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Qu’est-ce que la « Fatigue blanche » ? Marie PEZE nous décrit ce symptôme révélateur d’une souffrance au travail

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Article rédigé par Marie PEZE ,  Docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles. Responsable de l’ouverture de la première consultation hospitalière « Souffrance et Travail » en 1997, responsable du réseau des 130 consultations créées depuis, responsable pédagogique du certificat de spécialisation en psychopathologie du travail du CNAM, avec Christophe Dejours. Auteure de plusieurs ouvrages, dont le dernier publié en 2017,  « Le burn-out pour les nuls » aux Editions First.


N°13, Août 2018


 

 « Aussi longtemps que tu ne cesseras de grimper, les marches ne cesseront de monter en même temps que tes pas » Kafka, le procès

 

On peut découper artificiellement trois secteurs dans l’économie humaine, parties prenantes dans la tentative que fait chaque être humain pour maintenir un équilibre somatique et psychologique face aux événements de la vie : la vie mentale, l’activité sensori-motrice, la vie somatique. Souvent conjuguées entre elles, deux voies et deux voies seulement s’offrent à nous pour maintenir cet équilibre: La voie de l’activité mentale et la voie de l’activité sensori-motrice. (Marty,)

Douleur-poitrine

Comment  décrire ces 3 secteurs ?

La voie de l’activité mentale : 

L’activité mentale occupe la majeure partie de nos journées et de nos nuits.  Nous travaillons de manière incessante  à mettre en images, en représentations, (en rêves, la nuit) nos idées, nos sentiments, nos émotions. Toute cette excitation devient un théâtre intérieur, avec des moments de plaisir, de souffrance qui donnent le ton de notre vie quotidienne, la colorent, la font palpiter et sont le sel de la vie. Si l’excitation devient excessive, les symptômes apparaissent, angoisses, phobies, impulsions, obsessions, compulsions…..mais ils demeurent des symptômes psychiques, névrotiques,  sur la scène mentale.

La voie de l’activité sensori-motrice : 

La voie sensori-motrice est l’autre voie de décharge commode de l’excitation. Le mouvement est un bon moyen de libérer l’appareil psychique de sa tension interne, donc de le préserver du débordement Chez le nourrisson, d’ailleurs, la décharge sensori-motrice est la seule manière de répondre aux excitations internes ou externes dont il est l’objet (la faim, le trop chaud, le trop froid…). Le mouvement corporel, omniprésent chez l’enfant, va dans le meilleur des cas, diminuer peu à peu au fur et à mesure de la maturation psychologique, du développement des capacités symboliques, surtout le langage. Le mouvement imaginaire est donc inversement proportionnel au mouvement réel.

Quels sont les deux niveaux de fonctionnement dans la motricité ?

Les activités artistiques, artisanales, certaines activités sportives sont l’aboutissement d’une élaboration mentale préalable, d’un projet intérieur. Ce sont des activités d’expression. Cet «  agir expressif « (Dejours,) mobilise le corps au service de l’acte de signifier à autrui ce que nous vivons. D’autres activités sensori-motrices  provoquent une simple décharge musculaire directe de l’excitation, sans lien avec la mentalisation et même quelquefois servent à ne pas penser. Il s’agit simplement de « fa, 1991). La crise de nerf, la violence physique en sont  les prototypes.

La mise à contribution excessive des défenses mentales, caractérielles ou comportementales est le lot commun de tout être humain dans le parcours d’une vie. Les événements qui nous affectent (un deuil, un licenciement, une rupture, mais aussi une promotion, une nouvelle relation amoureuse) modifient  l’équilibre de nos investissements et induisent une tension que le psychisme doit décharger par tous les moyens qu’ils possèdent sous peine de traumatisme.

La vie somatique : 

Le troisième grand secteur d’expression humaine, la somatisation, peut être mis à jour si les autres fonctionnements sont  mis hors d’état pour des raisons structurelles ou conjoncturelles. La somatisation est le processus par lequel un conflit qui ne peut trouver d’issue mentale, déclenche dans le corps des désordres endocrino-métaboliques, point de départ d’une maladie organique (Dejours ,1979).

Si le travail psychique est présent dès l’aube de la vie,  il s’épanouit aussi dans la situation de travail, dans l’emploi. Le travail reconnu comme œuvre personnelle permet de trouver dans le champ social une issue aux aspirations inconscientes. La reconnaissance de la qualité du travail accompli va s’inscrire en termes de gain dans le registre de l’identité. Elle subvertit la souffrance et les efforts en plaisir du travail accompli.

Cette construction de l’identité dans le travail est aussi l’armature de la santé mentale et physique. Si l’organisation du travail ne la permet pas, l’armature est mise à mal. Certaines postures et attitudes corporelles acquièrent au travail valeur de dramaturgie et permettent l’écoulement des excitations. Là, le geste est riche et mobilise le corps au service du sens. L’acteur interprète son rôle, le musicien interprète sa partition, le travailleur interprète la tâche prescrite.

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Quels sont les impacts psychiques des nouvelles formes d’organisation du travail ? 

Les nouvelles formes d’organisation du travail sont édifiées avec une parfaite maîtrise du fonctionnement tant individuel que collectif des salariés. L’utilisation des NTIC[2] comme technique de contrôle du rythme de travail et comme  outil d‘effacement de la frontière entre vie privée et travail, l’introduction massive de l’évaluation individuelle sont autant de techniques de management visant la capture psychique et physiologique du salarié. Le travailleur  peut être  soumis à une organisation du travail qui détermine le contenu et les procédures de la tâche,  fixe même les modalités des relations entre les sujets en assignant à chacun place et rôle par rapport aux autres travailleurs. Quelquefois, le fonctionnement mental est réservé aux uns, le fonctionnement corporel assigné aux autres. L’exécution du geste se réduit à des mouvements, à des temps chronométrés, sans écart possible à la tache prescrite, sans puiser dans les racines singulières : tours de mains appris dans l’enfance, habiletés des corps de métier, dramaturgies personnelles.

Le travail répétitif ou monotone ou trop prescrit implique l’utilisation d’automatismes dans un divorce total entre la main et l’imaginaire. L’absence de signification, l’inutilité des gestes à accomplir façonnent une image de soi terne, enlaidie, misérable. Quand le geste n’exprime plus rien, il ne permet plus de penser. Il sert à « tenir ».

Là, le geste est pauvre, ramené à une simple décharge et même quelquefois  il sert à ne pas penser.

S’il n’y a pas de contenu mental du geste, alors le corps  au travail n’est plus qu’une force motrice. D’ailleurs, au travail, le corps n’est souvent considéré que comme un réservoir inaltérable d’énergie. L’organisation du travail tend à la disciplinarisation des corps. « Le second corps engagé dans le travail est un corps incertain dont l’état de santé, les rythmes, les limitations, la variabilité, les impotences, la fatigue, les handicaps, les maladies, se conjuguent avec des états affectifs : douleur, plaisir, émotion, sentiment » (Dejours).

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Comment le corps est-il traité dans l’organisation du travail ? 

L’organisation du travail oppose à ce second corps un vigoureux désaveu. Le corps dans l’organisation du travail est traité comme  un moyen,  pas comme une origine.

Toute initiative individuelle – donc  toute manifestation de la vie mentale – est suspecte de casser le rendement et interdite. Pour tenir au jour le jour ce travail parcellisé, répétitif, vide de sens et dont la procédure a été décidée ailleurs, le salarié réprime affects et représentations. Comment utiliser l’échappatoire de la vie fantasmatique lorsque l’automatisme des gestes suffit rarement à soutenir la cadence et qu’un moment d’inattention peut produire un accident ?

« Ce type d’organisation se résume dans l’impossible investissement du travail et dans les injonctions faites au travailleur de n’être rien » (Raix, 1991).

Sur la chaîne, la cadence est prescrite par l’organisation du travail. L’ouvrière qui visse 27 bouchons par minute, ne choisit pas son travail déqualifié et la pauvreté manuelle de son geste. A une certaine vitesse, l’activité de travail entre en concurrence avec la pensée. Non seulement l’activité fantasmatique est inutile mais elle devient dangereuse.  Le « silence mental » sert à ne plus penser la souffrance de ce travail là.

Elle dit qu’au bout de 20 minutes sur la chaîne, elles ont toutes des cloques. Que les gants qu’on leur fournit sont trop grands et qu’attrapés dans le geste, ils sont vissés dans le bouchon, ce qui ralentit la cadence.

« Comment tenez-vous le rythme ?

– c’est dur. Il y a d’abord que je n’ai pas le choix, je dois travailler. Il y a que la rage de ce travail, je la mets dans le geste et ça m’accélère. Il y a que je fais partie des anciennes et des meilleures et que je me dois d’aller vite ; Et quand je vais plus vite que le rythme, je me sens libre !! Des fois, je vais tellement vite que je ne pense plus, c’est tout. Je suis toute entière dans la répétition du geste. ».

Voilà, elle a tout dit sur la façon dont celui qui travaille convoque toutes ses défenses pour tenir et ne pas tomber malade.

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Quels types de défenses sont alors mobilisées pour le salarié dans ces conditions de travail répétitives ?

«  Je suis devenue un robot » dit-elle en mimant encore et encore le geste de vissage dont son corps n’arrive plus à se délester. L’hyperactivité est convoquée comme défense contre la souffrance venant de CE travail. L’afflux de la quantité, lui,  est convoqué par l’organisation du travail. Les effets des organisations du travail hyper productivistes  sont d’asseoir définitivement une  emprise sur  celui qui travaille par le moyen du renforcement économique : autrement dit, l’accroissement quantitatif de la pulsion d’autodestruction.

L’ouvrière dit aussi  que l’hyperactivité est  une voie de décharge de la violence que génère ce type d’organisation du travail. La rage, la haine, la colère, la frustration sont rapatriées dans l’accélération du geste.  Lorsque la haine devient trop forte, les ouvrières font des crises de nerfs dans l’atelier, il y a des brancards prévus pour ça dans les vestiaires. Elles vont s’allonger, avalent leur demi barrette de lexomil et laissent «  retomber la vapeur ». Retour à la chaîne. Economie psychique versus économie de marché. Le sujet est condamné à des réponses comportementales.

L’ouvrière dit aussi qu’en allant plus vite que la cadence demandée, elle dégage une marge de liberté, une individualité, un triomphe temporaire. Entre la cadence prescrite et l’ivresse de l’auto accélération, tout est réuni pour rendre l’individu esclave de la quantité.  En faisant plus, l’esclave de la quantité devient athlète de la quantité.

Faire corps avec l’hyperactivité demandée devient une stratégie défensive qui colmate la souffrance sur un mode comportemental, dans un retournement contre soi de la violence imposée. « Je n’aime pas me reposer.  Je n’ai pas le temps de m’asseoir et je trouve ça très bien. Comme ça, je ne pense pas. »  Cette intériorisation du rythme oblige à une adaptation qui s’instaure au prix d’une coûteuse carapace caractérielle rendant l’individu esclave de la quantité.( DE M’UZAN,1984)

Le « silence mental » est ici conjoncturel et non structurel. Il se maintient par la répression d’une activité psychique personnelle, par l’usure de l’élan vital, à bas bruit,  geste après geste, jour après jour, les séquelles physiques et psychiques de chacune de ces journées ,de chacun de ces gestes,  s’ajoutant les uns aux autres, dans un processus de sommation traumatique.

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La « fatigue » : un symptôme psychosomatique révélateur d’un sentiment d’insatisfaction au travail

Cliniquement, l’inadéquation de l’organisation du travail aux besoins de l’économie psychosomatique ne se traduit pas immédiatement par l’intériorisation de l’hyperactivité puis par l’usure et la somatisation.

Apparaît d’abord un vécu d’insatisfaction qui s’exprime avant tout par la fatigue. La fatigue est le premier symptôme. Parce qu’elle se situe dans le territoire de l’infraliminaire, elle n’est pas prise au sérieux et souvent disqualifiée parce que difficile à cerner.

Il y a la bonne fatigue, évacuation en après-coup de l’énergie mobilisée par la tâche à accomplir. Et la fatigue-usure du geste vidé de sens mais qu’il faut accomplir quand même, en réprimant toute activité spontanée des organes moteurs et sensoriels ( Dejours, 1993), toute interprétation du geste pour coller à la tâche prescrite, sans écart autorisé. Fatigue blanche précurseur d’une dépression atone (Sami Ali, 1990), qui ne dit pas son nom. Fatigue asymptomatique que ne caractérise éritalement que la baisse évidente de l’élan vital, maintenu artificiellement par la cadence du travail, les recours addictifs et la nécessité de gagner sa vie, en la perdant.

La fatigue n’est donc pas toujours une réponse à une charge physique excessive, à un surmenage. La fatigue peut aussi trouver son origine dans la répression de l’imagination.  Le geste aide à ne pas penser, ne sert qu’à tenir. Et tenir n’est pas qu’une métaphore, une figure de style. C’est d’abord un ordre, conscient ou inconscient, la mise en route de deux voies neuromusculaires et des muscles qui obéissent. La voie paravertébrale cervicale pour solliciter la gaine musculaire profonde puisqu’il s’agit de tenir debout. La voie respiratoire pour mobiliser le diaphragme et le tonus puisqu’il s’agit de tenir dans le temps. Tenir dans le temps avec la même posture dont l’information va se chroniciser.

Tenir, c’est aussi réprimer l’expression de sa colère et entraver son corps,.

Objectivité oblige, la souffrance mentale, la fatigue sont irrecevables au travail. Seule la maladie physique peut être entendue et bénéficie d’un statut de réalité. La prise en charge médicale va achever de déplacer la souffrance mentale  vers la douleur physique.

 


Pour aller plus loin : 

  1. Dejours C., Recherches psychanalytiques sur le corps, Payot, Paris, 1989.
  2. Dejours C., Travail usure mentale, Bayard, Paris, 1993.
  3. Derriennic F., Pezé M., Davezies P. : « Analyse de la souffrance dans les L.E.R. », Actes du 1er CIPPT, Tome 1, 1997.
  4. De M’Uzan M.,  « Les esclaves de la quantité », Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 30, 1984.
  5. Marty P., « Genèse de maladies graves et critères de gravité en psychosomatique », Revue Française de Psychosomatique, n°1, PUF, 1991.
  6. Marty P., De M’Uzan , David C., l’investigation psychosomatique,  PUF, Paris, 1963.
  7. Pezé Marie, ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Pearson, 2008
  8. 8 Pezé Marie, je suis debout bien que blessée, Josette Lyon, 2014

[1] Docteur en psychologie, responsable pédagogique du CES de psychopathologie du travail du CNAM, responsable du réseau de consultations souffrance et travail ;

[2] Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication : Internet, portable, blackberry…

 

 

Lire la suite de cet article le mois prochain…

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Nous remercions vivement notre spécialiste, Marie PEZE , psychanalyste et docteur en psychologie, ancien expert judiciaire (2002-2014), est l’initiatrice de la première consultation « Souffrance au travail » au centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre en 1996. À la tête du réseau des consultations Souffrance et Travail, ouvert en 2009 le site internet Souffrance et Travailpour partager son expertise en proposant sa Rubrique mensuelle, pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com 

 


Biographie de l’auteure :
Docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles. Responsable de l’ouverture de la première consultation hospitalière « Souffrance et Travail » en 1997, responsable du réseau des 130 consultations créées depuis, responsable pédagogique du certificat de spécialisation en psychopathologie du travail du CNAM, avec Christophe Dejours. En parallèle, anime un groupe de réflexion pluridisciplinaire autour des enjeux théorico-cliniques, médico-juridiques des pathologies du travail qui diffuse des connaissances sur le travail humain sur le site souffrance-et-travail.com Bibliographie : Le deuxième corps, Marie PEZE, La Dispute, Paris, 2002. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Pearson, Paris, 2008, Flammarion, collection champs en 2009 Travailler à armes égales, Pearson, 2010 Je suis debout bien que blessée, Josette Lyon, 2014

 

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Marie PEZE

Docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles. Responsable de l’ouverture de la première consultation hospitalière « Souffrance et Travail » en 1997, responsable du réseau des 130 consultations créées depuis, responsable pédagogique du certificat de spécialisation en psychopathologie du travail du CNAM, avec Christophe Dejours. En parallèle, anime un groupe de réflexion pluridisciplinaire autour des enjeux théorico-cliniques, médico-juridiques des pathologies du travail qui diffuse des connaissances sur le travail humain sur le site souffrance-et-travail.com Bibliographie : Le deuxième corps, Marie PEZE, La Dispute, Paris, 2002. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Pearson, Paris, 2008, Flammarion, collection champs en 2009 Travailler à armes égales, Pearson, 2010 Je suis debout bien que blessée, Josette Lyon, 2014

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