N°10, Mai 2017
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Dans l’erreur de Descartes, Antonio Damasio remet l’émotion au premier plan dans le processus d’adaptation, de raisonnement et de prise de décision de l’individu. Un homme coupé de sa faculté à ressentir, même s’il garde sa fonction cognitive de raisonnement, perdra sa capacité à faire des choix réfléchis et adaptés.
Voyons donc le système émotionnel comme le GPS intelligent de l’individu. Il oriente ses choix et ses actions en fonction de ses priorités. Il est à l’origine de la libération de l’énergie utile et nécessaire pour agir.
Pour schématiser, imaginons un briquet.
L’émotion a le rôle de la pierre du briquet. Lorsque Le « briquet » reçoit une friction ( le pouce actionne la molette), cela crée une étincelle et libère le gaz pour créer du feu (l’énergie). J’ utilise ensuite le feu pour l’action à accomplir (allumer une bougie par exemple).
Illustrons ceci d’ un exemple simple :
J’ai un rendez vous important à 14 h. Il est 12 h 30. Je suis occupée à d’autres activités. Je ressens un léger stress dans mon corps. Je regarde l’heure et je m’aperçois qu’il est temps de me préparer. L’émotion est à l’origine du message. Elle m’indique ce qui est important pour moi sur l’instant afin que j’arrive à l’heure à mon rendez-vous. J’arrête donc ce qui m’occupe et je dirige mon attention vers ma priorité.
Il y a plusieurs types d’émotions :
Les émotions simples permettent l’adaptation à la situation du moment. Une voiture me frôle à toute vitesse, j’ai peur je recule pour me protéger. On m’insulte, je me mets en colère pour me faire respecter.
Les émotions élastiques sont des émotions du passé projetée dans le présent. C’est comme si elles étaient reliées entre le passé et le présent par un élastique. Elles ont été refoulées. Elles ressurgissent lorsqu’une situation actuelle nous rappelle inconsciemment une expérience passée. Elles distordent la perception de la réalité d’aujourd’hui puisque la réaction de la personne est disproportionnée par rapport à la situation.
Exemple : Enfant humilié par un de mes professeur, je me retrouve aujourd’hui devant mon patron, tétanisé par la peur.
Les émotions mixtes, sont un mélange de plusieurs émotions qui créent un vécu particulier complexe : la culpabilité, l’amour, la honte…
Croisons ceci avec les neurosciences :
Paul Mac Lean, médecin et neurobiologiste décrit dans les années 50 le concept de cerveau triunique. Il « coupe » le cerveau en trois parties :
Le cerveau reptilien
Le cerveau reptilien est la partie la plus ancienne du cerveau, le volet ancestral. Il régit les fonctions vitales et assure la survie de l’individu. Il régule la respiration, notre rythme cardiaque, le maintien de la température corporelle ainsi que les grandes fonctions autonomes du corps qui nous maintiennent en vie. Il est à l’origine de la satisfaction de nos besoins primaires et vitaux comme le fait de manger de dormir, de se reproduire. Il est responsable de nos instincts de conservation, et de nos comportements archaïques : la lutte la fuite l’inhibition.
Le cerveau limbique
Le deuxième cerveau est le cerveau limbique. Il est divisé en deux parties distinctes qui ont des fonctions différentes et complémentaires
Le paléo-limbique : son rôle est de définir le positionnement « hiérarchique » de l’individu dans un groupe.
le néo-limbique est impliqué dans le contexte des émotions et de l’apprentissage . Il mémorise les comportements agréables et désagréables, et réponds en terme de « j’aime » et « j’aime pas ». C’est grâce à lui que nous identifions ce qui est bien ou mal, autorisé ou non. Il exerce une grande influence sur notre comportement. Il permet l’adaptation à l’environnement social et commande les mécanismes de motivation, ainsi que nos perceptions de réussite et d’échecs.
C’est à ce niveau que s’enregistre nos croyances qui naissent des expériences que nous vivons et encodons a travers nos 5 sens. Il communique avec le pré-frontal en lui adressant des informations d’origine émotionnelle. Si un ressenti est trop fort, a la manière d’un disjoncteur, il inhibe les fonctions du neocortex, et la faculté de raisonnement est gelée. C’est ce qu’il se passe lors d’un très grand trac, ou l’individu est incapable de s’exprimer. La situation est identifiée comme étant un danger et c’est le cerveau reptilien qui prend le relais, préparant l’individu à réagir de manière instinctive.
Le Pré-frontal
Le néocortex est le cerveau le plus récent dans l’évolution. C’est le lieu d’élaboration des pensées, de l’analyse et des prises de décisions. Siège de la créativité et de l’adaptation, c’est a son niveau qu’émergent nos facultés de curiosité, d’imagination, de recul, de nuance. La complexité d’Edgar Morin prend naissance ici, à la différence du néo-limbique dichotomique.
Eveil de l’intelligence émotionnelle, nous pouvons grâce à lui développer des compétences d’assertivité et faire des choix en conscience. Il est à l’origine de l’analyse et du décryptage de nos états internes. Il assure la mise en mots des émotions que nous ressentons. Il nous permet aussi de prendre du recul dans une situation donnée. Nous sommes capables grâce à lui de tirer des leçons de nos expériences et de mettre en place des processus de changement afin d’agir differement. C’est toute la force de sa plasticité. Nous pouvons réapprendre à apprendre, le tout en conscience.
La route de transmission et d’expression de l’information qui relie le cerveau limbique au reptilien est la plus rapide. C’est à dire que lorsqu’une stimulation extérieure impacte un individu, sa réaction première va être instinctive et réflexe. Mon patron sort en furie, j’ai fait une grosse erreur sur un dossier très important. Si ma réaction première instinctive apprise est la lutte, je vais à la confrontation et ce de manière inconsciente, à la manière d’un réflexe. Ceci explique la difficulté à modifier certains de nos comportements. La personne sera seulement ensuite en capacité à mettre une conscience réflexive sur la situation (néocortex), la liaison de communication entre lui et le limbique étant plus lente.
Avec une pratique très régulière de la méditation, cette vitesse de transmission de l’information peut être modifiée. L’individu gagne en conscience et augmente ainsi son libre arbitre. Il devient un peu plus maître de lui même et choisit plus aisément la manière de réagir qui lui convient.
Apportée par Christophe André en France, La mindfullness est une technique de méditation de pleine conscience qui consiste à porter son attention intentionnellement dans le présent en se concentrant sur son expérience émotionnelle ainsi que ses sensations corporelles (agréables et désagréables).
C’est regarder ce qu’il se passe à l’intérieur de soi, en étant simplement l’observateur des mouvement intérieurs qui nous animent. La personne apprend alors à être pleinement consciente de son vécu présent, à ressentir l’expression de la vie en elle, et se détacher de ses pensées. Les bénéfices sont multiples.
Nous n’en citerons que quelques uns : gain en terme de sérénité intérieure, prise de recul sur les processus du mental (les pensées) et émotionnel, perception de la réalité plus éclairée, meilleure gestion de ses émotions…
Pour ce mois ci, je propose pour les plus aventureux novices et aguerris d’expérimenter un moment méditatif…
Prenez soin de vous….
Découvrez la suite de cet article en Juin 2017
Nous remercions vivement Eugénie THEVENON (Coach professionnelle, Infirmière en Santé Mentale), pour partager son expérience professionnelle en proposant sa Rubrique mensuelle, pour nos fidèles lecteurs du Site http://localhost/managersante
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