N°12, Novembre 2017
Pour clore la série d’introduction à l’intelligence émotionnelle, je vous propose aujourd’hui, un rapide résumé à travers la vision professionnelle que j’en ai… Je vous propose une présentation synthétique de quelques uns de nos filtres cognitifs qui font de nous des êtres humains… avec quelques stratégies relationnelles et l’ouverture à un niveau supérieur….
Intelligence émotionnelle : de quoi parlons-nous ?
C’est un ensemble de compétences pour maintenir un équilibre affectif et une harmonie relationnelle, afin d’ouvrir un champ de création commun de possibles.
- Cela implique de percevoir que ce que l’autre nous dit finalement n’est que l’expression de ce qu’il ressent, voit, et entend. En deux mot « son expérience ». Le vécu qu’il a dans le moment présent par rapport à ses filtres.
- C’est choisir de prendre conscience que ce que nous ressentons n’est que notre expérience en lien avec l’angle du vue que nous posons sur une situation.
- C’est faire preuve d’intelligence et de conscience dans l’interaction en s’ouvrant aux différences par un accueil empathique de notre vérité intérieure et de celle de l’autre.
Si l’individu en face de moi est en colère, au fond de lui il a forcement de bonnes raisons. Si je suis en colère, j’ai aussi de très bonnes raisons. Une des subtilités consiste à percevoir si l’émotion, ici la colère est en lien avec la situation vécue et est une émotion « simple » ( confère article n°2 de l’intelligence émotionnelle), rattachée a une expérience antérieure (émotion élastique), ou imaginée.
Pour cela il suffit d’écouter activement son propre vécu et celui de l’autre. Dans le cas d’une écoute active de notre interlocuteur, il importe de se distancier l’espace d’un instant de son cadre de références pour entrer progressivement tout en douceur en contact avec celui de l’autre. Se mettre dans une posture d’accueil de ce qui se vit ici et maintenant.
La méditation est une aide précieuse au vécu de l’instant présent et au détachement de son mental ( les pensées ).
On peut voir la rencontre de l’autre comme une forme de tourisme :
« Le tourisme de l’humain »
A la manière de la visite d un nouveau pays, je découvre l’expression des ses spécificités : sa gastronomie, ses épices, ses couleurs, ses odeurs, son accent, ses reliefs, son langage… à chaque nouvelle rencontre, je peux choisir d’enfiler une casquette de curiosité, et de m’ouvrir comme je le ferai en voyage, à la singularité du paysage de la carte du monde de l’autre.
Ce qui est magique dans la relation, c’est que quand l’autre se sent accueilli authentiquement, il manifeste à son tour de la curiosité…
- Être intelligent émotionnellement c’est faire preuve d un certain doigté et d’acuité par rapport à soi même et ce que l’on ressent. Une fine lecture intérieure de ce qui nous anime et une mise en mouvement vers l’extérieur à travers la juste mélodie des mots. En sommes, transformer ses émotions, ses pensées en mots et les communiquer sainement avec assertivite.
- C’est savoir se remettre en question et reconnaître lorsque l’on se trompe. L’erreur fait partie intégrante du processus d’apprentissage. L’enfant avant de réussir à marcher tombe des centaines, voire un millier de fois. Lorsqu’elle est mise à profit de manière constructive, l’erreur est un puissant levier de performance.
- C’est prendre ses responsabilités dans une situation donnée.
- C’est aussi savoir dire non et choisir.
- Être authentique honnête et créer la confiance.
- Incarner ce que l’on dit. Pour pouvoir inspirer et influencer positivement les autres. Imaginez vous allez chez le dentiste et que celui ci ait une dentition noire et complètement cariée…Allez vous vous sentir à l’aise en confiance et en sécurité pour lui confier votre bouche ?
- Rayonner ce que l’on est, et le partager.
Ces qualités d’être implique une sécurité intérieure nourries par une saine estime de soi, de la confiance, en soi, en l’autre, et dans le champ de tous les possibles que permet la relation.
Mon État intérieur influence la relation et ce de manière très inconsciente.
L’être humain est ainsi fait qu’il perçoit intuitivement ce qui n’est pas dit. Alors si consciemment je m’autorise en m’aventurant à changer l’angle de vue et la résonance d’une situation dans laquelle je vis un état interne désagréable, j’impacte un changement dans l’interaction à l’autre, donc dans la relation. Il ne s’agit pas de nier ce que l’on ressent ni de se mentir.
Il est tout à fait légitime d’être en colère quand quelqu’un vous manque de respect, ne respecte pas un engagement ou vos valeurs… Je parle ici de biais cognitif souvent inconscients qui naissent de nos filtres, de nos processus de traitement de l’information, et de nos croyances.
Je parle aussi d’intelligence de relation et de choix.
Si l’interaction avec mon supérieur hiérarchique, avec mon collaborateur, est tendue pour diverses raisons, je peux choisir de faire preuve d’intelligence et orienter la vision que j’en ai (à la manière du réglage d’un rétroviseur ) en faisant preuve d’empathie, de bienveillance pour mettre en place un recadrage de perception ( dans un sens et/ou dans l’autre ).
Quelle différence ressentez vous lorsque quelqu’un vous accueille avec un sourire bienveillant, et à l’inverse froidement en faisant une tête de six pieds de long ou agacé ? Allons encore un peu plus loin. Qu’est ce que cela change, si vous vous sentez vous même agacé, triste, déçu et qu’une autre personne vous accueille de manière bienveillante?
Imaginez une infirmière qui rentre dans votre chambre avec le sourire et une autre qui semble en colère….
Ce qui est intéressant, c’est que même si je n’ai pas la main mise sur le comportement et le ressenti de l’autre, je peux influencer son état interne et sa réceptivité en choisissant de modifier la posture que j’adopte.
Les protagonistes de l’interaction sont co-écrivains et co-responsables de la relation :
- Manager / Collaborateur
- Soignant / Patient
- Parent / Enfant
- Conjoint / Conjoint
- Enseignant / Étudiant
- Instituteur / Écolier…
Et si, au lieu de me fermer et de réagir, je faisais preuve de curiosité ?
« Je sais que je ne sais rien » disait Socrate.
Et finalement nous ne savons que très peu de choses.
Et si je me trompais simplement par rapport à la perception que j’ai de la situation?
Est ce que cela touche mon égo car j’aspire à avoir raison ?
Le méta-modèle en PNL est un outil puissant de questionnement du langage qui permet de mettre à jour nos représentations limitées.
Je ne développerai pas en profondeur ici, je laisse le soin aux plus curieux d’entre vous de faire leurs propres recherches, mais je vous propose d’identifier quelques processus de distorsions qui font que la relation à l’autre peut être limitée et limitante.
- La lecture de pensée : c’est un processus dans lequel nous projetons nos critères personnels et pensons savoir ce que l’autre pense, par pseudo déduction, par analyse, par habitude… Nous créons ainsi des théories imaginaires et fantasques… Qui ne sont que des théories dans la mesure où nous ne sommes pas dans la tête de l’autre et que dans bien des cas nous ne vérifions pas ce que nous pensons au sujet de l’autre… Mais qu’est ce qui t’amène à penser ça ?
- Équivalence complexe : c’est créer un lien logique entre deux éléments qui n’en ont pas forcement. Mon chef ne m’a pas dit bonjour, alors il ne m’aime pas. Et qu’est ce qui prouve ce que tu avances ? Comment sais tu cela ?
- Présupposition : anticiper de façon imaginaire une situation et/ou un élément implicite pour lui donner du sens. Excusez moi de vous déranger… S’il savait cela, il agirait de cette manière…
Et finalement comment sais tu cela ?
Nous parlons d’intelligence émotionnelle à une dimension « inter-humaine », nous pourrions aussi pour élargir la réflexion et ouvrir l’intelligence émotionnelle à un niveau supérieur. Monter un barreau de l’échelle de notre vision, prendre de la hauteur et élargir à l’échelle de l’organisation.
L’humain, vecteur essentiel au bon fonctionnement de l’entreprise, reviendrait très justement au centre de l’intérêt du développement économique pour sortir de l’esclavage de la rentabilité imposée par des conditions de travail de plus en plus difficiles dans certains secteurs d’activités.
L’organisation penserait le travail en adéquation avec ses besoins intrinsèques ses valeurs et aussi ceux de l’homme, en prenant en compte le respect de son bien être couplé aux objectifs de production. L’organisation mettrait en lien stratégies d’actions, économiques et intelligence émotionnelle fonctionnelle et situationnelle pour l’épanouissement de l’individu en son sein…
Je vous remercie pour votre fidélité, prenez soin de vous et au plaisir de vous retrouver lors d’un prochain article…
Nous remercions vivement Eugénie THEVENON (Coach professionnelle, Infirmière en Santé Mentale), pour partager son expérience professionnelle pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com