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Quel sera l’avenir des EHPAD ? plus qu’un lieu de vie, selon Guillaume JEUNOT

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N°3, Avril 2019


 

Article publié  par notre nouvel expert, Guillaume JEUNOT (Ancien Responsable de la sécurité des Systèmes d’Information et Délégué à la protection des données chez le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) de Vendée). Membre de la SoFGRES (Société Française de la Gestion des Risques en Etablissement de Santé). Il est Diplômé d’un Master à l’Université de Toulouse en Biotechnologies et Bio-industries et formé en 2016 à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN, Établissement public, à dimension interministérielle, placé sous la tutelle du Premier ministre) à l’intelligence économique et stratégique.

* Un glossaire à la  fin de cet article

Notre actuelle Ministre de la Santé et des Solidarités, Madame Agnès Buzin dans son discours du 28 mars 2019 à l’occasion de la remise du rapport Libault sur la Concertation Grand Âge et Autonomie a utilisée ces mots : “A l’échelle de tous, le vieillissement et la perspective de la fin de vie sont des évidences absolues. A l’échelle de chacun, et lorsqu’ils concernent nos proches, ils composent une vérité refusée, parfois douloureuse.” Quant au Professeur Georges Fauré, spécialisé en Droit de la Famille et au Droit de la Santé à Université Picardie Jules Verne, il nous rappelait une réalité lors du Colloque sur la situation et l’avenir des Ehpad à Amiens de mi avril 2019 : la population des Ehpad serait multipliée par deux d’ici 25 ans.

Source: INSEE

Alors quel pourrait être l’avenir de ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, « établissements et services sociaux et médico-sociaux » au sens de l’article L. 312-1-I 6e du Code de l’action sociale et des familles (CASF) ?

Un miroir à notre humanité : le temps qui passe en EHPAD

Lorsque j’étais étudiant, j’ai été confronté à une réalité que je ne soupçonnais pas : la dépendance. Pendant deux étés, à l’occasion de des activités de soins autour d’hygiène corporel et des prestations hôtelières auprès des résidents  (toilettes, de l’aide aux repas et en accompagnement des soignants). J’étais face à des personnes ne pouvant plus vivre seules. Elles étaient atteintes de maladies dégénératives, parfois accueillies dans ces structures très jeunes, à peine 60 ans, ou bien souffrant de handicaps très invalidants comme l’obésité, ou encore à l’occasion d’un accident, une sclérose en plaque, une atteinte de maladies mentales ne leur permettant plus une vie sociale “normale”, ou simplement en fin de vie.

Mais l’image qui m’a le plus marquée est celle de cette mamie assise sur son fauteuil face à sa porte.  Chaque jour elle me disait ses mots : “bonjour jeune homme, mon mari va bientôt venir me chercher pour rentrer à la maison, pouvez-vous me descendre ma valise s’il vous plaît”.  Alors, comme d’habitude, je lui expliquais que son mari ne viendrait pas. Puis je prenais cinq minutes d’un temps qui ne me coûtait rien pour m’assoir avec elle et être la seule relation humaine qu’elle aurait en dehors d’une prise en charge.

Alors oui, ce temps de quelques minutes me ne coûtait rien, moi étudiant, qui n’avait rien d’autre à faire après qu’allait boire une bière avec les potes.

Mais, quelle valeur a-t-il pour notre société ? Quelle valeur a-t-il dans l’organisation des journées de vie de nos personnes dépendantes ? Quelle valeur a-t-il dans le plan de financement de ces structures d’accueil et d’hébergement ?

Comment préserver le lien social intergénérationnel en EHPAD ?

Aujourd’hui, les initiatives se multiplient pour que les établissements du type EHPAD s’ouvrent. Les échanges avec les écoles maternelles et primaires ne sont plus des exceptions.

Des approches, comme l’Humanitude importée en France dans les années 1989 est appliquée à l’EHPAD des Mimosas de Commequiers, développent les concepts de l’adaptation du soignant au patient, de lien social et d’approches non-médicamenteuses.

Des projets plus ambitieux structurellement, comme à Tourcoing, aboutissent à la création d’établissement combinant crèche et maison de retraite et participent à créer ce lien. Ces initiatives participent à changer le visage de notre société et méritent d’être soutenues par nos pouvoirs publics. En effet cette solidarité, parfois intergénérationnelle, nécessite une attention particulière pour garantir le bien-être de chacun. C’est une réalité à promouvoir avec des moyens suffisants doivent lui être accordée.

85% des personnes souhaitent vieillir chez elles.

Quand les nouvelles technologies apparaissent en EHPAD

De manière surprenante, les nouvelles technologies peuvent apporter des réponses à ce besoin d’ouverture de l’EHPAD, et donc de ses résidents. Aujourd’hui des voyages au travers de la réalité virtuelle permettent à des pensionnaires à s’évader.

Quand on sait que 85% des personnes souhaitent vieillir chez elles (source ?). L’apport des nouvelles technologies est indéniable au maintien dans l’autonomie.

La domotique investit déjà nos quotidiens et continue à développer de nouveaux services permettant le maintien à domicile et permet d’améliorer les conditions de vie.  Des initiatives de service de vidéo surveillance permettent une aide personnalisée à des patients atteints de la maladie comme Alzheimer ou Parkinson. Cette technique permet de rassurer et de guider à distance ses proches dépendants.

“Chaque année, environ un tiers des personnes âgées de 65 ans et plus vivant dans leur domicile chutent” .

Des systèmes de capteurs, dit intelligent, participent à la détection de chute, 12000 par an, tout en optimisant la protection de la vie privée en ne transmettant que les alertes.

La lutte contre les chutes passe également par les serious games dont l’impact sur les capacités de marche et de l’équilibre a été démontré.

Les nouvelles technologies vont également dans le sens de maintien de la vie sociale en permettant la mobilité. Je pense au système de géolocalisation permettant de s’assurer qu’une personne reste bien dans son espace de vie et qui est capable de déclencher des alertes en cas de situations anormales. Je pense également à l’enjeu important des véhicules autonomes personnels, taxi, voir ambulance. L’autonomie par la mobilité est un enjeu majeur qui dépasse largement la question de fixer un âge pour tester l’aptitude à la conduite.

Les liens sociaux et humains, les méthodologies et les technologies sont autant de sujets aussi importants que le soin pour permettre d’asseoir nos structures d’accueil de leur rôle de lieu de vie. En ruralité, peut-être plus encore qu’en ville, ce besoin se fait prégnant.


Glossaire

Réalité virtuelle : technologie informatique qui simule la présence physique d’un utilisateur dans un environnement artificiellement généré par des logiciels.

Domotique : englobe les différentes techniques qui permettent de contrôler, de programmer et d’automatiser une habitation.

Serious games : ou jeu sérieux est une activité qui combine une intention « sérieuse » — de type pédagogique, informative, communicationnelle, marketing, idéologique ou d’entraînement — avec des ressorts ludiques.


 Bibliographie pour aller plus loin : 

 

Nous remercions vivement le Guillaume JEUNOT (Responsable de la sécurité des Systèmes d’Information et Délégué à la protection des données chez le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) de Vendée), membre de la SoFGRES (Société Française de la Gestion des Risques en Etablissement de Santé), pour partager son expertise professionnelle pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com


Biographie de Guillaume JEUNOT :
Ancien Responsable de la sécurité des Systèmes d’Information et Délégué à la protection des données chez le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) de Vendée.
Diplômé d’un Master à l’Université de Toulouse en Biotechnologies et Bio-industries et formé en 2016 à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN, Établissement public, à dimension interministérielle, placé sous la tutelle du Premier ministre) à l’intelligence économique et stratégique.
Il anime la commission Santé & IE de l’association IE-IHEDN et le groupe de travail sur le Cyber et les administrations dans la commission cyber stratégie de l’UNION-IHEDN.
Il s’intéresse aujourd’hui aux différentes mutations des systèmes d’information de santé, qu’elles soient dans leurs gouvernances, leurs technologies ou leurs finalités.
Son expertise consiste à assurer et mettre en cohérence la sécurité des systèmes d’information, pour permettre la confiance, aussi bien intra que cyber, dans ses dimensions de conformité réglementaire et opérationnelle.
Il s’appuie sur les mécanismes de l’intelligence sociétale et stratégique pour privilégier une approche pragmatique dans l’analyse et favoriser l’intelligence collective.
Membre de la SoFGRES (Société Française de la Gestion des Risques en Etablissement de Santé), il intervient lors des congrès et colloques en qualité d’expert sur son domaine d’activité en lien avec les problématiques SIH des établissements de santé.

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Guillaume JEUNOT

Ancien Responsable de la sécurité des Systèmes d'Information et Délégué à la protection des données chez le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) de Vendée. Diplômé d'un Master à l'Université de Toulouse en Biotechnologies et Bio-industries et formé en 2016 à l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN, Établissement public, à dimension interministérielle, placé sous la tutelle du Premier ministre) à l'intelligence économique et stratégique. Il anime la commission Santé & IE de l'association IE-IHEDN et le groupe de travail sur le Cyber et les administrations dans la commission cyber stratégie de l'UNION-IHEDN. Il s'intéresse aujourd'hui aux différentes mutations des systèmes d'information de santé, qu'elles soient dans leurs gouvernances, leurs technologies ou leurs finalités. Son expertise consiste à assurer et mettre en cohérence la sécurité des systèmes d'information, pour permettre la confiance, aussi bien intra que cyber, dans ses dimensions de conformité réglementaire et opérationnelle. Il s'appuie sur les mécanismes de l'intelligence sociétale et stratégique pour privilégier une approche pragmatique dans l'analyse et favoriser l’intelligence collective. Membre de la SoFGRES (Société Française de la Gestion des Risques en Etablissement de Santé), il intervient lors des congrès et colloques en qualité d'expert sur son domaine d'activité en lien avec les problématiques SIH des établissements de santé.

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