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Le « Bien-Etre » est-il la conséquence ou la cause du « Succès » ? Réponse du Docteur ANSELEM

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Article publié par notre expert en Neurosciences pour managersante.com, le Docteur Bernard ANSELEM, auteur de plusieurs ouvrages dont, « Je rumine, tu rumines, nous ruminons » (aux Editions Eyrolles, 2017) et « Ces émotions qui nous dirigent » (aux éditions Alpen éditions, 2017)


N°7, Août 2018


 

« Tout ira mieux quand j’aurai obtenu un nouveau poste, une promotion, des responsabilités, une reconnaissance sociale, une augmentation. Oui mais sans détruire ma vie personnelle, sans devenir un « no-life ».

Ma vie sentimentale, familiale, amicale ou sociale est essentielle. Mon équilibre personnel est en jeu ».

Cet équilibre fragile est- il introuvable ?

Les gens qui réussissent travaillent dur pour la plupart, c’est entendu, mais doivent-ils pour autant choisir entre bien-être et succès ? Est-il nécessaire de souffrir, d’abandonner son bien-être, pour tenir ses objectifs ou conquérir le succès ?

Mme de Staël qualifiait la gloire de « deuil éclatant du bonheur ». Pourrait-on dire de même du succès ?

À l’inverse, est-il nécessaire d’abandonner ses projets et transformer son emploi en routine pour préserver sa vie personnelle ?

De nombreuses recherches viennent contredire ces schémas : le plus souvent le bien-être entraine le succès, il précède la réussite professionnelle ou personnelle. Il n’est pas la conséquence mais la cause du succès.

Un état d’esprit positif génère plus d’agilité mentale, d’ouverture d’esprit, de motivation, de résistance aux épreuves, de qualité relationnelle, de séduction et de performance au travail, rien que ça ! Il ne s’agit pas d’opinions, ni de simples observations, mais de conclusions convergentes de multiples travaux de psychologie scientifique ou neurosciences, confortées par des études de management.

Attention, il ne s’agit pas de remplacer la détermination et l’engagement par une douce nonchalance passive, source de satisfactions superficielles et précaires. Les états d’âmes positifs apportent au contraire plus d’énergie pour accomplir les projets, pour trouver du sens à nos actions et résister aux difficultés.

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« Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez » Albert Schweitzer

Loin du cliché tenace du bonheur qui ramollit le corps et l’esprit, les personnes qui manifestent plus d’émotions positives (bien-être immédiat) et plus de satisfaction de vie (bien-être à long terme) accumulent tout simplement plus de succès que les autres[i].

Comment peut-on affirmer cela ?

1)    Il a tout d’abord fallu prouver les liens entre sentiment de bien-être et efficacité. On ne compte plus les travaux scientifiques montrant la relation entre émotions positives ou satisfaction de vie d’un côté et succès de l’autre : performance professionnelle, engagement, implication, relations de couple, liens amicaux, santé physique et mentale, reconnaissance, créativité, sociabilité, résistance à l’adversité, confiance en soi. C’est déjà énorme, mais cela ne suffit pas. Une corrélation ne signifie pas qu’un des éléments (le bien-être) soit la cause du second (le succès). Lequel est à l’origine de l’autre ?

Pour répondre, 2 stratégies :

2)    Montrer que l’un des éléments précède l’autre (indice de cause à effet). Les études sur longue période, dans la vraie vie, pas dans les laboratoires, ont suivi des adolescents, ou des personnes plus matures en évaluant leur niveau d’émotions positive et de bien-être et en contrôlant leur niveau de performance à un moment donné. Plusieurs années plus tard (voire plusieurs décennies) l’évaluation est reprise et permet d’enregistrer les variations de performances dans un ou plusieurs domaines précis. Là encore de robustes résultats démontrent que l’importance des états d’esprit positifs retentit plusieurs années plus tard sur les performances professionnelles, l’implication au travail, les revenus, la vie sentimentale, les relations sociales et la santé. Le bien-être précède donc bien l’efficacité. Mais vous pourrez encore argumenter : il s’agit d’une forte présomption mais pas d’une preuve de cause à effet.

3)    Si l’on veut aller plus loin, il faut trouver un lien direct : intervenir en augmentant le niveau de bien-être et observer les changements : C’est ce qui a été fait en induisant des émotions positives (mises en situation) ou en pratiquant des exercices destinés à améliorer le bien-être sur longue période. Encore une fois de multiples travaux ont montré les effets positifs sur la qualité relationnelle, la motivation, la résistance aux difficultés, l’entraide, la flexibilité mentale, l’ouverture d’esprit, l’attention et l’estime de soi.

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Le cumul de ces trois faisceaux de résultats confirme l’idée que cultiver son bien-être améliore ses chances de succès professionnels, personnels et sociaux. Plus de détails et de références dans un admirable article de S. Lyubomirsky [ii] qui a compilé les travaux de 255 études, représentant plus de 275 000 personnes (meta-analyse), un travail de bénédictin. Nous sommes loin des clichés et des phénomènes de mode.

Attention, l’espérance fervente de bonheur est contreproductive. L’attente crée la frustration, elle nous détourne des satisfactions du présent. Pour neutraliser cet effet, l’idée est de développer les conditions de l’amélioration, à la manière d’un jardinier cultivant son terreau, plutôt que de se focaliser sur l’attente des résultats. Suivre son chemin est plus important qu’attendre la réussite.

D’autres travaux ont montré que le bénéfice d’un succès est largement surévalué, ou encore que l’excès d’attentes matérialistes est générateur de frustrations et d’altération du bien-être, d’où l’idée de s’épanouir en suivant son chemin plutôt qu’en attendant l’arrivée (les hommes pensent que le bonheur est au sommet de la montagne alors qu’il est dans l’art de la gravir).

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Peut-on agir sur son bien-être ? 

Oui et non. Une partie est prédéterminée par nos gènes (environ 50% selon plusieurs études concordantes), une autre par les circonstances de vie que nous ne maîtrisons pas (cette part est beaucoup plus faible que nous ne l’imaginons, environ 10%). Mais une forte proportion (autour de 40%) ne dépend que de nous, de nos choix), de nos comportements, jugements, pensées et attitudes .

Nous n’avons pas de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix. Nous sommes le patron et possédons du pouvoir sur notre façon de voir les choses. Pour en savoir plus : « Ces émotions qui nous dirigent »

Quel enseignement ? 

Tout ira mieux quand j’aurai réussi ? Non, je réussirai mieux quand j’aurai fait la paix avec moi-même et avec les autres, quand je saurai apprécier les événements positifs à leur juste valeur et m’ouvrir aux autres, quand je saurai m’impliquer dans des objectifs motivants, quand je saurai cultiver l’attention du présent plutôt que les regrets du passés ou les craintes d’avenir.

Ces connaissances nous incitent à penser que les efforts et les succès (dans tous les domaines de vie) ne sont pas incompatibles avec le bien-être, au contraire, ils dépendent de lui et cheminent ensemble. 

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Pour aller plus loin : 

[i] Diener, E., Seligman, M.E.(2002).Very happy people. Psychol Sci.13(1):81-4.

[ii] Lyubomirsky , S., King, L., Diener, E. (2005).The Benefits of Frequent Positive Affect: Does Happiness Lead to Success? Psychological bulletin. 131. 6, 803-855.

 

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Nous remercions vivement Docteur Bernard ANSELEM, Médecin spécialiste en imagerie médicale, master de recherche en Neuropsychologie (Toulouse, Lyon, Grenoble), titulaire d’un Certificat de « science of happiness » (Berkeley) et Formateur professionnel pour médecins ou entreprise. Il est également Auteur de plusieurs ouvrages dont, « Je rumine, tu rumines, nous ruminons » (Editions Eyrolles, 2017) et « Ces émotions qui nous dirigent » (Alpen éditions) conférencier.
Membre du comité d’éthique de l’université de Savoie

Il propose de partager son expérience professionnelle en Neuropsychologie pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com


Biographie de l’Auteur : 
Médecin spécialiste en imagerie médicale, master de recherche en neuropsychologie (Toulouse, Lyon, Grenoble), certificat de « science of happiness » (Berkeley) et formateur professionnel pour médecins ou entreprise. Auteur conférencier.
Membre du comité d’éthique de l’université de Savoie.
Thèmes de travail : émotions, motivation, anxiété, prise de décision et efficacité, IRM fonctionnelle. Il souhaite créer des ponts entre les avancées récentes des recherches sur le cerveau ou le bien-être, et les applications pratiques au quotidien, à l’intention des personnes ne disposant pas de temps pour aborder les ouvrages théoriques ou académiques.

Présentation en Vidéo  :

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Docteur Bernard ANSELEM

Médecin spécialiste en imagerie médicale. Auteur de 2 ouvrages : "Je rumine tu rumines nous ruminons" (2017 Eyrolles). & " Ces émotions qui nous dirigent" (2016 Alpen). Membre comité d'éthique Recherche de l'Université de Savoie (UFR LLSH). Master de recherche en Neuropsychologie (Toulouse, Lyon, Grenoble) Juin 2014. Certificate of achievement "Science of happiness, University of California, Berkeley " 2014. Conférencier. Conseil en Neuropsychologies appliquées. Formateur professionnel pour Médecins & Entreprises.

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2 réponses

  1. Je suis interessé aux implications des activités physiques pour le bien être des adolescents. Es-ce que des activités physiques,ne peuvent pas, en définitives être la clef de l’épanuissement de nos jeunes ?. Es-ce démontrable ?.. quelles activités en particulères et pourquoi?
    Je cherche des contributions scientifiques dans le cadre d’une conférence dans une université Suisse.

  2. Un article trés important mais il y a une possibilité de eliminer la difference entre travail et vie?, parce que je ne voit pas

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