le Moullec.
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Enfin libre d’être moi, Eyrolles 2016 : livre d’auto-coaching de Patrick Collignon pour comprendre et gérer le besoin de reconnaissance et la peur du regard de l’autre Vivement lundi, Editions de l’homme de Brigitte Durutty pour comprendre le stress pour être heureux au travail
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Parent Zen : Editions de l’homme de Brigitte Durutty pour comprendre et gérer le stress pour rétablir l’harmonie en famille
N’hésitez-pas à laisser vos commentaires… Muriel ROSSET, vous répondra avec plaisir !!!
Nous remercions vivement Muriel ROSSET, coach en bilan de compétences, qualité de vie au travail, qualité de vie globale et expérience patient.
Biographie de Muriel ROSSET :
Muriel est également enseignante et formatrice en philosophie et management , innovation managériale et méthodes collaboratives (Université Paris-Descartes, EPF école d’ingénieur, Haute Ecole Ferrer de Bruxelles), auteur & consultante.
Muriel accompagne les professionnels et e-patients que nous sommes tous à devenir des acteurs partenaires de notre santé physique, psychologique et sociale.
Elle est présidente de l’association Connexions familiales, section francophone de la NEABPD, pour la psychoéducation des familles de personnes TPL bordeline
Elle partage son expérience professionnelle pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com
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Intervention de Muriel ROSSET
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