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L’essor de la téléradiologie est-il une opportunité à saisir pour les établissements de santé ? Le Dr Olivier BABINET nous fait partager sa vision (Partie 1/2)

Article publié  pour ManagerSante.com, par le Docteur Olivier BABINET, Expert Numérique en Santé, Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (ANAP).

Mars 2024

Dans un monde où le numérique en santé avance à pas de géant, l’imagerie médicale n’échappe pas à sa révolution technologique. Alors que le fossé s’élargit entre l’offre et la demande en imagerie médicale, la téléradiologie émerge comme une solution incontournable face aux défis croissants auxquels sont confrontés les établissements de santé.

Cet article explore la téléradiologie, en s’appuyant sur une nouvelle publication de l’Agence Nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (ANAP), « Déployez sereinement la Téléradiologie ». Elle couvre le pourquoi et le comment de la Téléradiologie : des enjeux aux obligations réglementaires, en passant par le déroulé d’un examen de téléradiologie, un comparatif des opérateurs de téléradiologie, une check-list des points de vigilance et un simulateur médico-économique.

La téléradiologie Quésaco ?

L’imagerie médicale se positionne en première ligne de l’innovation. Cette discipline, essentielle pour le dépistage, le diagnostic (radiographie, échographie, mammographie, scanner, IRM, imagerie nucléaire, …), voire le traitement des maladies, ainsi que le suivi des maladies chroniques, bénéficie désormais d’une avancée technologique majeure : la téléradiologie.

Pour faire face à une inégalité d’accès à l’imagerie médicale dans des territoires sous-dotés, de nombreux établissements de santé publics ont totalement ou partiellement adopté la téléradiologie dans leurs pratiques. Ils ont décidé de faire appel à des sociétés privées de téléradiologie ou de structurer des plateformes de téléradiologie territoriale qui permettent aux établissements de bénéficier d’un service complet incluant plateforme technique, accompagnement et compétences médicales.

Les actes de téléradiologie ne sont pas fortuits ! Ce sont des actes spécialisés de télémédecine, à savoir des actes médicaux réalisés à distance, au moyen d’un dispositif utilisant les technologies de l’information et de la communication (article L. 6313-1 du Code de la santé publique) :

-Le télédiagnostic, qui peut être assimilé à la téléconsultation, permet la prise en charge médicale radiologique à distance d’un patient en l’absence d’un radiologue sur place. Un manipulateur en électroradiologie médicale (MEM) est présent auprès du patient pour la réalisation des images, et l’acte médical est effectué par le radiologue à distance.

-La téléexpertise permet à un radiologue (dit « requérant ») de solliciter à distance l’avis d’un autre radiologue (dit « requis »). Cette interaction peut se faire en temps réel (synchrone) ou en différé (asynchrone), brisant ainsi les barrières géographiques et temporelles qui peuvent entraver l’accès aux soins spécialisés en imagerie médicale.

La téléradiologie représente donc une avancée significative dans le domaine de l’imagerie médicale. Grâce à elle, l’accessibilité et l’efficacité des soins médicaux franchissent un nouveau cap.

Une solution à l'inégalité d'accès à l'imagerie médicale.

Le tableau de l’imagerie médicale montre une nette dichotomie. D’une part, la demande pour des examens d’imagerie médicale ne cesse de croître. D’autre part, cette spécialité doit faire face à des inégalités géographiques marquées et une pénurie de praticiens hospitaliers radiologues, mettant les services d’imagerie sous pression.

Démographie, répartition territoriale et structurelle des radiologues

La démographie des professionnels de l’imagerie médicale n’est globalement pas en tension

Globalement, contrairement à d’autres spécialités médicales, le secteur de l’imagerie médicale n’a pas connu de pression démographique significative. Ces dernières années, le secteur a connu une hausse modeste de 5 % du nombre de radiologues, portant leur total à environ 9 000 à l’aube de 2022.

Par conséquent, les véritables enjeux résident ailleurs…

La répartition géographique des radiologues est en revanche très inégale

Une densité accrue des radiologues est observée principalement sur le pourtour méditerranéen et à Paris. Cette concentration géographique laisse de vastes territoires en manque cruel de radiologues et entraîne délais d’attente interminables, exacerbant les inégalités d’accès flagrantes et pouvant conduire à une rupture de soins dans d’autres territoires.

Un déséquilibre entre l’exercice libéral et l’exercice public, d’après la Cour des comptes

Cette situation est exacerbée par une préférence marquée des radiologues pour l’exercice libéral. 75% des médecins radiologues sont en exercice libéral ou mixte, laissant 25% seulement des salariés hospitaliers au secteur public, notamment dans les CHU et CHR.

Pour ne rien arranger, les établissements de santé publics sont aux prises avec un taux de vacance alarmant et une fuite des talents sans précédent. Les taux de vacance de radiologues hospitaliers sont en augmentation depuis 2015 (46% pour les praticiens à temps plein, 56% pour les praticiens à temps partiel), et la spécialité subit le taux de démission le plus élevé de l’ensemble des spécialités médicales.

Cette situation s’explique par les contraintes de l’exercice en milieu hospitalier, notamment la permanence des soins (garde et astreintes). L’attractivité des plateaux techniques privés et les disparités salariales entre les secteurs public et privé ne font qu’aggraver le problème.

Implantation du parc d’équipement d’imagerie médicale

Comme dans tous les pays de l’OCDE, l’augmentation impressionnante du nombre d’appareils d’IRM et de scanners (+55% et +30% respectivement de 2015 à 2023) témoigne d’une volonté d’expansion du parc d’équipement d’imagerie médicale.

Cette dynamique du nombre de modalités est observée, aussi bien dans le secteur public et privé non lucratif que dans le secteur privé commercial. Le secteur privé commercial, en particulier, se distingue par sa part prépondérante dans cette croissance, concentrant 66 % du parc d’IRM et 55 % des scanners.

Cette dominance indique non seulement une tendance à la privatisation des activités d’imagerie médicale mais également un investissement considérable dans l’acquisition de technologies de pointe par le secteur privé. Cet investissement massif dans des équipements avancés est un moteur clé de l’innovation et de l’efficacité dans le domaine de l’imagerie médicale en coupe, permettant un diagnostic plus rapide et plus précis des patients.

Cette expansion n’est pas seulement quantitative mais également qualitative, reflétant une modernisation et une amélioration continues des services de santé. Il est ainsi remarquable que la majorité de ce parc technologique soit extrêmement récente, avec 70 % des équipements d’IRM et de scanners ayant moins de 5 ans. Cette jeunesse du parc témoigne d’une adoption rapide des dernières avancées technologiques, assurant que les patients bénéficient des techniques d’imagerie les plus avancées disponibles.

Cependant, une ombre au tableau demeure : à l’instar des inégalités observées dans la distribution des radiologues, les modalités en coupe montrent également des disparités régionales significatives. En effet, la densité des scanners peut varier considérablement d’un département à l’autre, allant du simple au triple. Pour les IRM, cette variation est encore plus marquée, avec des ratios allant du simple au quadruple entre les différents départements.

Ils ont adopté la téléradiologie, pourquoi pas vous ? Découvrez les opportunités à saisir...

La téléradiologie est saluée pour ses nombreux avantages : elle assure une flexibilité et un niveau de service élevés, apportant une tranquillité d’esprit tant pour les professionnels de santé que pour les patients. Ce modèle reflète une intégration réussie de la technologie dans les pratiques médicales, garantissant efficacité et réactivité dans la gestion des soins d’imagerie médicale.

A partir de cas d’usage réels, examinons de quelle manière elle apporte des solutions aux interrogations majeures des professionnels de santé et des responsables d’établissements de santé, majoritairement publics, au regard du contexte que nous avons précédemment évoqué.

Opportunité 1 – Vous manquez de radiologues pour garantir la continuité des vacations programmées en journée ?

Dans certains établissements de santé publics, la téléradiologie s’est imposée comme une solution de flexibilité, principalement pour les vacations programmées, assurant ainsi une continuité sans faille des services d’imagerie médicale. Cette approche permet de pallier l’absence des radiologues, due aux congés ou à d’autres motifs, sans avoir à annuler les séances programmées.

Dans ce cas de figure, la permanence des soins est maintenue grâce à une équipe de radiologues interne. Cette configuration offre un soutien solide aux services de réanimation et au SAMU, en apportant un confort accru.

Cet exemple démontre que la téléradiologie, lorsqu’elle est intégrée de manière réfléchie et ciblée, peut offrir des solutions innovantes aux défis organisationnels et opérationnels auxquels sont confrontés les établissements de santé. En fournissant un cadre flexible et fiable pour la gestion des ressources humaines, la téléradiologie se présente comme un outil précieux dans l’amélioration de l’accès aux soins de qualité, renforçant ainsi la capacité des hôpitaux à répondre aux besoins de leurs patients avec efficacité et assurance.

« Au CHU de Reims, la pénurie de radiologues dans les filières neuroradiologie, articulaire/abdomen/digestif et vasculaire/thorax nous amène à faire appel à la téléradiologie pour une partie des vacations programmées. L’outil de téléradiologie est fluide, les manipulateurs l’apprécient. Dans la situation actuelle, nous ne reviendrons pas sur l’ancien outil ! Pour l’heure, nos ressources internes assurent la permanence des soins la nuit mais nous pourrions envisager d’avoir recours à la téléradiologie sur ces périodes au regard de la tension sur les ressources, en particulier au scanner. »

Matthieu Caby, cadre supérieur de pôle Imagerie, CHU Reims

« Au CHU de Saint-Étienne, la téléradiologie est centrée sur les vacations programmées IRM et scanner. La permanence des soins, de jour comme de nuit, est actuellement assurée en interne avec des radiologues seniors et des docteurs juniors. C’est ainsi plus confortable pour le service des urgences, les unités de réanimation et le SAMU.

La téléradiologie nous permet d’assurer un grand nombre d’examens programmés tant sur des vacations disponibles que lorsque les radiologues sont en congés ou absents, effectivement nous avons l’effectif de manipulateurs nécessaire pour assurer l’ouverture 5j/7 en programmation. La téléradiologie présente en outre des avantages en termes de facilité de disponibilité, de facilité de programmation des examens et de services rendus. C’est très aidant ! »

Odile Sirjean, cadre supérieure du pôle IMAGERIES, CHU de Saint-Étienne

Opportunité 2 – Vos urgentistes recherchent une solution stable à la permanence des soins la nuit et le week-end en imagerie médicale ?

D’autres établissements de santé ont intégré la téléradiologie pour combler le déficit de radiologues, tout en assurant la permanence des soins en imagerie médicale durant la nuit et les weekends. Cette technologie permet de concentrer les radiologues sur des examens programmées et d’ajuster l’offre de service face à la pénurie de spécialistes, assurant ainsi les activités critiques telles que les scanners, les IRM et la radiologie générale, 7j/7, 24h/24.

Dans ce cas de figure, l’adoption de la téléradiologie a un impact significatif sur la continuité des soins, tout en priorisant les examens nécessitant impérativement la présence d’un radiologue, comme la mammographie et l’échographie.

Cette approche témoigne de la capacité d’adaptabilité et d’innovation du secteur de la santé face aux défis actuels de l’imagerie médicale, offrant une qualité de soin ininterrompue grâce à la technologie.

« Pour nous, la radiologie est avant tout un outil pour la gestion des ressources rares ! Faute de radiologues en nombre suffisant et pour réduire la pénibilité, nous avons progressivement mis en place la téléradiologie au CHD Vendée, à l’origine pour couvrir 100 % de la permanence des soins en nuit profonde (23h30 à 8h)  , puis la permanence des soins les week-ends et en soirée (18h à 23h30) sur les sites périphériques de Luçon et Montaigu.

Les radiologues du CHD se concentrent sur les vacations programmées. Toutefois, il nous arrive d’utiliser également la téléradiologie comme variable d’ajustement sur quand nous manquons de ressources, notamment pour nos trois scanners.

L’enjeu de cette organisation mixte est considérable pour les patients : nous pouvons assurer une programmation annuelle des scanners et prioriser les secteurs où la présence médicale est obligatoire, comme la mammographie et l’échographie.»

Céline Bodet, Lucie Chouquet, Guillaume Ondet, cadres de santé des services d’imagerie médicale, multi-sites de La Roche-sur-Yon, Luçon et Montaigu, CHD Vendée

Opportunité 3 – Comment maintenir l’activité d’imagerie médicale alors que vous venez de perdre votre dernier radiologue ?

Des établissements de santé sont confronté à un défi majeur pour leur activité en général et l’imagerie médicale en particulier : la perte soudaine de leur unique radiologue ! Face à cette situation critique, la téléradiologie se révèle être une solution d’urgence pour maintenir l’activité d’imagerie médicale en Scanner, IRM et radiologie générale.

Dans un contexte marqué par l’absence totale de radiologues, l’innovation en imagerie médicale prend une nouvelle dimension avec l’introduction de la télé-échographie robotisée dans certains établissements de santé. Cette technologie avant-gardiste permet la réalisation d’échographies (pas toutes) à distance grâce à un robot d’échographie, piloté par une infirmière ou un manipulateur en l’absence de radiologues.

Ce cas extrême souligne l’importance cruciale de la téléradiologie comme bouée de sauvetage en situation de crise. Mais dans des conditions qualitatives toutefois élevées : des délais d’interprétation garantis mettent en lumière la capacité de la téléradiologie à répondre aux exigences de réactivité et de qualité des soins, dans ces situations extrêmes.

« En 2021, lors de l’annonce du départ de l’unique radiologue exerçant au CH Erdre et Loire (CHEL), la direction de l’établissement a lancé un recrutement. Confrontée à la pénurie de radiologues, le CHEL a dû s’orienter vers la télé radiologie H24, déjà utilisée en permanence des soins depuis 2016. L’activité d’imagerie conventionnelle et d’imagerie en coupes a été maintenue et développée sur site grâce à un marché public existant au sein du GHT 44.

Aujourd’hui, 100% des scanners sont interprétés en télé radiologie H24, 7/7.  Des suivis réguliers sont organisés au sein de l’établissement et en partenariat avec le prestataire pour garantir la qualité des interprétations et leurs délais. Les praticiens de l’établissement sont satisfaits de la mise en place de ce dispositif ».

Philippe Ploquin, Cadre supérieur de santé, Pôle Imagerie-Pharmacie, CH Erdre et Loire

Opportunité 4-La communauté médicale souhaiterait sécuriser et/ou élargir l’offre d’imagerie médicale de surspécialités d’organes ?

Dans un paysage médical en constante évolution, la téléradiologie se présente comme une solution innovante pour pallier le manque de radiologues hyper-spécialisés.

Des établissements de santé de premier plan, reconnus pour leur expertise en neurologie, ORL, cardio-vasculaire, pédiatrie, et autres spécialités rares, embrassent cette technologie pour étendre leur portée et améliorer l’accessibilité aux soins spécialisés.

Le partenariat avec des opérateurs de téléradiologie, conditionné à une adhésion stricte aux protocoles par les manipulateurs de radiologie, permet à ces établissements d’offrir leur expertise hautement spécialisée à d’autres établissements de santé.

Dans ce cas particulier, la téléradiologie offre de multiples avantages :

-Accès à des avis spécialisés : elle renforce les possibilités de recourir à un avis spécialisé, garantissant ainsi que les patients puissent bénéficier des meilleures compétences en imagerie médicale, peu importe leur situation géographique.

-Développement de filières cliniques locales : La télé-expertise de radiologues hyper-spécialisés favorise le développement de filières cliniques qui, sans cette technologie, ne pourraient exister. Cela est particulièrement crucial dans les domaines où les spécialistes sont rares.

-Expertise lors des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) : La téléradiologie facilite également l’apport d’expertise radiologique dans les RCP, grâce à l’utilisation de la téléRCP. Cela enrichit la qualité des discussions et des décisions prises au bénéfice des patients.

Cette initiative souligne l’importance de la téléradiologie dans le partage de compétences médicales hautement spécialisées, ouvrant la voie à une meilleure prise en charge des patients nécessitant des examens d’imagerie médicale complexes, tout en renforçant les liens entre les professionnels de santé.

« Notre service d’imagerie médicale offre une prise en charge diagnostique pour les adultes et les enfants. Il est en outre expert en imagerie du cerveau, rachis, ORL et ophtalmologique.

Avec le support organisationnel et technologique indispensable de l’opérateur de téléradiologie, et sous réserve du respect scrupuleux de nos protocoles par les manipulateurs des établissements de santé requérants, nous offrons notre expertise en téléradiologie à plusieurs établissements qui ont besoin de cette surspécialité en neuroradiologie : CHU de Besançon, CHU de Saint-Étienne, CHU de Reims, CH de Cayenne, CH de Point-à-Pitre… »

Dr Jean-Claude Sadik, chef du service imagerie médicale (neuroradiologie diagnostique), Hôpital Fondation Rothschild

Opportunité 5-Vous souhaitez fidéliser les équipes de radiologues dans votre établissement ?

Dans le secteur de la santé, attirer et retenir les talents est crucial, en particulier dans des domaines spécialisés tels que la radiologie. Des établissements de santé se démarquent ainsi par son approche innovante pour fidéliser ses équipes de radiologues, en offrant des conditions de travail flexibles et des opportunités de rémunération supplémentaires.

Par exemple, des établissements ESPIC (Établissement de santé privé d’intérêt collectif) permettent à leurs praticiens titulaires d’avoir une activité de téléradiologie en sus de leur temps hospitalier, une stratégie qui s’est avérée efficace pour fidéliser ses médecins. Cette flexibilité est particulièrement appréciée par les jeunes radiologues. En adaptant les horaires pour permettre la pratique de la téléradiologie, ces établissements ont réussi à maintenir un taux de rétention élevé de ses spécialistes.

« Nos praticiens titulaires ont la possibilité d’avoir une activité en sus de leur temps hospitalier. Cela nous permet de fidéliser nos médecins, en particulier nos jeunes radiologues. Afin de respecter leur temps hospitalier, nous programmons nos vacations jusqu’à 23 h, ce qui permet aux radiologues de concentrer leur temps plein sur trois jours et de pratiquer la téléradiologie sur les deux autres jours de la semaine. Tout le monde est gagnant !

Dr Jean-Claude Sadik, chef du service imagerie médicale (neuroradiologie diagnostique), Hôpital Fondation Rothschild

De leur côté, les établissements publics ne sont pas en reste. Certains ont institué une politique de rémunération avantageuse pour les gardes de téléradiologie et les déplacements inter-sites, grâce à une dérogation conventionnelle liée à la création d’un PIMM (Plateaux d’Imagerie Médicale Mutualisées) public-public en février 2022. Cette initiative, en plus de valoriser l’expertise des radiologues, renforce leur sentiment d’appartenance et leur motivation, en reconnaissant leur contribution essentielle au-delà des frontières traditionnelles de leur établissement.

Les stratégies mises en œuvre par ces établissements illustrent une prise de conscience croissante de l’importance de la fidélisation des talents en santé. En combinant flexibilité des horaires, opportunités de complément de revenu, ces établissements posent les bases d’un modèle durable pour attirer et retenir les professionnels de santé de haut niveau. La téléradiologie, en tant que domaine en pleine expansion, bénéficie directement de ces innovations en gestion des ressources humaines, promettant une amélioration continue de la qualité des soins à distance.

« Les clés du succès de la mise en place de la téléradiologie publique sont la taille de notre équipe médicale qui permet de partager la pénibilité de la permanence de nuit, le passage de quatre à deux lignes de garde de téléradiologie ou encore la sur-rémunération forfaitisée des gardes rendue possible par la création d’un PIMM. »

Dr Frédéric Martineau, chef de pôle Imagerie inter-établissements, GHT Navarre-Côte Basque

« Dans un hôpital comme le CH du Mans, transférer une partie des gardes en téléradiologie permet qu’elles soient moins lourdes, ce qui devient, en l’absence de valence universitaire, un facteur d’attractivité pour les radiologues. »

Dr Francesco Cinquantini, chef de service Imagerie médicale, CH du Mans

Opportunité 6-Au niveau territorial, il devient critique de trouver une solution au déficit de l’offre en imagerie et de fidéliser les radiologues dans un partenariat qui pourrait être soit public-public soit public/privé ?

Dans une ère où le déficit territorial en imagerie médicale pose un défi majeur, des initiatives novatrices en téléradiologie émergent, offrant des solutions de partenariat public-privé et public-public. Ces plateformes territoriales symbolisent une avancée significative vers une meilleure coopération et optimisation des ressources.

Les partenariats public-privé rassemblent téléradiologues libéraux et praticiens hospitaliers dans une collaboration visant à combler les besoins en interprétation radiologique, principalement pour les établissements publics. L’ambition de ces alliances dépasse la simple mise en œuvre technologique, s’attaquant à trois défis : l’élargissement de l’offre radiologique, l’amélioration de l’attractivité pour les radiologues et l’uniformisation des pratiques pour une qualité de soin constante sur tout le territoire.

« Avec le groupement de coopération sanitaire public-privé TReBREIZH, la Bretagne s’est dotée d’une première plateforme régionale collaborative exclusivement dédiée à la téléradiologie.

Lancée en 2022, la plateforme de téléradiologie régionale TReBREIZH  fédère une soixantaine de téléradiologues, libéraux –majoritairement – et hospitaliers publics, qui répondent en journée aux besoins d’interprétation de radiologie conventionnelle et d’imagerie en coupe des établissements publics de 3 GHT bretons : Haute-Bretagne, Rance Émeraude et Armor.

Cette organisation territoriale innovante répond à trois enjeux importants : 

-Permettre le maintien et le développement d’une offre de radiologie dans les territoires actuellement déficitaires dans cette discipline

-Renforcer l’attractivité de l’exercice radiologique en établissement public de santé pour les praticiens publics,

-Harmoniser les pratiques pour garantir un haut niveau qualité pour tous les établissements publics des territoires concernés. »

Frédéric Rimattei, Directeur général adjoint, CHU de Rennes

D’autre part, les partenariats public-public illustrent une réaction innovante à la pénurie de radiologues. Par la mutualisation des ressources au sein des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), ils instaurent par exemple des permanences des soins via téléradiologie. Cette démarche permet non seulement une répartition équilibrée des gardes mais aussi une optimisation des ressources grâce à la réduction des lignes de garde et l’incitation financière des gardes de téléradiologie depuis que des initiatives telles que les Plateaux d’Imagerie Médicale Mutualisées (PIMM) sont lancées en février 2022.

Ces plateformes de téléradiologie, qu’elles soient issues de partenariats public-privé ou public-public, représentent une réponse concrète aux lacunes territoriales en santé, en particulier dans le secteur de l’imagerie médicale. Elles révèlent le potentiel de la téléradiologie comme catalyseur d’innovation dans l’organisation des soins, assurant l’accès aux services de santé dans les régions déficitaires, favorisant l’attrait pour les praticiens et harmonisant les pratiques médicales.

« Nous réalisons une téléradiologie publique pour les établissements publics ! Faute d’effectifs suffisants pour assurer la permanence des soins dans chaque établissement du territoire, et après avoir fait appel dans un premier temps à un opérateur de téléradiologie, nous avons mutualisé la permanence de soins de nuit à partir du CH de Bayonne, avec deux radiologues issus de l’équipe territoriale. À compter de 20 h, ceux-ci font de l’interprétation par téléradiologie pour le compte des autres établissements du GHT. »

Dr Frédéric Martineau, chef de pôle Imagerie inter-établissements, GHT Navarre-Côte Basque

Opportunité 7-Compte tenu de la file active, le taux d’occupation de vos équipements d’imagerie médicale pourrait être mieux valorisé et atteindre aisément le seuil de rentabilité des investissements ?

Pour maximiser le taux d’occupation des équipements d’imagerie médicale, certains établissements de santé publics ont instauré une troisième vacation programmée quotidienne. Ce sont les radiologues de garde d’un site qui basculent en mode téléradiologie pour traiter les examens durant cette session additionnelle, répartie sur plusieurs sites du groupement hospitalier de territoire (GHT).

En répartissant la charge de travail et en prolongeant les heures d’utilisation des machines d’imagerie, cette approche garantit une amélioration notable de l’accès aux soins d’imagerie pour les patients, tout en valorisant le taux d’occupation des équipements par le biais du forfait technique pour les modalités en coupe (IRM, Scanner).

« Le GHT Navarre-Côte Basque a mis en place des vacations en soirée en téléradiologie, réservées pour l’heure aux IRM, également prises en charge par le CH de Bayonne. Cela nous permet d’optimiser le taux d’occupation des machines et d’augmenter les forfaits techniques facturés. »

Dr Frédéric Martineau, Chef de pôle Imagerie inter-établissements, GHT Navarre-Côte Basque

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À travers diverses opportunités et innovations présentées dans cette première partie, la téléradiologie offre des solutions tangibles aux inégalités d’accès en imagerie médicale.

Allant de l’amélioration de la continuité des soins à la fidélisation des talents, sans oublier l’accès aux surspécialités d’organes et le renforcement des partenariats territoriaux, les expériences illustrent la pertinence de la téléradiologie dans le paysage sanitaire. Elles témoignent de l’engagement des acteurs de la santé à intégrer des solutions novatrices pour répondre à la complexité des enjeux médicaux et organisationnels actuels.

Dans ce contexte dynamique, l’avenir de la téléradiologie semble non seulement prometteur mais essentiel à l’évolution de la pratique en imagerie médicale.

Retrouvez-nous dans un mois pour la partie 2 : Comment mettre en place la téléradiologie ?

 

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