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Comment améliorer le « Bon Usage du Médicament » ? Le Docteur Sophie SERGENT-DECHERF nous apporte son éclairage…

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N°1, Mars 2018


 

Notre système de santé déplore encore plus de 10 000 décès par an et plus de 130 000 hospitalisations en raison d’un usage inapproprié du médicament, selon le Rapport sur la surveillance et le bon usage des médicaments en France (2013) même si les chiffres ne sont pas totalement connus, selon les propos de la Ministre de la santé, Agnès BUZIN. Cette situation préoccupante a fortement mobilisé la communauté des pharmaciens d’officines, et plus largement, les acteurs impliqués dans la prise en charge des patients vulnérables particulièrement exposés, comme les personnes âgées et les patients atteints de pathologies chroniques,  à réfléchir sur l’évolution des stratégies à mettre en place

I/ UN CONTEXTE PRÉOCCUPANT : mais favorable à l’action collective des acteurs de santé

Les pouvoirs publics se sont saisis également de ce fléau pour engager une politique incitative forte visant la promotion d’actions ciblées décrites aujourd’hui dans la Stratégie Nationale de Santé du gouvernement, dans son programme prioritaire pour la période 2018-2022.

Les établissements hospitaliers s’engagent dans un contrat tripartite avec l’ARS (Agence Régionale de Santé) et la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) par la signature d’un CAQES (Contrat d’Amélioration de la Qualité et de l’Efficience des soins) dont le volet obligatoire cible les médicaments et les produits de soins.

Concernant la prise en charge du patient en ambulatoire, les objectifs stratégiques sont l’efficience du parcours et la pertinence des soins. S’agissant du médicament, qui est une chance pour le patient, rappelons-le, cela se traduit donc  par le « bon médicament, au bon moment, pour le bon patient«  (éviter ainsi le « under use », le « mis use » et le « over use ») ;

La convention officinale de 2012 a créé les entretiens pharmaceutiques pour l’accompagnement des patients chroniques : il  reste  encore des axes  à développer et certains décrets d’application de la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire, 2009) pour le développement des missions des pharmaciens sont encore en attente de parution.

Pour parvenir à cette efficience du parcours,  nous assistons à l’émergence d’une collaboration forte entre les acteurs du secteur de la santé, dans le contexte des évolutions de notre système de l’offre de soins ; un lien entre les professionnels de santé en ville ainsi qu’un lien ville-hôpital doit se développer, s’entretenir et s’articuler pour la meilleure prise en charge du patient. Le lien entre le sanitaire et le médico-social est également à promouvoir, du fait de la place grandissante des aidants dans le parcours des patients.

En effet, s’agissant du bon usage du médicament, il est fondamental de pouvoir proposer des leviers stratégiques en faveur de la protection de l’usager consommateur de soins, afin qu’il puisse comprendre et bénéficier des meilleures recommandations pratiques sur les usages appropriés de la consommation de produits de santé, dont les médicaments délivrés sur ordonnance médicale, ou sur conseil du pharmacien d’officine. Outre la bonne compréhension et l’adhésion du patient à son traitement, l’ultime préoccupation consiste à lutter contre le risque iatrogène, et ce risque iatrogène sera minimisé par la connaissance augmentée de l’ensemble des professionnels de santé autour du patient.

C’est dans ce contexte que les Membres du Copil du Collectif « bon usage du médicament »  travaillent depuis  2015 et ont  développé des outils servant à une meilleure connaissance du risque iatrogène. En favorisant les coopérations interprofessionnelles  en partenariat avec les URPS (Union Régionale des Professionnels de Santé) de trois régions et l’UTIP (Union Technique Intersyndicale Pharmaceutique), en 2016/2017, en créant et alimentant un site reflexeiatrogenie.com, Le Copil (Comité de Pilotage) a permis de sensibiliser l’ensemble des acteurs autour du patient, qu’il s’agisse de l’industrie pharmaceutique, des professionnels de santé libéraux, des acteurs de solutions informatiques, des intervenants en santé  ou du monde médico-social. Le site , à disposition des patients, permet une information claire et précise du sujet.

II/ LE RISQUE IATROGÈNE : une réalité

La prévention des risques iatrogènes est possible avec l’engagement fort des acteurs de santé qui interviennent au plus près du patient, et notamment l’étroite collaboration indispensable entre médecins et pharmaciens. A ce titre, plusieurs rencontres ont pu faciliter l’engagement d’actions concrètes visant l’amélioration de la fluidité du parcours du patient entre la ville, notamment dans le but de renforcer la conciliation médicamenteuse et le transfert des données de santé, dans une logique d’optimisation des efforts de coordination. Certains leviers participant au « bon usage du médicament » se matérialisent par des initiatives autour de l’éducation thérapeutique et sur le suivi du traitement du patient lors de son retour au domicile, par exemple.

La coordination interprofessionnelle reste, cependant, une des meilleures manières de bien répondre aux besoins des professionnels de santé et des patients. Il s’agit, alors de mobiliser des outils opérationnels visant à promouvoir la diffusion de d’informations claires et pertinentes pour lutter contre les risques  iatrogéniques. Dans cette perspective, il est utile de rappeler également  l’importance de la communication entre le pharmacien d’officine et le pharmacien hospitalier, puisque les points de ruptures dans le parcours patient sont souvent les zones à haut risque d’incidents (ruptures du traitement, redondances, surdosages, oublis).

Enfin, aucune amélioration des pratiques ne se fera sans le développement de la formation continue partagée pluriprofessionnelle et le renforcement de la formation initiale des professionnels de santé autour de la iatrogénie.

 

III/ INFORMATION & COMMUNICATION : un enjeu de santé publique prioritaire

Par ailleurs, les résultats d’expérimentations menées en Picardie montrent que le message véhiculé de la même manière, mais par des acteurs différents,  apporte une garantie supplémentaire de bonne compréhension.

Exprimé par le pharmacien hospitalier puis relayé par le pharmacien d’officine, tous deux spécialistes du médicament,  le message est entendu  par le patient avec une confiance augmentée ; c’était le cas dans les rencontres Picardes organisées par l’ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural) en 2017 auprès de patients âgés, souvent polymédiqués ; les informations arrivant par voie de presse, médias audio et télévisées  avaient contribué  à un ressenti fort envers l’ effet indésirable d’un  médicament.

Il est fondamental de ne pas laisser les patients seuls avec l’information de santé : cette information et la communication qui en découle doivent  absolument être faites de manière responsable par un professionnel de santé.

A ce titre, plusieurs canaux de communications et technologies de transmissions des informations méritent d’être identifiés pour s’assurer des bonnes informations  et promouvoir celles-ci , comme par exemple :

 

IV/ MIEUX COORDONNER LES ACTEURS : une réglementation incitative

Du côté des avancées législatives et réglementaires, nous pouvons également mettre en évidence des dispositions fortes qui contribuent à traduire une volonté des pouvoirs publics à prendre leurs  responsabilités en faveur de la sécurisation du « bon usage du médicament », avec principalement les points suivants :

Pour les officinaux

 

 

Pour les médecins :

 

V/ 10 PRÉCONISATIONS PROPOSÉES PAR LE COLLECTIF (03/2018) : pour améliorer le « bon usage » du médicament

La lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse constitue, pour les acteurs du secteur médical et pharmaceutique, une priorité clairement affirmée par le cadre réglementaire depuis la Loi du 9 août 2014, relative à la politique de santé publique. Programme National pour la Sécurité des Patients (2013-2017)  pour se traduire aujourd’hui comme un enjeu de santé public décliné dans la Stratégie Nationale de Santé (2018-2022).

C’est justement à l’occasion de la « Tribune pour un bon usage du médicament », organisée à la Maison des Pharmaciens (Paris) Jeudi 22 Mars 2018, que le « Collectif bon usage du médicament », réunissant les acteurs de la chaîne du médicament comme du soin dont des représentants de médecins (la CSMF et les gériatres de la SFGG et du  CNPG), des pharmaciens, des infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes  , de l’industrie pharmaceutique ( le LEEM), des éditeurs de logiciels (CGM), des organismes médico-sociaux (KORIAN), des sociétés de formations (UTIP) et d’information (VIDAL), des laboratoires pharmaceutiques (Téva) et des assurances santé (KLESIA-Malakoff), l’ ADMR, la CNUPL (URPS)  a présenté 10 préconisations.

 

En conclusion, nous pouvons considérer que le chantier de mise en œuvre du « bon usage du médicament » repose essentiellement sur le rôle de tous les acteurs intervenants dans le secteur de la santé. Il est essentiel de promouvoir toutes les initiatives pertinentes visant l’efficience et la sécurité des soins au service du patient dans son parcours de soins, comme dans la prévention de la santé.

 

       


 


Nous remercions vivement  le Docteur Sophie SERGENT-DECHERF (Docteur en pharmacie et membre du Collège de la Pharmacie, Présidente de la Commission de l’Union Régional des Professionnels de Santé, Membre du bureau de la Fédération des Syndicats de Pharmaciens d’Officine, Présidente de la commission URPS et chargée des nouvelles missions avec le Régime obligatoire, les Régimes complémentaires, les ARS et les patients) ,  pour partager son expertise professionnelle pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com

Jean-Luc STANISLAS, Fondateur de managersante.com tient à remercier vivement le Docteur Sophie SERGENT-DECHERF pour partager son expertise pharmaceutique pour managersante.com


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Docteur Sophie SERGENT-DECHERF

Sophie SERGENT-DECHERF est Docteur en pharmacie. Elle est également Diplômée de l’université de Lille et titulaire du Diplôme de politiques Européennes de santé de Strasbourg. Elle est membre du Collège de la Pharmacie. Sophie SERGENT-DECHERF a occupé les fonctions d’Administrateur d’une coopérative de Pharmaciens, Astéra de 2004 à 2016. En 2016, elle rejoint le bureau national de la FSPF (Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France), premier Syndicat National de Pharmaciens. Elle est Présidente de la commission pharmacie clinique et exercice coordonné au bureau national de la FSPF. Elle assumait, jusqu’en Mars 2019, la double mission de coordonner les différents élus de l'URPS (Unions Régionales de Professionnels de Santé) de la FSPF  et de porter les nouvelles missions des pharmaciens d’officine dans la négociation conventionnelle avec la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie), pour la mise en application des dispositions relatives à la Loi portant sur la réforme de notre système de santé en France, et la réussite de la Stratégie Nationale en Santé. Persuadée que la télémédecine fait partie intégrante des nouveaux outils de coordination des équipes de professionnels de santé en ville comme à l’hôpital, elle oeuvre depuis longtemps pour l’intégration des pharmaciens dans le développement des innovations technologiques dans le domaine de la santé. En 2018, elle rentre au CA (Conseil d’Administration) de la Société Française de Télémédecine (SFT). Elle assure l’enseignement sur les affaires réglementaires et anime régulièrement des soirées de formation et d’information sur les avancées professionnelles et la coordination des acteurs de la santé sur les territoires.

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