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Quel corps engageons-nous au travail ? Marie PEZE nous apporte son regard clinique

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Article rédigé par Marie PEZE,  Docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles à partir de son ouvrage paru aux éditions « Travailler à armes égales ». aux Editions Pearsons (2011), dont les extraits publiés de cet ouvrage ont reçu l’aimable autorisation de son auteur (disposant des droits) pour les lecteurs de ManagerSante.com® 

 


N°29, Mars 2020


Relire l’introduction de l’ouvrage 

 

Le corps organique, le corps subjectif, le corps de métier

 

Quel corps engageons-nous au travail ? Sûrement pas celui rêvé par l’organisation du travail : une force motrice, un réservoir d’énergie linéaire, disciplinarisé, sans rythme physiologique et biologique, sans limite, sans aléa, sans émotion, sans affect, sans faille. Ce corps-là est un moyen, pas une origine.

Outre que notre corps biologique possède ses failles génétiques ou accidentelles, vient s’y ajouter la question de notre subjectivité. S i la question du corps n’est pas simple, c’est que l’esprit n’est jamais loin derrière. Et comment rendre compte des relations entre le corps et l’esprit, de leurs interférences réciproques ? Du corps ou de l’esprit, lequel des deux tient l’autre sous sa coupe ? La pensée peut-elle être considérée indépendamment de son support ? D’ailleurs, la pensée est-elle contenue dans le crâne comme de la confiture dans un bocal ? Comment articuler histoire somatique et histoire psychique ?

En dehors de tout contexte de travail, c’est l’interrogation de la plupart des cliniciens devant la symptomatologie mise en avant par un patient souffrant : à quel corps ai-je affaire ? Corps réel, biologique, le « vrai » corps ? Ou corps imaginaire, « historique », subjectif ? Le questionnement des praticiens désemparés devant des symptômes inclassables se règle souvent grâce au concept poubelle « psychosomatique ».

 

 

L’apparition de symptômes ou de maladies somatiques en réponse à des contraintes psychiques ou affectives est une constatation de bon sens. Les patients ne se privent pas de ces raccourcis rapides : « Mon mari est mort, ça m’a déclenché mon cancer », « Je fais un ulcère avant chaque examen ».

Ces représentations témoignent de l’investissement psychique de notre corps et aussi de notre désir de donner sens à ce qui nous arrive. Elles dépendent de notre histoire singulière, de notre personnalité, de notre culture, et sont en elles-mêmes éminemment respectables.

Le lien de causalité directe entre le psychique et le somatique est également ancré dans la tradition scientifique positiviste. Pour les médecins, certaines maladies ont été réexaminées sous l’influence de la médecine psychosomatique

comme relevant d’une causalité psychologique. Ce sont les grands syndromes classiques : l’ulcère à l’estomac, l’asthme, la rectocolite hémorragique… E n dehors de ces quelques maladies, le médecin est toujours à la recherche d’un facteur pathogène extérieur au corps : microbe, virus, toxique, etc.

La vie psychique est pensée en termes d’activité cérébrale électrique, biochimique, visible à l’IRM . On ne soulignera jamais assez la prépondérance de la fonction visuelle dans l’approche scientifique. L e visible est mesurable donc vrai, les faits psychiques sont invisibles donc soumis à caution : la fameuse subjectivité. L a souffrance humaine est effectivement radiotransparente et ne se perçoit que dans un dialogue intersubjectif.

Dans la même veine, l’évaluation chiffrée de la souffrance au travail est exigée comme seule garante de son existence véritable. Combien de suicides dans une même entreprise avant de considérer que le pourcentage, rapporté à la population globale, est significatif ? En termes humains, un suicide représente 100 % de ce suicide-là.

De surcroît, autour du chiffrage, la bataille est conceptuelle et économique. Économique, car construire le questionnaire qui fera émerger l’indicateur global permettra bien sûr de l’appliquer au plus grand nombre d’entreprises.

Conceptuelle, car il s’agira non pas de rechercher les causes, qui très vite déboucheraient sur le risque de responsabilité civile et pénale de l’entreprise, mais d’utiliser des méthodes scientifiquement neutres et chiffrées, évaluant le bien-être au travail, ce qui aidera à y voir clair uniquement là où on éclaire.

Sur l’origine psychosomatique de la maladie, la position des psychanalystes n’est pas très différente de celle des médecins. Si pour les seconds, quelques maladies seulement peuvent être étiquetées « psychosomatiques », pour les psychanalystes, toutes les maladies organiques se voient dotées de causalité psychique : le psychisme est toujours pour quelque chose dans la mise en route des processus biologiques.

Pour certaines écoles, toutes les somatisations ont un sens, le symbolisme est partout et le modèle de l’hystérie de conversion se généralise. Ainsi, les maladies de peau relèvent de tendances exhibitionnistes, la crise d’asthme est un cri d’amour étouffé à la mère, la colique néphrétique est due à un mauvais calcul, la hernie discale survient quand on en a plein le dos… Christophe Dejours s’interroge avec humour : « Où la somatisation irait-elle se loger si le patient en avait plein les bottes ? Dans la semelle ou les contreforts ? »

En faisant de toute maladie une sorte de production psychique, la mouvance du psychosomatisme répond à nos fantasmes de toute-puissance de l’esprit sur le corps : dans cette logique, un fonctionnement psychique « sans faille » pourrait en effet nous protéger de la maladie. Face à l’intolérable de notre fragilité humaine, face à notre insupportable finitude, la tentation est grande de verser dans la foi aveugle en l’omnipotence de la pensée.

Pour d’autres écoles, la somatisation résulte d’une mise en impasse de la vie psychique, ce qui laisse au psychisme la place de référent principal, mais brillant par son absence. Plusieurs formulations sont proposées. La plus connue fait référence à la théorie du traumatisme de Freud (1920).

Dunbar (1955) émet une théorie des personnalités prédisposées, Sifnéos et Nemiah (1970) décrivent l’alexithymie (incapacité de verbaliser les émotions). Pierre Marty (1963) invente le concept de vie opératoire, sorte de vide de la mentalisation, engageant du coup le corps biologique en première ligne dans la « digestion » des événements de vie difficiles. Dans une telle théorisation, qui à l’époque fit brèche dans la communauté psychanalytique, la décompensation organique témoigne de la faillite des possibilités de représentation, de l’impasse de la mentalisation. Ici, le symptôme somatique est « bête », c’est-à-dire qu’il n’a pas de sens symbolique. Vous imaginez, des psychanalystes osant parler d’absence de sens ! [1]

Retenons que l’on peut découper artificiellement trois secteurs dans l’économie humaine : la mentalisation, la sensorimotricité, la somatisation – penser, bouger, somatiser.

Ces trois secteurs d’« expression » sont très inégalement répartis en chacun de nous, suivant les aléas de notre équipement génétique, du milieu affectif qui a baigné notre enfance, de l’éducation que nous avons reçue, la famille étant un modèle réduit d’une société donnée [2]. Ces trois secteurs sont parties prenantes dans la tentative que nous faisons chaque jour pour maintenir un équilibre somatique et psychologique face aux événements de la vie.

Vous l’aurez compris, le psychisme n’est pas pour nous un facteur psychosocial parmi tant d’autres – et depuis si longtemps le dernier de la liste dans la plupart des études épidémiologiques.

Le psychisme n’est pas un organe supplémentaire, juxtaposable à la musculature, aux organes sensoriels et aux viscères. La vie psychique est un étage d’intégration du fonctionnement des différents organes. Son atteinte se répercute sur la santé mentale aussi bien que physique.

Nous sommes des êtres de langage et de symboles, pas simplement une mécanique de voies nerveuses. Par ces voies passent des influx d’informations qui s’associent à d’autres, plus anciens, réveillant les traces mnésiques liées à l’histoire individuelle de chacun, doublant l’information sensitive présente de toute notre subjectivité.

Notre psychisme est parcouru par une énergie, il est excitable par des stimuli extérieurs, mais aussi de l’intérieur, par nos pulsions érotiques et agressives. Il travaille à maintenir sa tension aussi basse que possible, le grand danger demeurant toujours le débordement, l’angoisse, la surtension douloureuse, la détresse, la crise. Toujours éviter le « trop » d’excitation [3] qui peut balayer sur son passage la personnalité la plus solide.

Alors deux voies, et deux voies seulement, s’offrent à nous pour maintenir cet équilibre : la voie de l’activité mentale et la voie de l’activité sensori-motrice – penser et bouger.

L’activité mentale occupe la majeure partie de nos journées et de nos nuits. Elle n’est pas identique à l’activité intellectuelle. Elle travaille à un fantastique numéro de travestissement. Imaginez une scène de théâtre. Vous êtes dans la salle, public exigeant, bardé de conventions sociales et de l’héritage moral de vos parents. Vous êtes des critiques difficiles. Derrière le décor, si possible ouvragé, attendent les acteurs, costumés, masqués, prêts à jouer leur rôle dans la difficile tension entre s’exhiber et se cacher derrière leur personnage. Car ces acteurs doivent mettre nos pulsions en images, en représentations, en rêves, les incarner dans un scénario qui se nourrit de nos expériences infantiles.

Ainsi liée, tricotée, dynamisée par une mise en récit, toute notre excitation pulsionnelle devient un théâtre, avec des sentiments, des inhibitions, des émotions, des angoisses, des conflits internes, peut-être des symptômes, mais dans un travail de symbolisation demeurant sur la scène psychique, dont nous sommes à la fois les acteurs et le public.

L’activité sensori-motrice est l’autre voie de décharge de l’excitation. Bouger est un bon moyen de se libérer de sa tension interne. Bouger est même supposé libérer la disponibilité à penser. C’est le cas lorsque nous griffonnons sur un papier au cours d’une conversation téléphonique, lorsque nous déambulons pour réfléchir. Ces petites habitudes qui font notre manière d’être au monde sont appelées des «procédés autocalmants ».

 

Parler, se taire, rire, pleurer, s’agiter, fumer sont des comportements qui entrent dans le cadre des décharges rapides, partielles des pulsions et qui soulagent la tension.

Retenez-le, le comportement, les gestes, l’activité musculaire et ses supports anatomiques sont donc parties prenantes dans la gestion de l’excitation. Il faut cependant distinguer deux niveaux de fonctionnement dans la motricité : les activités artistiques, artisanales, certaines activités sportives sont l’aboutissement d’une élaboration mentale préalable, d’un projet psychique intérieur, d’une expression. Elles se rangent dans la catégorie des comportements sublimés. D’autres activités provoquent une simple décharge musculaire directe de l’excitation en court-circuitant la mentalisation. Il s’agit de « faire quelque chose », de s’épuiser physiquement. Le prototype en est la crise de nerfs.

Trop user de la voie comportementale peut donner lieu à la surcharge de certaines fonctions somatiques ou à des pathologies addictives. En effet, la voie motrice est un système de décharge qui peut s’avérer économiquement efficace, mais qui pose problème à plus ou moins long terme. Car le débordement des pulsions sur la motricité peut provoquer des lésions. Le devenir des défoncés du mouvement est aussi l’usure ligamentaire, osseuse, avec ses conséquences mécaniques, ses échéances chirurgicales et les blessures narcissiques de l’atteinte corporelle. S ans parler des ravages qu’entraîne dans l’économie psychosomatique du patient l’impossibilité de recourir désormais à une telle voie d’expression.

Le besoin d’accomplir des exploits physiques masque souvent d’autres buts, plus discrets que le désir d’être le premier, de tromper la mort, qui sont atteints par l’alternance excitation/retour au calme. Quand on pense à Gérard d’Aboville, exploit et courage sont-ils des mots suffisants pour tout dire d’une activité qui consiste à donner 7 000 coups d’aviron par jour sur 10 000 kilomètres, soit dix-sept coups à la minute[4] ?

La mise à contribution excessive des défenses mentales, caractérielles ou comportementales est le lot commun de tout être humain dans le parcours d’une vie. Les événements qui nous affectent (un deuil, un licenciement, une rupture, mais aussi une promotion, une nouvelle relation amoureuse…) modifient l’équilibre de nos investissements et induisent une tension que le psychisme doit décharger par tous les moyens sous peine de traumatisme.

Si mentalisation et sensori-motricité (penser et agir) sont momentanément ou durablement mises hors d’état, le troisième grand secteur d’expression humaine peut alors être convoqué. C’est la somatisation, processus par lequel un conflit qui ne peut trouver d’issue mentale déclenche dans le corps des désordres endocrino-métaboliques, point de départ d’une maladie organique.

Ne nous trompons pas sur les enjeux de ce va-et-vient subtil entre penser et bouger. Il nous protège d’une atteinte somatique. Sans cet amortisseur, les défenses immunitaires sont en première ligne. Quand elles cèdent, progressivement ou brutalement, il y a mort d’homme.

De même que nous vivons dans un corps biologique, nous habitons un deuxième corps, le corps érotique. Tout événement biologique atteint toujours ces deux corps, ce qui lui confère une forme singularisée et humanisée.

La pathologie du corps érotique est par excellence l’hystérie de conversion. L e symptôme de conversion hystérique concerne non pas le corps réel, celui qui est disséqué scientifiquement, mais le corps imaginaire, érotique, qui est une construction. Chaque expérience affective que nous traversons depuis notre naissance y apporte sa pierre. C’est le corps du désir : désir oral du nourrisson pour le sein de sa mère, désir de maîtrise de l’enfant qui contrôle ses sphincters et sa musculature, désir pour le parent de l’autre sexe avec lequel, c’est sûr, il se mariera quand il sera grand.

Notre histoire infantile n’est jamais sans histoires. Sevrage précoce, carence affective, mère méticuleuse ou trop séductrice, père sévère, décès, divorce, traumatismes divers laissent leurs traces, plus ou moins, sur ce corps imaginaire, sur certains organes dont le fonctionnement est alors surinvesti par l’affectivité et acquiert un sens.

Ainsi se définit, parallèlement à l’anatomie réelle, l’anatomie de l’imaginaire, ainsi appelée non parce qu’elle est fausse, mais parce qu’elle relève du fantasme. L ’image que nous avons de notre corps interfère avec le corps réel d’une manière totalement irrespectueuse de la localisation anatomique des organes et de leur finalité fonctionnelle.

Certains êtres humains savent se servir de la valeur symbolique de ce corps imaginaire pour se sortir de certaines impasses. Coincé entre un désir inconscient et l’interdit moral porté contre la réalisation de ce désir, l’hystérique rend malade l’organe dont la signification est un peu trop explosive, l’empêche de fonctionner normalement et donc de réaliser le désir interdit. C’est aussi une façon de lui accorder une importance maladive qui permet de beaucoup en parler.

 

Dans l’hystérie, le choix de l’organe malade est symbolique. Dans la maladie organique, cette signification symbolique primaire est absente. En revanche, un patient peut accorder une signification à sa maladie, un sens secondaire.

C’est par exemple le sens symbolique attaché à la vision qui déclenchera une cécité hystérique. Une cécité diabétique n’a pas de sens primaire, elle peut avoir un sens secondaire si le patient éprouve le besoin de vivre cette pathologie comme une punition, une épreuve du destin.

lire la suite du texte de l’auteur le mois prochain


Pour aller plus loin : 

[1] Christophe Dejours, « Technique psychanalytique et référence au corps érogène en psychosomatique», Revue française de psychosomatique, n° 21, janvier 2002.

[2] Pierre Marty, « G enèse des maladies graves et critères de gravité en psychosomatique», Revue française de psychosomatique, n° 1, PUF, 1991.

[3] Jean Cournut, L’Ordinaire de la passion, PUF, coll. « L e fil rouge », 1991.

[4] G érard Szwec, Les Galériens volontaires, PUF, coll. « É pîtres », 1998.

 

Lire la suite du texte de l’auteure le mois prochain.


        


Nous remercions vivement notre spécialiste, Marie PEZE , psychanalyste et docteur en psychologie, ancien expert judiciaire (2002-2014), est l’initiatrice de la première consultation « Souffrance au travail » au centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre en 1996. À la tête du réseau des consultations Souffrance et Travail, ouvert en 2009 le site internet Souffrance et Travailpour partager son expertise en proposant sa Rubrique mensuelle, pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com 


Biographie de l’auteure :
Docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles. Responsable de l’ouverture de la première consultation hospitalière « Souffrance et Travail » en 1997, responsable du réseau des 130 consultations créées depuis, responsable pédagogique du certificat de spécialisation en psychopathologie du travail du CNAM, avec Christophe Dejours. En parallèle, anime un groupe de réflexion pluridisciplinaire autour des enjeux théorico-cliniques, médico-juridiques des pathologies du travail qui diffuse des connaissances sur le travail humain sur le site souffrance-et-travail.com Bibliographie : Le deuxième corps, Marie PEZE, La Dispute, Paris, 2002. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Pearson, Paris, 2008, Flammarion, collection champs en 2009 Travailler à armes égales, Pearson, 2010 Je suis debout bien que blessée, Josette Lyon, 2014

 


[OUVRAGE]

 


Un cycle de conférences-débats organisé par l’association Cafés Théma

Informations pratiques et conditions d’entrée :

 

Marie PEZE intervient dans le cadre des formations mises en place par l’association Soins aux Professionnels en Santé (SPS) sur toute la France (formations éligibles au développement professionnel continu (DPC).

L’objectif consiste à former les professionnels qui souhaitent accompagner et soutenir en ambulatoire des soignants rendus vulnérables, et construire ainsi le premier réseau national.


[PLATEFORME D’ÉCOUTE TÉLÉPHONIQUE  SPS NATIONALE]

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Marie PEZE

Docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles. Responsable de l’ouverture de la première consultation hospitalière « Souffrance et Travail » en 1997, responsable du réseau des 130 consultations créées depuis, responsable pédagogique du certificat de spécialisation en psychopathologie du travail du CNAM, avec Christophe Dejours. En parallèle, anime un groupe de réflexion pluridisciplinaire autour des enjeux théorico-cliniques, médico-juridiques des pathologies du travail qui diffuse des connaissances sur le travail humain sur le site souffrance-et-travail.com Bibliographie : Le deuxième corps, Marie PEZE, La Dispute, Paris, 2002. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Pearson, Paris, 2008, Flammarion, collection champs en 2009 Travailler à armes égales, Pearson, 2010 Je suis debout bien que blessée, Josette Lyon, 2014

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