Article rédigé par notre experte, Fanny NUSBAUM, Docteur en psychologie et chercheur en neurosciences à l’Université Lyon-I. Elle dirige le Centre PSYRENE et le Fonds PSYRENE pour l’intelligence. Elle a notamment publié, avec Olivier Revol et Dominique Sappey-Marinier, « Les Philo-cognitifs » et plus récemment un ouvrage publié aux éditions Odile Jacob intitulé “Le Secret des PERFORMANTS”, le 13 Janvier 2021.
N°1, Avril 2021
La situation pandémique que nous avons vécue montre, s’il en était besoin, que le niveau d’études, le QI, la philocognition… ne font pas l’intelligence. Toutes les fines lames de la réflexion se sont mobilisées durant une année pour nous sortir de là ; et pourtant, malgré les bonnes volontés, on a senti que les choses et la vie leur résistaient presqu’autant qu’à nous tous.
Aussi, au quotidien et depuis toujours, dans son entourage, chacun a pu identifier au moins une personne dont il s’est dit : « Mais comment un esprit si brillant peut-il être aussi empoté ?! ». À l’école, combien d’enfants philocognitifs se trouvent-ils en difficulté pour montrer ce dont ils sont capables intellectuellement, alors que l’école devrait être la sphère d’accomplissement rêvée pour voir leurs capacités s’exprimer ?
En entreprise, combien d’individus à l’esprit aiguisé et au CV impressionnant n’ont su produire qu’un effet « Pschitt » quand ils ont dû se montrer efficaces, si ce n’est performants ? Alors, on a cherché du côté des « soft skills » (« intelligence » émotionnelle), très à la mode en ce moment. La logique était simple : ils ont l’esprit, mais pas le cœur. Si l’on ajoute le cœur (l’empathie, la communication, l’écoute…), alors ça peut être le jackpot pour l’intelligence et la productivité… eh non, toujours pas.
L’ambiance au bureau est peut-être meilleure, on se dit les choses plus poliment, on communique de façon « non violente », on entretient son assertivité et on ne dit jamais : « Tu m’emmerdes », mais « J’ai été blessée par les mots que tu as prononcés tout à l’heure ; je sais que ce n’était pas ton intention, mais j’aimerais beaucoup que nous en parlions quand nous serons plus calmes ». Alors non, joli CV + soft skills (« talents mous », en français), ne créent pas davantage d’intelligence au travail. Pire, ça ne crée pas de mieux-être non plus, malgré l’ambiance plus polie et policée. Gallup nous annonce ainsi des chiffres alarmants : au travail, là où ils passent la moitié de leur temps d’éveil, 9% seulement des français se disent heureux et 6% seulement se disent engagés.
Alors, que se passe-t-il ; où est l'intelligence, celle qui nous grandit, celle qui nous transcende, celle qui donne du sens à son quotidien ? Si l'intelligence n'est ni dans le spirituel, ni dans l'émotionnel, où se cache-t-elle ? Et qu'est-ce que c'est, l'intelligence, en fait ?
Voilà donc tout l’objet de mon livre, Le Secret des Performants : comprendre ce que c’est vraiment que l’intelligence et réaliser que son apothéose n’est pas la réflexion la plus complexe qui soit, mais la performance.
J’ai bien longtemps été gênée par ce que l’on mettait (moi comprise) derrière « Intelligence ». En substance, il y avait ceux qui, dans la lignée d’Howard Gardner, voyaient des intelligences multiples, 7, puis 8, puis 9, logico-mathématique, naturaliste, kinesthésique… et « ceux du facteur g », enfants de Spearman, Cattell, Binet & Co, qui ne voyaient qu’une seule intelligence, celle du raisonnement, du QI élevé, ou de ce que j’ai appelé dans mon livre précédent, les philocognitifs, ces individus à la pensée incessante. Quand on parle, encore aujourd’hui, d’intelligence « toute seule », sans y accoler « émotionnelle, naturaliste, etc. », on parle de cette idée-là, que l’Intelligence avec un grand « I », c’est du raisonnement, de la réflexion de haut niveau.
Or si, bien sûr, je ne remets pas en cause les manifestations d’une certaine supériorité de chacun d’entre nous dans un domaine ou un autre, que ce soit la philocognition ou les « multiples » de Gardner, je ne vois pas en quoi ces manifestations seraient assimilables à de l’intelligence. Il s’agit simplement de capacités. Chacun de nous connaît des capacités au moins un peu meilleures que celles des autres dans un domaine particulier. Mais dire que quelqu’un possède des capacités — fussent-elles de raisonnement —, de meilleur niveau, ne dit absolument pas que cette personne est en intelligence. Il y a eu jusqu’à présent une confusion massive entre capacité et intelligence.
L'intelligence n'est pas la capacité, mais le processus qui va mener un individu à voir ses capacités révélées au mieux.
On a confondu l’image et son révélateur. L’intelligence est un ÉTAT, au même titre que l’état amoureux ou l’état méditatif. Et, comme tout état, il en existe différents niveaux, degrés ou sous-états : l’antiphase, qui mène à l’échec et à la dévalorisation sociale ; la phase, où l’on est en compétence vis-à-vis de son environnement ; la résonance, qui porte l’individu vers la performance. On peut se trouver en état d’intelligence optimale à un moment de la journée et plus du tout à un autre, quelles que soient ses capacités.
Ainsi, plus on va vers la résonance dans son environnement — c’est-à-dire, plus on se « puissantise » avec son environnement —, plus on monte en intelligence, plus on touche la performance et plus ses capacités peuvent s’exprimer de façon fluide et naturelle, quelles que soient les capacités dont on parle. Un artisan en performance, c’est-à-dire à son plus haut degré d’intelligence, saura montrer, sous certains yeux ébahis, son œuvre la plus impressionnante. Un sportif trouvera son flow pour donner le meilleur dans la compétition. Un intellectuel verra naître sa pensée la plus fluide, la plus déliée, pour la soumettre aux siens et créer un consensus.
L’intelligence, et à son plus haut degré, la performance, en tant que processus révélateur des capacités, est donc, par définition, un révélateur de la différence de chacun. La performance est le comble de la différenciation. Or, que nous en soyons conscients ou non, nous avons tous besoin de nous différencier. Et ce qui fait notre bien-être au travail, à l’école, ou dans d’autres sphères de la vie tient principalement dans la possibilité de nous différencier, de montrer qui nous sommes… et non pas dans telle ou telle capacité dont nous sommes dotés.
Quand nous ne sommes qu’un numéro parmi tant d’autres, ni remarqués, ni valorisés, alors, nous perdons le sens de ce que nous faisons. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas en mesure de montrer ce que nous avons en nous, notre différence. Rechercher la performance, loin d’une question d’ego, est une question de sens que nous voulons donner à notre existence.
L’intelligence ultime, la performance, c’est l’expression totalement libérée des capacités d’un individu, qui elle-même est l’expression de sa différence, qui elle-même donne du sens à son action, sens qui lui-même apporte un bien-être.
Portraits des performants : "Les esprits paresseux"
Mon livre, le Secret des Performants, explique les mécanismes de la performance, le pourquoi et le comment, renforcé par 16 portraits de performants très en vue, entrepreneurs, artistes, sportifs, opérationnels… Parce qu’intellectuel ne veut pas dire intelligent et intelligent ne veut pas dire intellectuel :
- Emmanuel Pierrat : Avocat, auteur, collectionneur d’art, homme politique, conservateur de musée, directeur de bibliothèque, agent littéraire, président du PEN Club Français et du comité pour la paix du PEN Club international.
- Mélanie Astles : Pilote d’avion, instructrice, six fois championne de France de voltige aérienne, championne d’Angleterre en titre de voltige aérienne, pilote de ligne, conférencière, consultante.
- Francis Kurkdjian : Cofondateur de Maison Francis Kurkdjian, compositeur de parfums, prix du parfumeur François Coty, chevalier des Arts et des Lettres.
- Christophe Fargier : Cofondateur et président du groupe Ninkasi : « Bière, burger et musique », bar-restaurant, café-concert, salles de concert, 21 sites en France, brasserie et distillerie artisanales.
- Anaïs Richardin : Directrice de la rédaction chez Maddyness, journaliste, chroniqueuse, cofondatrice de Maddy Keynote, sommet de l’innovation.
- Emmanuel Durand : Président directeur général de Snapchat France, enseignant à Science Po, administrateur chez IAB et Mobile Marketing Association, auteur.
- Gaël Bonnel Sanchez : Fondateur et Président de la GBS Holding, Black G et Almas Vodka, GBS Models Agency et GBS Talents Agency, Heroïca Tempus et MyMoth, Interstellar Humanity, producteur TV et cinéma, BSP Pictures.
- Franck Papazian : Spécialiste en communication, fondateur et président du groupe MediaSchool, président des groupes IPF et Élysée Alternance, coprésident du Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF).
- Selma Chauvin : Vice-présidente marketing international et business développement chez Ultimate Software, auteur.
- Sacha Goldberger : Photographe, auteur.
- Laurent Fiard : Président du groupe Visiativ, président du Medef Lyon-Rhône, cofondateur d’Axeleo, fondateur de l’Entreprise du futur, administrateur chez La Vie Claire et Aldes.
- Aton : Acteur, ex-opérationnel GIGN (tireur d’élite), auteur de GIGN, confessions d’un OPS et de Feral.
- Muriel Touaty : Partenaire éducation et innovation dans le groupe Onepoint, directeur général du Technion France de 2002 à 2019, présidente du Club Boussole Nouvelle Vague, décorée de l’Ordre national du mérite.
- Laura Restelli Brizard : Avocat d’affaires international, associé fondateur, membre du Conseil d’administration et du Comité exécutif de Poly-Ink, administrateur de sociétés, cofondatrice du Club de réflexion Femmes et Gouvernance, Who’s Who France, Who’s Who World, 2000 Outstanding Intellectuals of the 21st Century.
- Julien Fournié : Créateur de haute couture, cofondateur de la Maison Julien Fournié et du FashionLab de Dassault Systèmes, incubateur mode et technologie, prix Moët & Chandon aux Paris Fashion Awards 2000, grand prix de la Création de la ville de Paris en 2010, maison labellisée haute couture depuis janvier 2017.
- Frédéric Michalak : Joueur de rugby professionnel de 2001 à 2018, président de Sport UnlimiTECH, secrétaire général de Monaco Rugby Sevens, cofondateur de My Events Group/My Video Pro et de Full CrossFit Toulon, actionnaire de Blagnac Rugby.
Nous remercions vivement Fanny NUSBAUM, Docteur en psychologie et chercheur en neurosciences à l’Université Lyon I, pour partager son expertise sur notre plateforme média digitale d’influence et de référence ManagerSante.com.
Biographie de l'auteure :
Fanny NUSBAUM, Docteur en psychologie et chercheur en neurosciences à l’Université Lyon-I.
Elle dirige le Centre PSYRENE et le Fonds PSYRENE pour l’intelligence. Elle a notamment publié, avec Olivier Revol et Dominique Sappey-Marinier, « Les Philo-cognitifs » et plus récemment un ouvrage publié aux éditions Odile Jacob intitulé “Le Secret des PERFORMANTS”, le 13 Janvier 2021.
[INTERVIEW DE
FANNY NUSBAUM]
Source : TELE SUD, Emission Santé + le 16 Février 2021, Bernard Volker et Agnès Renard reçoivent dans Santé + Fanny Nusbaum, Docteur en Psychologie à l’Université de Lyon 1 pour son livre « Le Secret des Performants » (Ed. Odile Jacob).
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