N°9, Avril 2017
Vous vous souvenez sans doute du film Ali Baba et les quarante voleurs. Ce paysan pauvre qui découvre une caverne au trésor. La caverne des voleurs. Elle regorge de bijoux, de diamants, d’or, des tissus les plus fins et des matériaux les plus merveilleux existant. Lorsqu’il pénètre à l’intérieur Il s’émerveille et s’extasie. Sa vie va changer. Il rit. Sa pauvreté se transforme en noblesse. C’est formidable. Tout est accessible. Tout est possible. Il peut tout s’offrir. La femme qu’il convoite, les plus beaux palais, les meilleurs mets. Sa vie bascule. Il est riche ! Grâce à cette clé : Sésame ouvre toi !
Laissons à Ali Baba la richesse matérielle, et concentrons nous sur la richesse émotionnelle, celle du cœur. Entrons à l’intérieur du refuge émotionnel de l’homme afin de percevoir tout ce que la connaissance de soi, et de ses émotions peut apporter comme valeur ajoutée à la vie de l’individu et à ses interactions avec les autres.
Nous allons pour les mois à venir parler d’un sujet oh combien passionnant. Celui de l’intelligence émotionnelle et à notre rythme nous nous rapprocherons, un pas après l’autre du chemin de son application.
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
Définissons en premier lieu ce qu’est l’intelligence :
Le Larousse nous dit que « l’intelligence est l’aptitude d’un être humain à s’adapter à une situation, à choisir des moyens d’action en fonction des circonstances. »
Longtemps elle a été définie à travers les aptitudes de raisonnements mentals pour s’élargir finalement avec les travaux d’Howard Gardner, de Daniel Golemenan, et de Tony Buzan, à tout un panel d’intelligences qui enrichissent la vision de l’homme et font tomber les idées reçues.
L’homme est intelligent dans son ensemble à travers les possibilités d’expression qui le compose. On parle aujourd’hui de formes d’intelligences diverses et variées (logico mathématique, kinesthésique, interpersonnelle, musicale…).
Qu’est-ce qu’une émotion ?
L’émotion est définie comme une réaction affective subjective soudaine d’intensité variable qui délivre une information sur un vécu réel ou imaginé, immédiat passé ou à venir. Elle est déclenchée par la rencontre d une situation et d’une personne. C’est l’évaluation que je fais de cette situation qui est à l’origine de sa naissance. Deux individus face à une même expérience vont réagir de façon complètement différente.
Prenons l’exemple d’une situation de feedback lors d’une évaluation :
- Une première peut ressentir de la peur en se demandant ce qu’on va lui reprocher,
- une seconde de la colère, elle est déjà prête à se défendre,
- une troisième une pointe d’excitation et de joie elle se dit qu’elle a fait du bon travail toute l’année.
Chaque personne est responsable de ce qu’elle ressent et ceci s’exprime a travers la lecture qu’elle fait de la réalité qu’elle vit.
Croisons maintenant ces deux notions :
Pour Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle est « la capacité à réguler ses émotions et celles des autres, à les distinguer et à utiliser ces informations pour guider sa pensée et ses actions »
Elle correspond à un ensemble d’aptitudes qui permettent à l’individu d’ identifier, de comprendre d’exprimer de réguler et raisonner avec ses propres émotions et celles des autres. Ce groupe de compétences en terme de savoir être conduit l’individu à avoir une conscience affinée de son fonctionnement émotionnel, et co-créer avec celui de l’autre. Elle implique 5 composantes : la conscience de soi, la maitrise de soi, l’empathie, la motivation, et la régulation des relations.
Je vous emmène donc vers une vision pragmatique de notre fonctionnement émotionnel et vous propose quelques pistes pour cheminer vers une plus grande maîtrise de soi et de la relation a l’autre.
Les émotions de bases :
Paul Eckman arrive à la conclusion qu’il existe 6 émotions de bases : la peur, la colère, le dégoût, la tristesse, la joie et la surprise. Chacune à une signification qui lui est propre. Derrière chaque émotion se cache un besoin.
La peur indique un danger réel ou imaginaire, une issue que je ne connais pas. Ainsi, a travers l’énergie libérée elle me prépare à l’action, elle m’invite à la vigilance. A l’extrême elle me tétanise. Elle appelle a être rassurée.
La tristesse révèle la perte de quelque chose d important. Elle appelle à un retour à soi, à remettre un lien de qualité avec moi et /ou l’autre. Elle nécessite d’être consolée
La colère signale un manque de respect, un désaccord entre la réalité extérieure et ma réalité intérieure. Entre ce que je veux et ce qui est. C’est une énergie de changement. Elle invite à être exprimée
Le dégoût porte le message de nocivité, de toxicité, de trop plein. C’est un indicateur pour prendre de la distance avec l’objet concerné.
La surprise est une émotion qui survient lors d’un événement ou d’une information inattendue allant à l’encontre de l’image qu’on s’en faisait.
Et enfin la joie, m’informe que je suis en phase avec ce qu’il se passe sur le moment, c’est bon pour moi, je suis dans la bonne direction.
L’expression de l’émotion :
L’éclosion de l’émotion s’accompagne de réactions physiologiques en cascade qui pousse la personne qui la ressent à passer à l’action. Ainsi si je me sens en colère l’énergie libérée par mon corps m’encourage à agir.
Elle se révèle intérieurement par des sensations corporelles vécues par la personne qui l’éprouve. J’ai peur, mon ventre se serre, mon rythme cardiaque s’accélère.
Elle se manifeste aussi extérieurement par des signaux spécifiques observables à plusieurs niveaux :
- non verbal : la personne rougit
- para-verbal : en colère, elle hausse le ton de sa voix
- comportemental : elle fuit avec la peur
Aller à la découverte de soi :
En attendant la suite, je vous propose une mise en pratique ludique et simple. Aller à l’intérieur de soi même pour ressentir comment chacune des émotions décrites précédemment s’exprime en vous. Vous pouvez faire l’exercice seul ou à plusieurs. Il peut être intéressant d’observer les réactions physiologiques de l’autre si vous êtes à plusieurs.
Pour chaque émotion souvenez-vous d’une expérience vécue. Choisissez des situations plutôt légères.
Par Exemple pour l’émotion de tristesse, je choisis le moment ou j’ai dit au-revoir à ma tante Berthe à la gare après un magnifique séjour passé avec elle.
Lorsque vous avez la situation. Fermez les yeux et replongez vous dans l’expérience, et ressentez ce qu’il se passe dans votre corps. Comment l’émotion vit et s’exprime à l’intérieur de vous.
Belle découverte…
Découvrez la suite de cet article en Mai 2017
Nous remercions vivement Eugénie THEVENON (Coach professionnelle, Infirmière en Santé Mentale), pour partager son expérience professionnelle en proposant sa Rubrique mensuelle, pour nos fidèles lecteurs du Site http://localhost/managersante
8 Responses
bonjour, actuellement étudiante cadre de santé, mon mémoire porte sur l’intelligence émotionnelle du cadre, et l’impact sur la cohésion de l’équipe et l’émergence de l’intelligence collective.
votre article me parle, hâte de lire les suivants, dans l’attente : avez-vous des pistes à me donner?
cordialement
stéphanie
Bonjour Stéphanie,
Il est intéressant de voir que nous sommes plusieurs étudiants cadres à traiter de l’intelligence émotionnelle.
Bon courage pour la dernière ligne droite…
Yannick
Bon courage à vous aussi Yann ici
Dernière ligne droite pour vous aussi
Stéphanie
Bonjour Stéphanie,
merci pour votre commentaire. Je n’ai pas de réponse à la question je partage avec vous ma petite vision de la chose, puisque je n’ai jamais exercé de poste de cadre. Votre cheminement dans la réalisation de votre travail de fin d’étude vous donnera les clefs que vous cherchez j’en suis sure :).
Les interactions humaines sont un peu comme la cuisine étoilée, un savant mélange sagement dosé d »ingredients diverses et variés qui changent à chaque recette, dans chaque contexte ( la cuisson sera differente si j’utilise des materiaux en fonte et en teflon…) avec un résultat qui dependra des conditions de réalisations. Temps de cuisson, température, fraicheur des aliments, qualité des produits…. La liste est longue… Pour arriver finalement au résultat souhaité, l’aboutissement de la recette.
A force de travail et de réajustement, j’arriverai a me rapprocher du visuel, et des saveurs du résultat escompté. Chacun a sa manière de procéder pour réaliser un cheesecake 😉 et ses ptits secrets qui lui son propres. Y a plein de secrets de grands mères qui se transmettent de mère en filles. Mais nous ne sommes pas la pour parler cuisine ;).
Je vois le manager comme un leader avec un role de facilitateur dans l’expression l’articulation et la mise en commun du potentiel des membres de son ou ses équipe(s) vers l’atteinte d’un objectif issu de la vision et des valeurs de l’organisation. Ceci passe aussi à mon sens au dela des competences de gestion proprement dites, par des qualités humaines, des competences relationnelles. L’intelligence émotionnelle peut être une des clés vectrice de réussite. Une communication assertive, de l’humilité,de l’honnetete de la considération de l’implication, la connaissance de soi, ses forces et ses faiblesses, une capacité a se motiver soi et les autres, le droit à l’erreur, une sécurité intérieure, la gestion de se émotions, la capacité a encourager et vouloir faire émerger le meilleur chez l’autre… La liste est longue et chacun y met les critères qu’il veut pour se rapprocher de l’image du rôle qu’il veut incarner.
Voilà ce que je peux vous dire. J’espère que cela vous donnera des pistes de reflexions supplementaires.Profitez bien de ce travail de recherches.
Bien à vous,
Eugenie
Merci beaucoup Eugenie pour cet éclairage !
Avec plaisir Yannick,
Belle journée à vous.
Merci à vous.
Le cheminement poursuit sa progression.
Merci d avoir partage votre point de vue avec nous
Stéphanie