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Peut-on encore « naître et venir au monde » ? Réflexions philosophiques sur la « naissance » par Frédéric SPINHIRNY


N°10, Décembre 2018


Frédéric SPINHIRNY, est  Directeur des Ressources Humaines, chez Hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP), Rédacteur en Chef de la Revue Gestions Hospitalières et auteur de son dernier ouvrage paru en Juillet 2018, intitulé « Hôpital et modernité : comprendre les nouvelles conditions de travail » paru aux Editions Sens & Tonka, ainsi que  deux autres ouvrages  :  l’Eloge de la dépense (2015) et de l’Homme sans politique (2017) aux Editions Sens & Tonka. 

Au moment des fêtes de fin d’année se répète toujours le même rituel médiatique. Des reportages dans les maternités nous montrent un nouveau-né, si possible le premier né du 25 décembre ou pendant les 12 coups de minuit à la Saint-Sylvestre.

Bien entendu, ces images composent avec le thème du « ceux qui ne sont pas chez eux à fêter le réveillon comme tout le monde » et permettent avant tout de souligner ce qui fait la sève du Réveillon : l’engagement sans faille du personnel soignant dans les hôpitaux publics, le bonheur d’une famille qui s’agrandit, les bonnes résolutions, l’importance d’être ensemble, les projets d’avenir qui viennent rompre le charme du « c’était mieux avant ».

Mais, au fond, pourquoi montrer systématiquement la naissance ?

Nous pourrions tout aussi bien imaginer des reportages sur un chômeur de longue durée qui obtient un CDI la veille de Noël, la réussite au permis de conduire, un ressortissant étranger accédant à la nationalité française, une greffe de rein comme preuve d’amour, l’accession à la propriété d’un jeune couple d’intermittents du spectacle, une adoption désirée depuis longtemps, une guérison inespérée, etc.

Derrière le cycle de la vie humaine auquel se rattache in extremis les journalistes, pourtant avides de sensations morbides tout au long de l’année, nous pouvons interroger le sens de cet heureux événement en proposant une petite philosophie de la naissance.

Finalement, en quoi un « nouveau-né » est une « bonne nouvelle » ?

Tout d’abord, il faut se rendre à l’évidence: événement de notre propre naissance nous échappe. Si d’autres s’en soucient pour nous, subjectivement nous ne connaissons rien de notre propre naissance. De plus, l’accouchement étant un événement révolu, bien se préparer à naître n’a pas de sens précis. Il y a une concordance des temps qui nous fait défaut: je ne nais pas, je suis né. Ma naissance est une rencontre manquée, car je suis toujours en retard par rapport à elle. Nous pourrions d’ailleurs nous demander: a-t-elle finalement eu lieu ? Puisque je ne l’ai pas vraiment vécu à la première personne. L’évènement de la naissance rejoint alors celui de la mort dans cette non-connaissance, cette expérience-limite où je manque à ce qui m’arrive.

Soit dit en passant, il y a un défaut de préparation qui rend ces deux expériences différentes. En effet, ne connaitre « ni le jour ni l’heure » devient illusoire car l’accouchement comme le décès peuvent aujourd’hui être programmés en lien avec les proches et le corps médical.

Néanmoins, si personnellement je peux me préparer à mourir, c’est la mère qui se prépare à ma naissance et non moi-même. La différence est de taille, et alimente la philosophie depuis Platon. Et pour cause, si la philosophie a passé la naissance sous silence c’est peut-être bien parce que la mort est une menace plus inquiétante.

Paul Ricœur, dans La Philosophie de la volonté, pointe cette explication :

« L’évocation de la naissance n’est pas familière aux philosophes ; la mort est plus pathétique ; les pires menaces semblent venir au-devant de nous. Or notre naissance, parce qu’elle est révolue, ne nous menace pas. Mais c’est précisément parce qu’elle est révolue qu’elle tient en germe toutes les foliations de cette nécessité qui porte ombrage à ma liberté ».

Sous de tels propos, émerge la forclusion du passé, après que je sois jeté dans le monde, ce phénomène de l’introduction non désirée, l’impossibilité de rattraper le temps, ce vouloir « ne jamais être né » qui fait la sève des tragédies classiques (1). Mais de ce manque de connaissance de notre origine, nous pouvons en tirer un sens pour l’avenir et Ricœur souligne que « cette expérience de la fuite de ma naissance est donc riche de sa pauvreté même ».

Quel sens philosophique peut-on donner à la « naissance » ? 

Ainsi, nous pouvons proposer ici un sens collectif. Si notre naissance nous échappe c’est aussi qu’elle a été désirée par d’autres pour un dessein qui nous est étranger. Néanmoins, loin d’être le début d’une vie gouvernée par la fatalité, cet acte de naissance inscrit dans le monde toutes les possibilités du vivre ensemble. Car une question globale se pose :

comment penser la naissance collectivement ?

Le renouvellement des générations interroge d’abord l’anthropologie contemporaine jusqu’à réactiver les réflexions malthusiennes les plus classiques sur la limitation de la population pour préserver notre habitat naturel.

Par exemple, Claude Lévi Strauss, qui recevait en mai 2005 le prix international de Catalogne, a pu s’inquiéter de l’augmentation des habitants de la Terre:

« La population mondiale comptait à ma naissance 1,5 milliard d’habitants. Quand j’entrai dans la vie active, vers 1930, ce nombre s’élevait à 2 milliards. Il est de 6 milliards aujourd’hui, et il atteindra 9 milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. […] Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique ».

En somme, l’anthropologue questionne la possibilité d’une lutte pour les ressources vitales de la planète, qui elles, diminueront en parallèle de notre consommation toujours croissante. A l’heure où la Chine annonce officiellement la fin de la politique dite de l’enfant unique en vigueur depuis 1979, la naissance devient un enjeu démographique majeur, voire pour certains, une menace pour l’avenir (2).

La naissance est-elle « l’essence » propre de l’homme ? 

Pourtant une approche philosophique peut susciter l’espoir car le miracle de la vie emporte avec lui une signification politique fondamentale. Nous touchons ici à une réflexion originale d’Hannah Arendt sur la condition de vie humaine comme venue au monde, ce monde commun qui nous précède et nous accueille à la naissance.

Dans La condition de l’homme moderne, Arendt parle en effet du miracle de la naissance, en faisant de la venue au monde l’essence propre de l’homme, prenant le contre-pied d’une tradition philosophique de Platon à Heidegger, qui affirmait tragiquement que vivre revient ni plus ni moins à apprendre à mourir (Cicéron, Montaigne, Schopenhauer, Cioran) et que l’homme se définit essentiellement comme être-pour-la-mort (Heidegger). Au contraire pour la philosophe allemande, « […] les hommes, bien qu’ils doivent mourir, ne sont pas nés pour mourir mais pour innover».

Précisément, la venue d’un nouveau-né  n’est pas une génération spontanée ou la fabrication d’un individu immédiatement autonome pouvant résilier d’emblée son rapport avec le monde. La vie nous est donnée par des liens de filiation. Enfanter représente un agir collectif dans et pour le monde. C’est en cela qu’il existe une dimension politique du naître essentiellement humain et ce, depuis toujours.

Ainsi, contre le fantasme moderne de fabrication en série et bien que les techniques médicales puissent désormais intervenir sur le phénomène de reproduction et de gestation, la naissance n’a pas évolué  biologiquement depuis des siècles.

Un robot par exemple, si similaire à l’homme soit-il, ne vient pas au monde, n’a pas d’enfance et ne peut engendrer au-delà de lui. Cette dimension politique de la reproduction n’est pas la dimension productive des androïdes les plus perfectionnés. En effet, leur absence de descendance et d’histoire projette un cycle de vie gouverné par la fatalité d’opérations efficaces et répétitives mais pas par l’action libre.

Quand la naissance tient son origine dans la sexualité

Baudrillard a ainsi montré que la différence fondamentale qui subsistera toujours entre l’homme et la machine a trait à la sexualité et à la reproduction : « Il peut avoir toutes les qualités sauf une, qui fait la souveraineté de l’homme : le sexe. C’est dans cette limite qu’il exerce sa fascination et sa valeur symbolique […]. La sexualité projetée dans le robot y est neutralisée, désamorcée, conjurée, figée elle aussi dans l’objet qu’elle fige». Dans notre projection d’image sur les robots, nous trouvons jouissance dans la perfection formelle et technique mais notre puissance sexuelle de reproduction s’étiole et nous renvoie à une dimension ontologique primordiale. Et politique.

La naissance a-t-elle à voir avec le caractère unique de l’individu ? 

Nous pouvons alors entendre que la naissance est une co-naissance : l’enfant né mais aussi le monde qui se transforme sous son avènement. Ce phénomène provoque un accueil et un recueillement autour d’un nouveau à préserver. C’est une différence fondamentale avec la mort qui exige souvent le retrait et l’isolement loin de l’espace public. Et c’est ce dernier point qui est important. Voilà en quoi l’Evangile pour Arendt tient une parole de vérité sur l’avènement du nouveau-né: c’est une « bonne nouvelle » qui annonce l’espoir du renouveau et le commencement de quelque chose d’inédit et d’inattendu. La naissance n’est pas un simple processus naturel de reproduction de la vie, mais bien la possibilité d’un être unique, irremplaçable, qui ne se répètera pas. Pour Hannah Arendt, dans La crise de la culture, la définition du miracle est précise : « le miracle c’est ce à quoi on ne pouvait pas s’attendre ».

Chaque enfant peut être autre chose qu’un individu gouverné par les attentes sociales et le conformisme qui fabrique du similaire mais jamais de l’altérité. Voilà l’oubli qui accompagne la venue au monde: plutôt que de chercher à répéter le cycle rassurant des conventions qui appelle progressivement à la ressemblance, une mère possède ce choix politique d’élever un être inimitable et libre. En somme la reproduction biologique ne peut pas se résumer à la reproduction sociale. Car l’enfant est cette manifestation du nouveau dans un monde de semblables et c’est aussi un renouvèlement de la capacité d’agir au milieu des déterminismes familiaux puis sociaux : « le miracle qui sauve le monde, le domaine des affaires humaines, de la ruine normale, “naturelle”, c’est finalement le fait de la natalité, dans lequel s’enracine ontologiquement la faculté d’agir. En d’autres termes : c’est la naissance d’hommes nouveaux, le fait qu’ils commencent à nouveau, l’action dont ils sont capables par droit de naissance».

En somme, le nouveau-né, en venant interrompre le cycle de répétition du même, les automatismes et la distribution programmée des places de chacun dans la société, brise la chaîne du probable et du prévisible. La venue au monde est la survenue de l’altérité radicale et de la pluralité, véritable « loi de la terre » pour Arendt. Son jugement est sans détour: la naissance est la catégorie centrale de la pensée politique. Et c’est cela la force phénoménologique de son propos: naître, c’est sortir de l’ombre, apparaître au monde et venir parmi les hommes. Plus il y a d’hommes, plus il y a de peuples différents possibles, plus le monde s’enrichit politiquement. Et cela signifie aussi : chaque nouveau-né peut remettre potentiellement tout en jeu, sa filiation, ses valeurs, l’ordre du monde. Voilà une position proche de celle de Nietzsche pour qui, à travers la parole de Zarathoustra, l’enfant est le stade suprême du développement de l’homme dans son rapport à la vie :

« L’enfant est innocence et oubli, un nouveau commencement et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, un « oui » sacré. Oui, pour le jeu de la création, mes frères, il est besoin d’un oui sacré. C’est sa volonté que l’esprit veut à présent, c’est son propre monde que veut gagner celui qui est perdu au monde ».

La naissance est notre acte politique premier. Il réside même dans cet avènement, une dimension essentiellement révolutionnaire qu’il ne faut pas perdre de vue, notamment en noyant d’emblée le nouveau-né dans les filets des projections ou des fantasmes.

Le nouveau-né dérange son univers et la tentation est trop forte de l’éduquer au silence et aux bonnes manières pour l’insérer correctement dans la société et le faire valoir comme une progéniture « réussie ».

D’ailleurs, pour conclure, nous pourrions avancer que la natalité française constitue un atout considérable par rapport à d’autres pays européen. En effet, le taux de fécondité reste supérieur à 2,1 enfants par femme soit le niveau nécessaire au seuil de renouvellement des générations. La France est toujours en tête des pays européens en termes de fécondité, avec l’Irlande et le Royaume-Uni.

Précisément, le pays compte plus de 810 000 naissances par an soit près de 2200 par jour. Imaginez la capacité que nous pouvions avoir si chaque nouveau-né représentait vraiment une puissance unique de renouveau, nous appelant presque à renaître nous-même.

Car chaque femme garde secrètement au creux de son corps le pouvoir de surmonter toutes les impasses d’un monde complexe. Alors gardons à l’esprit qu’une naissance apporte avec elle un symbole politique essentiel et que « ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience » (René Char).


Pour aller plus loin : 

(1): Dans La Naissance de la tragédie, Nietzsche raconte une antique légende : le roi Midas part à la recherche du sage Silène, compagnon de Dionysos. Lorsqu’il le trouve, il lui demande quel est le bien suprême. Silène répond : « Misérable race d’éphémères, enfants du hasard et de la peine, pourquoi m’obliger à te dire ce que tu as le moins intérêt à entendre ? Le bien suprême, il t’est absolument inaccessible : c’est de ne pas être né. » D’ailleurs, dans la pièce de Sophocle, alors que se dévoile l’horrible vérité, Oedipe évoque ce désir funeste de ne jamais être né.

(2): Inversement, la naissance peut devenir l’espoir de l’humanité comme dans le roman d’anticipation Les Fils de l’homme de P.D. James, où l’impossibilité définitive de reproduction condamne la société à vénérer les plus jeunes et à attendre l’extinction. Jusqu’au jour où une femme tombe miraculeusement enceinte…

Article paru dans la revue Gestions Hospitalières n° 550 – novembre 2015

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Biographie de l’auteur : 
Directeur des Ressources Humaines chez Hôpital Necker-Enfants Malades, Rédacteur en Chef de la Revue Gestions Hospitalières. Directeur adjoint à l’Hôpital Universitaire Necker-Enfants Malades, ancien élève de l’École des Hautes Études en Santé Publique. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris et titulaire d’une licence de philosophie. Enseignant en Prep’Ena à l’IEP de Paris et auteur de deux essais de philosophie aux Editions Sens&Tonka (« L’homme sans politique », 2017, « Eloge de la dépense », 2015)

Frédéric Spinhirny & JLS

Jean-Luc STANISLAS, Fondateur de managersante.com (photo à droite) tient à remercier vivement Frédéric SPINHIRNY (photo à gauche) pour partager régulièrement ses réflexions dans ses articles passionnants sur les innovations en stratégies managériales pour nos fidèles lecteurs sur notre plateforme d’experts.  


NOUVEL OUVRAGE PUBLIE EN Juillet 2018 :

par notre expert-auteur,  Frédéric SPINHIRNY :

Parution d’un nouvel essai en librairie, vendredi 13 juillet, aux Editions Sens&Tonka, consacré au malaise à l’hôpital public et plus largement aux nouvelles conditions de travail dans les organisations.
Présentation de son ouvrage :
En détresse, sous pression, à bout de souffle, en crise: le diagnostic de l’hôpital public fait régulièrement l’actualité dans les médias. Les symptômes du malaise sont généralement décrits à travers le harcèlement, l’épuisement professionnel, la perte de sens, ou en termes de désengagement, d’absentéisme, de dépression voire de suicide. Les causes désignées sont multiples et souvent ambivalentes: logique du chiffre, concurrence, méthodes de gestion, lean management, mais aussi mandarinat du corps médical, hiérarchie excessive, bureaucratie, individualisme.

Frédéric SPINHIRNY Hôpital et modernité

L’enracinement dans les principes fondamentaux du service public ainsi que la multiplication des problématiques spécifiques au secteur de la santé, font des établissements de soin des lieux complexes à observer et a fortiori à interpréter. Institution républicaine mais également organisation innovante, l’hôpital public est avant tout le miroir des évolutions sociales et des métamorphoses contemporaines du travail. La difficulté de l’exercice est bien là car ce qui ne se conçoit pas bien, ne s’énonce pas clairement.
Mettre des mots précis sur les nouveaux rapports sociaux reste un art délicat, ce qui laisse souvent une impression vague de mal-être, sans définition, ainsi qu’une impossibilité constitutive de trouver des remèdes efficaces. Par conséquent, tous les acteurs de l’hôpital interprètent ces phénomènes à leur avantage ou pour défendre une posture attendue.
C’est toute l’ambition de cet essai, étayé par des textes de sciences humaines et des références managériales: ressaisir ce qui nous file entre les doigts, à chaque fois que nous cherchons les causes de nos difficultés et les solutions à nos malheurs. Pour enfin répondre au malaise.

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Frédéric SPINHIRNY

Directeur des Ressources Humaines chez Hôpital Necker-Enfants Malades, Rédacteur en Chef de la Revue Gestions Hospitalières. Ancien élève de l’École des Hautes Études en Santé Publique. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris et titulaire d’une licence de philosophie. Egalement auteur de trois essais de philosophie aux Editions Sens&Tonka (« Hôpital et Modernité », 2018, "L'homme sans politique", 2017, "Eloge de la dépense", 2015). Son prochain essai paraîtra aux éditions Payot en mars 2020, « Philosophie de la naissance ».

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