Nouvel article rédigée pour ManagerSante.com par Alexis BATAILLE , Chargé de mission « santé des professionnels de santé » par Madame Agnès Firmin le Bodo, Ministre déléguée à l’organisation territoriale et aux professions de santé.
Infirmier, Responsable des relations publiques et du mécénat de la Fondation Léonie Chaptal, réserviste militaire et auteur.
Il est auteur de plusieurs ouvrages, notamment en 2022 avec « Les 50 outils indispensables de l’Aide-Soignant », (Février 2022) aux Editions Vuibert et « Je reste un soldat » (Avril 2022) chez City Edition.
Il a coordonné un nouvel ouvrage collectif paru le 20 Juin 2023 sur la « Sémiologie pour l’infirmier » aux Éditions Vuibert.
Alexis BATAILLE est intervenu également au Ministère de la Santé et de la Prévention lors du 1er Colloque annuel national de ManagerSante.com, sur la thématique portant sur « Comment améliorer le parcours patient dans l’offre de soins ? » (2022).
Août 2023
La compétence clinique est au cœur du sujet lorsque l’on évoque les professionnels paramédicaux. Aujourd’hui, les paramédicaux occupent une place prépondérante dans la démarche thérapeutique et diagnostique en cela qu’ils sont les premiers relais pluridisciplinaire des signes ou symptômes de la personne soignée. Auquel cas, disposer d’une compétence clinique, à la fois théorique et pratique, est indispensable, si ce n’est fondamental afin d’exercer pleinement l’art de soigner dans des conditions d’exercice légitimes. En effet, l’expertise clinique est incontestablement un facteur clé de légitimité professionnelle au sein de laquelle chaque paramédical valorise son rôle, sa discipline et sa contribution pertinente au processus d’un ensemble complexe : le soin.
Or, en dépit d’évolutions manifestes des compétences paramédicales, notamment avec l’émergence de la pratique avancée, il est raisonnable de penser que la compétence clinique demeure un sujet ardu sur lequel de nombreux enjeux viennent reposer ; de la formation initiale à la formation continue, en passant par la reconnaissance de cette expertise par les organisations de travail ou bien même par leur propre corporation.
En 2023, l’être et l’agir dans la compétence clinique pour les paramédicaux relèvent d’un engagement fort et collectif d’apprentissage et de collaboration dans un contexte de pair-aidance. De nombreux auteurs (ex. Psiuk T., Martin L.) paramédicaux se sont emparés de cette problématique en relevant le défi de ce qui en constitue le socle : le raisonnement clinique.
Cette méthodologie, d’abord conceptuelle puis opérationnelle, s’appuie sur différentes approches synergiques sous la forme d’étapes procédurales permettant à l’étudiant ou au professionnel de raisonner dans les trois domaines d’investigations cliniques (signes/symptômes, risques et réactions humaines, environnementales, sociales) qui interfèrent sur l’état de santé de la personne soignée.
En l’état, puisque ce processus est souhaité collaboratif, il est indispensable de maîtriser un outil unique comprenant des modalités communes de compréhension et d’utilisation. Le premier domaine d’investigation clinique précité, à savoir les signes et symptômes, font ainsi l’objet d’une attention particulière.
Ceux–ci procèdent effectivement au préalable de la juste maîtrise de la sémiologie clinique qui favorise, outre l’identification clinique desdits signes et symptômes, de fluidifier la coordination des soins autour du simple ressort vocabulaire associé à une prise en soins standardisée sur les attendus à la fois hypothético-déductifs mais également référencés selon les préconisations des différentes sociétés savantes.
Ainsi, maîtriser la sémiologie clinique pour un professionnel paramédical ne semble pas être seulement une question de mots, ni de maux. Non. Il s’agit d’abord et avant tout d’une compétence clinique à part entière. Celle-ci relève de sa capacité et de sa maîtrise à orienter ses actions relevant de son rôle en faveur d’une démarche thérapeutique et diagnostic. Dès lors, la réalisation de son examen clinique et sa capacité à identifier les bons signes et symptôme, les risques qui leur sont liés, d’agir dans le cadre de son référentiel et de transmettre à l’équipe pluridisciplinaire, font de lui, professionnel de santé de premiers recours dit “au chevet du patient”, LE point d’ancrage d’une collaboration effective entre le cure et le care.
L’outil sémiologique, une base indispensable à l’exercice clinique
Dans un environnement complexe où le professionnel de santé paramédical est de plus en plus placé au centre du dispositif de soins, il est attendu que ce dernier dispose de différentes compétences. La compétence clinique est incontestablement la première. En effet, il n’est plus rare qu’un professionnel de santé paramédical soit engagé de façon autonome, voire solitaire, auprès d’une personne soignée. Auquel cas, sa compétence clinique est plus que jamais sollicitée, donc indispensable et maîtrisée.
Par-delà l’approche théorique élémentaire du fonctionnement de l’organisme, la sémiologie clinique est un liant entre le normal et le pathologique. A fortiori, plus loin que le pensait Canguilhem, nous pourrions estimer que la sémiologie clinique ne se contente pas d’intervenir lorsque le signe et le symptôme est actif, c’est-à-dire qu’il fait “souffrir”, mais permet d’anticiper la crise en identifiant les prémices passives prodromiques, annonciatrices de cette dernière, qui ne font pas nécessairement souffrir l’individu.
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En effet, il est juste de considérer que l’exercice clinique, au sens historique de “clinicus”, soit la médecine exercée près du lit de l’individu, ne revêt pas exclusivement un caractère curatif mais a aussi un pendant préventif.
De ce fait, l’usage et la maîtrise du langage sémiologique est une démarche systémique auprès de l’individu, selon logique d’anticipation et de sauvegarde dans un contexte clinique. Se faisant, l’usage de la sémiologie, en plus d’être essentiel à l’exercice clinique, replace l’individu et ses déterminants de santé intrinsèques et extrinsèques comme moteur de la démarche de soins. Autrement dit, comme partenaire ou expert de son expérience maladie.
La sémiologie, un retour indispensable vers l’Autre soigné
Entrer une démarche clinique en mobilisant la sémiologie exige un examen clinique de qualité qui se réalise en allant obligatoirement à la rencontre de l’Autre. On doit pour cela mobiliser les cinq sens et des aptitudes relationnelles exigeantes qui permettent, d’une part, d’entrer en relation de confiance rapidement (le professionnel de santé a, reconnaissons-le, la capacité de faire déshabiller quelqu’un plus vite que son ombre ou de poser des questions intimes au premier contact mais il doit donc pour cela inspirer confiance très vite), de respecter l’intégrité corporelle et d’accepter l’Autre dans son individualité.
L’examen clinique permettant, comme le dit la phrase caricaturale, de poser des mots sur des maux, ne doit pas se contenter d’être un catalogue sémiologique exhaustif qu’il faut transmettre aussitôt à la technologie (scanner, IRM ou radiographie) pour se débarrasser de l’humain et mieux se réfugier derrière la technique, mais bien une analyse humaniste de l’individu rappelant les fondamentaux du prendre soin. Toucher, sentir, palper, questionner et parler, la sémiologie, et à travers elle l’examen clinique, a pour objectif de souligner le principal caractère de la fonction de soignant: son humanité.
Pourquoi un guide de sémiologie dédié aux infirmiers ?
La compétence clinique des infirmiers progresse dans un environnement où les compétences infirmières évoluent et prennent en considération des responsabilités supérieures, tant pour les soins généraux que pour la pratique avancée.
Placé au premier niveau de l’expertise clinique, les IDE jouent ainsi un rôle important à exercer dans la démarche clinique et de soins aux côtés de leurs pairs et collaborateurs. Mieux que quiconque, l’IDE sait aussi que la pluridisciplinarité est une condition sine qua non de l’effectivité et la pertinence de sa démarche. L’appui direct et collaboratif avec l’aide-soignant le démontre. La démarche clinique est un travail collectif.
Les rôles de l’IDE (propre, prescrit et en collaboration) permettent aujourd’hui d’envisager un grand niveau d’autonomie clinique pour ces professionnels. Cette autonomie, c’est-à-dire cette prise de décision et mise en œuvre d’action par eux-mêmes, est un champ des possibles qui doit être valorisé.
Coordonner et écrire “La sémiologie pour l’infirmier” (Vuibert, 2023) a cela pour ambition. En plus d’insister sur l’examen clinique qui doit être encore plus investi et réalisé par les IDE, cet ouvrage permet d’entraîner le processus réflexif des IDE grâce à un cheminement de pensée pré établi sous la forme de fiches réflexes.
En conclusion :
Première étape d’une vraie évolution de la compétence clinique IDE à venir sans doute par la prochaine réforme de ses référentiels d’activités, de compétences et de formation (sous la forme d’un référentiel à “missions”), nous pensons que favoriser l’enseignement de la sémiologie clinique associé aux activités de soins spécifiques de l’IDE est, en plus d’améliorer la qualité et la sécurité des soins, un moyen de conforter la légitimité et l’expertise de ces professionnels.
Pour aller plus loin :
- Psiuk, T., Jousset-Fougeray, J. (2017). Raisonnement et chemins cliniques: Guide d’apprentissage et 16 situations emblématiques. Vuibert.
- Psiuk, T. (2019). L’apprentissage du raisonnement clinique: Concepts fondamentaux – Contexte et processus d’apprentissage. De Boeck Supérieur.
- Martin, L. (2019). Le raisonnement clinique infirmier : guide méthodologique. Elsevier-Masson.
- Côté, S. & St-Cyr Tribble, D. (2012). Le raisonnement clinique des infirmières, analyse de concept. Recherche en soins infirmiers, 111, 13-21.
- Belpaume, C. (2009). Accompagner l’apprentissage du raisonnement clinique en soins infirmiers. Recherche en soins infirmiers, 99, 43-74.
- Ameline, S. & Levannier, M. (2021). Chapitre 35. Méthodologie du raisonnement clinique partagé. Dans : , S. Ameline & M. Levannier (Dir), DEAS: Tout-en-un (pp. 350-353). Paris: Vuibert.
Nous remercions vivement Alexis BATAILLE , Chargé de mission « santé des professionnels de santé » par Madame Agnès Firmin le Bodo, Ministre déléguée à l’organisation territoriale et aux professions de santé, infirmier, réserviste militaire et auteur, pour avoir partager régulièrement ses réflexions, à travers ses chroniques passionnantes, pour nos fidèles lecteurs de ManagerSante.com.
Biographie de l'auteur :
Depuis le 17 Mars 2023, Alexis BATAILLE est Chargé de mission « santé des professionnels de santé » par Madame Agnès Firmin le Bodo, Ministre déléguée à l’organisation territoriale et aux professions de santé.
Infirmier, Responsable des relations publiques et du mécénat de la Fondation Léonie Chaptal,, réserviste militaire.
Il est auteur de plusieurs ouvrages, notamment en 2022 avec « Les 50 outils indispensables de l’Aide-Soignant », (Février 2022) aux Editions Vuibert et « Je reste un soldat » (Avril 2022) chez City Edition. Son prochain ouvrage est paru le 20 Juin 2023 sur la « Sémiologie pour l’infirmier » aux Éditions Vuibert.
Aide-soignant diplômé en 2013. Alexis Bataille rejoint le Service de Santé des Armées la même année et servira dans différents Hôpitaux d’Instruction des Armées jusqu’en 2019.
Durant son parcours de soignant militaire, Alexis aura en plus l’occasion d’être projeté en opération extérieure mais aussi d’être membre du Conseil de la Fonction Militaire du Service de Santé des Armées.
A la suite de son départ, tout en poursuivant une activé de réserviste militaire, il développe ses compétences et devient infirmier en 2022.
En parallèle de son activité professionnelle, Alexis Bataille est également élu municipal, membre du Cercle Galien et auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier est « Je reste un soldat » co-écrit avec Manuel Cabrita paru en Avril 2022 chez City Editions.
[INTERVIEW pour ManagerSante.com] A l’occasion de la 56e édition du Salon International Innovations & Santé de #SANTEXPO22 les 17-19 Mai 2022, nous avons eu le plaisir d’accueillir Alexis BATAILLE HEMBERT.
[OUVRAGE DISPONIBLE DEPUIS MARS 2022]
Témoignage du CCH Manuel Cabrita et de Monsieur Alexis Bataille à l’occasion de la publication de l’ouvrage « Je reste un soldat ».#Avecnosblessés
Crédits : Union des Blessés de la Face et de la Tête.
[OUVRAGE DE L'AUTEUR PUBLIE EN FEVRIER 2022]
Résumé de cet ouvrage :
Tous les outils indispensables pour réussir ses évaluations et ses stages !
Conçu pour répondre aux besoins des élèves et des professionnels, Les 5O outils indispensables de l’aide-soignant propose 50 fiches en couleurs, claires et illustrées, en adéquation avec le référentiel 2021 des études aides-soignantes. On y retrouve :
les normes, valeurs et échelles à connaître ;
les notions essentielles d’hygiène et de prévention et gestion des risques : lavage des mains, précautions standard et complémentaires, accident d’exposition au sang (AES), ergonomie et manutention, risques de violence, maltraitance, etc.
les soins techniques et relationnels : observation de patient, glycémie capillaire, évaluation de la douleur ou de l’autonomie, soins de nursing, communication avec le patient, etc.
des informations sur la profession AS et ses enjeux : rôle propre ou en collaboration, perspectives professionnelles, législation, etc.
des rappels de pharmacologie et d’anatomie générale.
Son petit format et son contenu pratique en font un outil à toujours avoir dans la poche, que l’on soit étudiant ou professionnel.
[DERNIERS OUVRAGES DE L'AUTEUR]
Dans ce guide pratique, Alexis Bataille répond avec humour et sans tabou à toutes les questions pratiques que l’aide-soignant (élève ou professionnel) se pose, à l’aube de la refonte du référentiel aide-soignant. Présentant toutes les questions fondamentales (mais pas que !), le livre aborde les trois thèmes essentiels à la profession :
le métier d’aide-soignant dans tous ses aspects : Les missions de l’AS varient-elles en fonction du lieu d’exercice ? Quelle est la différence existe-t-il entre un AS et un IDE ? Le diplôme français suffit-il pour travailler à l’étranger ?
la pratique au quotidien : Comment être un AS bien organisé ? Comment planifier ses repas quand on travaille de nuit ? Comment faire face au décès d’un patient ? Comment gérer un conflit au travail ? Est-ce difficile d’être un homme dan sce métier ?
les relations aux patients : Que faire si j’ai un enfant comme patient ? Comment préserver l’intimité ? Quelle attitude adopter face à la douleur ? Quelle place donner à la famille du patient ? Comment réagir face à une situation violente ?
Ce guide de survie facilitera la vie des aides-soignants jeunes diplômés et des moins jeunes, désireux d’être accompagnés au quotidien dans la bonne humeur !
