Nouvel article publié par Jean-Michel PHILIPPON , fondateur du cabinet Initium Coaching et le Club du Leadership.
Il est également auteur de plusieurs ouvrages, notamment le dernier intitulé « GO ! Devenez proactif ! », publié en Septembre 202 aux éditions de la librairie Gereso.
Ce premier espace relationnel de l’autonomie qui répond au besoin d’être est un espace dynamique, assimilable à une danse relationnelle entre l’individu et son écosystème, et plus précisément une danse à 4 temps. Une danse à 4 temps dans laquelle chaque temps à sa pertinence et son utilité selon les situations et les besoins de chacun. 4 temps qui vont rythmer et ajuster dans la relation, le niveau de pouvoir et d’influence d’une partie sur l’autre.
La dépendance
Le premier temps de cette danse de l’autonomie, aussi paradoxale que cela puisse paraître est le temps de la dépendance. En tant qu’individu, si je rentre dans un écosystème, quel qu’il soit, j’ai toujours avec lui une forme de dépendance, une dépendance qui le plus souvent répond aux besoins vitaux de l’écosystème. Mais dans l’aventure du co-élaborateur, cette dépendance est un temps de protection, de ressources, de moyens, de savoirs et in fine de puissance pour l’individu. C’est un temps de cadre, de règles et d’organisation vécu en transparence et en confiance. C’est une dépendance saine, car expliquée, comprise, acceptée et utile.
La contre-dépendance
Le second temps de cette danse est le temps de la contre-dépendance. Un temps d’opposition dans lequel le co-élaborateur va pouvoir, en toute transparence et en toute confiance, s’exprimer sur ce qui ne va pas pour lui dans la relation, en sachant qu’il va être écouté, non jugé et encore moins rejeté. Mais c’est aussi un temps de proposition dans lequel le co-élaborateur va pouvoir exposer son point de vue, ses idées et ses propositions pour améliorer la relation.
L’indépendance
Le 3ème temps de cette danse de l’autonomie est le temps de l’indépendance. C’est pour le co-élaborateur un temps de respiration, de gestion de son temps selon ses besoins professionnels et personnels. C’est aussi un temps de focalisation sur sa mission et ses objectifs en gérant lui-même de nombreux paramètres pour les atteindre. C’est un temps dans lequel l’écosystème lui fait confiance et dans lequel il se sent vraiment responsable de ses actes. C’est le temps de l’empowerment, de la délégation et de la subsidiarité. C’est le temps de la construction de son unicité. C’est, bien entendu, un temps qui a pris beaucoup de place et d’importance dernièrement par l’augmentation du télétravail.
L’interdépendance
Le 4ème temps de cette danse relationnelle entre le co-élaborateur et son écosystème est le temps de l’interdépendance. C’est un temps collectif, de partage, d’échanges, de coopération, de progrès de créativité dans la diversité avec d’autres acteurs de l’écosystème. C’est le temps de la mise en commun pour le bien commun, de la puissance de la diversité par les complémentarités.
On dit souvent que la liberté se gagne et que l’autonomie se construit. Les écosystèmes de demain, entreprises, organisations ou institutions doivent construire cette danse relationnelle à 4 temps entre l’entreprise et ses acteurs, dans laquelle chaque temps est un temps qui rythme l’aventure et qui renforce les liens.
Ce deuxième espace relationnel de l’aventure du co-élaborateur est l’espace de l’engagement et répond au besoin individuel d’appartenir.
Dans cet espace relationnel se trouve tout ce que le co-élaborateur va vivre et ressentir à travers les actions et les interactions avec son écosystème et l’ensemble des autres acteurs. Cet espace n’est pas assimilable à une danse comme l’espace de l’autonomie, mais plutôt à une randonnée ou un cheminement fait d’étapes successives.
Maitrise et confiance
La première étape est la maitrise et la confiance. Le co-élaborateur ressent qu’il est la bonne personne au bon endroit et au bon moment pour être une vraie création de valeur pour son entreprise, que ce soit par ses compétences, ses expériences et ses talents. Cet état de créateur de valeur il le ressent au moment de son recrutement comme durant toutes ses évolutions de postes et de responsabilités dans son écosystème. Il ressent ainsi de la confiance en lui qui lui donne la sécurité de s’engager. Mais il ressent également de la confiance en son entreprise à travers les valeurs qu’elle porte et qu’elle affiche par le biais, entre autres, de sa marque employeur. Il ressent aussi de la confiance en ce que j’appelle la « promesse employeur », qui inclue le contrat de travail ainsi que tous les moyens et ressources mis à sa disposition afin d’être en sécurité, faire du bon travail et de facto mettre en œuvre sa création de valeur. Enfin, par le droit à l’erreur qui lui est accordé, il ressent en lui l’envie d’innover et de créer.
Reconnaissance et croissance
La seconde étape est constituée de la reconnaissance et de la croissance que le co-élaborateur va recevoir durant son aventure. Il va recevoir des signes de reconnaissance de ce qu’il fait, mais aussi de qui il est. Une reconnaissance, bien évidemment par une politique salariale juste et motivante, par un management de proximité avec des échanges et des feed-back réguliers et par une attention portée à son équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Cette reconnaissance participe à son épanouissement et à sa croissance. Une croissance qu’il reçoit également par un suivi personnalisé de formation et d’accompagnements ainsi que par une montée en compétences et en responsabilités par de la délégation par exemple.
Plaisir et fierté
La troisième étape qui vient cette fois de l’intériorité du co-élaborateur, est le plaisir et la fierté. A ce stade de l’aventure, il ressent le plaisir de pouvoir faire un bon travail dans de bonnes conditions. Que ce soit en présentiel ou en distanciel, il travaille avec les bons outils et les bonnes informations. Ainsi il ressent de la fierté car il peut facilement et clairement visualiser sa propre création de valeur dans et pour la globalité de son écosystème. Cette visibilité lui donne le sens de ses actions et de sa mission et la fierté de participer aux réalisations et aux projets de son écosystème.
Partage et coopération
La 4ème et dernière étape de ce cheminement dans l’espace d’engagement est l’étape du partage et de la coopération. Dans cette aventure, le co-élaborateur ressent l’envie de partager et de coopérer avec les autres acteurs et toutes les parties prenantes de son écosystème. Que ce soit au niveau d’un partage opérationnel par du travail en équipe ou en groupes projets, en utilisant et en bénéficiant des outils de l’intelligence collective, ou par un partage convivial par des rencontres informelles ou des temps festifs. Il ressent également l’envie de coopérer en faisant vivre la solidarité et l’entraide, qui lui permettent facilement et sans crainte de demander de l’aide ou d’offrir son soutien.
Ce troisième espace relationnel de l’aventure du co-élaborateur est l’espace de la contribution et répond au besoin individuel devenir, de construire son avenir en cohérence avec celui de son écosystème.
L’écosystème offre au co-élaborateur la possibilité d’apporter sa pierre à l’édifice et c’est en cela que l’entreprise devient « son » entreprise. C’est le temps de l’implication et de l’appropriation. Le co-élaborateur n’est plus seulement concerné par les actions de son écosystème, il est totalement impliqué. C’est cela qui va donner le sens à son activité. C’est dans cet espace relationnel que chacun peut aider l’entreprise à être meilleure pour rendre le monde meilleur.
C’est ici que tout ce qui est RSE devient concret dans l’action de tous. Tous les acteurs de l’entreprise doivent pouvoir participer et construire la mission et la responsabilité sociale, sociétale et environnementale. Chacun se voit offrir l’opportunité de devenir un colibri de la réussite du système entier.
Ces nouvelles responsabilités demandées aux entreprises, souvent hors du cadre de leur propre raison d’être, et vécues comme une contrainte supplémentaire, devient ainsi un vecteur de contribution, d’engagement et de fidélisation qui porte un vrai sens, celui du bien commun. Cette contribution est un sujet auquel sont extrêmement sensibles les jeunes générations.
Toute entreprise est assimilable à un édifice reposant sur 4 piliers essentiels qui en constituent ses fondations et que chacun doit pouvoir contribuer à faire grandir au quotidien.
Les valeurs
Le premier pilier auquel peuvent contribuer tous les acteurs impliqués au sein d’une entreprise « désirable » est le pilier de ses valeurs. Quelles soient humaines, écologiques, sociétales ou environnementales, chacun peut contribuer à les créer, à les faire vivre et à les faire évoluer dans le périmètre de ses responsabilités. Chacun est un « activateur de valeurs » afin de ne pas les laisser figées dans le hall d’entrée de l’entreprise., comme nous le voyons trop souvent.
Chacun peut contribuer au développement de la RSE de son entreprise, et s’engager, s’il le souhaite, dans l’intrapreneuriat social ou environnemental. Il peut également, selon son envie, s’impliquer dans la construction de l’entreprise à mission ou à impact.
La cohésion
Le second pilier sur lequel le co-élaborateur a la capacité de proposer sa contribution est celui de la cohésion. Il va pouvoir être actif à faire vivre la diversité, l’inclusion, la sociabilité dans son entreprise. Il peut s’engager personnellement dans des missions de tutora, de mentora, ou de parrainage. Il a la possibilité de se former et de s’impliquer dans des méthodes d’intelligence collectives. Il ressent également l’envie de créer et de participer à de vrais moments conviviaux et festifs.
La vision
Le 3ème pilier auquel le co-élaborateur peux contribuer dans son entreprise est celui de la vision. Dans cette aventure, il a la possibilité d’aider à dessiner son entreprise de demain, à co-construire sa stratégie comme sa transition écologique. Il est capable de de visualiser et de projeter son avenir avec son écosystème. Cette participation active à construire un avenir commun, procure au co-élaborateur de l’alignement et du sens à ses actions.
Le progrès
Enfin, dans cette aventure, à travers un 4ème pilier, le co-élaborateur, peut incarner une vraie force de progrès pour son entreprise. Par la confiance, l’écoute et l’ouverture qui lui sont accordées, il devient un acteur de l’amélioration continue de son entreprise. Dans cette aventure, il la possibilité d’imaginer, de créer, de tester et de proposer ce qui lui semble contribuer à devenir meilleur pour un monde meilleur.
Nous voici arrivés au terme de l’aventure du co-élaborateur que le modèle d’entreprise désirable permet à chacun de vivre pleinement en satisfaisant ses besoins fondamentaux.
Avec les 3 espaces relationnels et leurs différentes étapes, j’ai souhaité transmettre une carte et une boussole pour cheminer ensemble vers l’entreprise désirable.
Maintenant, c’est à chacun de nous, dans le cadre de nos responsabilités, de mettre en place les moyens et les outils concrets pour avancer.
C’est à chacun de nous de participer à la co-construction de ce modèle adapté à chaque entreprise. Derrière ce modèle désirable il y a de nombreux outils de management, de nombreuses méthodes d’organisation et de nombreux modèles de gouvernance possibles. Ce qui essentiel, c’est de choisir celles et ceux qui garderons en permanence cette vigilance et cette volonté que chacun puisse vivre pleinement cette belle aventure du co-élaborateur.
Si nous avons conscience depuis quelques temps, qu’il est important de remettre l’humain au cœur de l’entreprise, je pense sincèrement qu’il est aujourd’hui essentiel et urgent de mettre l’entreprise au cœur de l’humain.
C’est par cette conscience et cette volonté de créer l’entreprise désirable que chacun souhaitera entrer, agir, contribuer, s’impliquer et rester attaché et fidèle à son entreprise.