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Les risques d’attentats à l’Hôpital : vigilance renforcée…(1ère partie)


N°3, Décembre 2016

by Lionel DRAON


Dans notre précédent article, traitant de la violence en milieu médical, étaient essentiellement mis en avant les facteurs influents permettant d’apaiser des conflits patients-soignants, particulièrement dans le circuit des urgences, propice aux incivilités et violences.

Toutes les structures de soins réfléchissent et tentent d’appliquer des solutions à ce problème croissant, parce qu’elles le rencontrent chaque jour. Il est toutefois un domaine où ces institutions ne s’aventurent que trop peu : le dépistage de l’infiltration terroriste, potentiellement bien plus dommageable et pernicieuse.

Pensons-y toujours, n’en parlons jamais…

L’hôpital ne serait donc pas considéré totalement comme un site ultra-sensible face aux actes terroristes ? Bien sûr que si ! Malheureusement, notre culture humaniste limite, consciemment ou non, notre réflexion stratégique concernant la sécurité de ces lieux très spécifiques et hautement symboliques, auxquels nous sommes tant attachés, personnellement et affectivement.

Nos condamnations quasi-hebdomadaires des bombardements et actes terroristes sur des hôpitaux au Moyen-Orient ou en Afrique sont là pour le démontrer : c’est l’abomination inimaginable. C’est bien cet « inimaginable » qui limite sérieusement notre anticipation… et aussi, il faut l’avouer, le coût de la prévention et les inconvénients d’une sécurité encore renforcée.

Pourtant, l’analyse froide de quelques éléments permettrait sans doute de convaincre le plus humaniste des professionnels et gestionnaires de santé qu’il y a urgence à réfléchir sérieusement à la prévention, et non plus uniquement, aux plans d’urgences curatifs lors d’attaques de masse ou multi-sites…

Cases study

Une étude de cas, datant de 2013 de l’International Counter-Terrorism Institute (ICT), détaille et dénombre sur les trente dernières années, plus de 100 attaques terroristes sur des hôpitaux, et ce, dans 43 pays, totalisant près de 800 morts et 1.200 blessés avec une courbe croissante de ce type d’attaques ciblées, dites « molles » (« soft targets »). Ne faisant référence ici qu’aux attaques terroristes physiques et non pas informatiques, un tout autre sujet d’actualité crucial, mais plus communément abordé aujourd’hui.

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Pourquoi l’hôpital ?

  • C’est avant toute chose une cible hautement stratégique, dont la répercussion médiatique d’une attaque, même avortée, devient planétaire instantanément.
  • L’hôpital reste un lieu symbolique de la solidarité d’une population générale. C’est un groupe-cible idéal par sa diversité pour pétrifier moralement la population.
  • Enfin, l’impact psychologique sur la population, qui s’identifiera immédiatement aux victimes, provoquera des réactions au plus haut niveau de l’état, voire internationales, qui, malheureusement souvent dans l’urgence émotionnelle, conforteront les commanditaires des attentats dans la réalisation de leurs objectifs, par les mesures contraignantes d’urgences prises, mais généralement pérennes, pour les populations victimes.

Le terrorisme se défini avant tout par ses objectifs, non par ses moyens

N’oublions pas que ce qui distingue le terrorisme de la criminalité organisée, est la primauté de l’objectif final : déstabilisation d’un état ou d’un groupe-cible (politiquement, économiquement, culturellement…), jamais par les motivations conjoncturelles ou opportunes, qui ne sont que des carburants idéologiques pour motiver les exécutants et détourner ou focaliser l’attention…

Soft targets…

L’hôpital est également une cible attractive pour les terroristes car elle comporte de nombreux points faibles face aux attaques :

  • Lieu par nature très ouvert, très difficile à totalement protéger – l’exemple de l’attentat qui détruisit en grande partie l’hôpital militaire le mieux gardé de Belfast en Irlande par l’IRA en 1991 en est une illustration flagrante.
  • Concentration de population déjà affaiblie, difficilement mobile, et confinée… ce qui assure à une attaque, même de faible ampleur, un nombre important de victimes directes et indirectes.
  • Difficulté tactique extrême pour les forces de l’ordre d’intervenir sans provoquer de sérieux dégâts collatéraux (difficile emploi de gaz, présences de produits explosifs ou inflammables, configuration des lieux complexes, population importante et difficilement identifiable, etc.).
  • C’est de plus une excellente cible d’attaque « secondaire », par la désorganisation du réseau de soins d’urgence, augmentant ainsi la mortalité potentielle d’une attaque simultanée d’un autre site à relative proximité, ou utilisée comme leurre pour concentrer un déploiement massif de secours.
  • Et enfin, la mission première d’un hôpital est de soigner des blessés, ce qui peut être nécessaire pour des terroristes…

… et Hardware


Ajoutons à cela que les hôpitaux abritent nombre de matériaux et équipements dangereux pouvant servir de supports ou de compléments techniques à des actes terroristes (produits chimiques, médicaments, réserves et réseau de distribution d’oxygène, matières radioactives, cultures biologiques, etc.).

Pour illustrer concrètement la dangerosité des matériels et matières présents dans un hôpital, d’un simple exemple, il est bon de rappeler que le premier acte moderne de terrorisme radiologique n’a été permis que par la saisie d’un simple appareil à rayons X d’un l’hôpital, par des rebelles indépendantistes Tchéchènes lors d’une attaque terroriste en 1995 en Russie. La source de Césium 137 de l’appareil de radiographie emporté a été « facilement » convertie à des fins terroristes.

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Pertinence de l’hôpital pour cible ?

Notons, s’il était besoin de démontrer ces risques, qu’il s’agit de la plus grande prise d’otages jamais réalisée : 2.000 personnes durant quatre jours dans un hôpital qui servit de repli  stratégique aux terroristes, car le plus aisé à investir et défendre tactiquement dans le périmètre. Les forces d’interventions spécialisées n’ont jamais réussies à reprendre le contrôle de cet hôpital régional après plusieurs assauts particulièrement meurtriers de parts et d’autres.

Le Brésil, en 1987, a cruellement mesuré l’impact de cette simple substance de Césium présente dans les hôpitaux, bien qu’en faible quantité (à Goïania, proche de Brasilia), pour avoir laissé à l’abandon ce type d’équipement hospitalier : 4 morts et près de 250 personnes contaminées dans la région, avec les mêmes symptômes qu’à Tchernobyl en Ukraine. Un simple abandon de matériel hospitalier dans une décharge…

Répandre du Sarin ou autre composé chimique, ou culture bactériologique dans un système de ventilation, n’est pas plus compliqué que dans le métro de Tokyo, si on accède facilement aux bouches de ventilation ou réseaux de distributions. Que penser de la protection face à la malveillance, des stockages de l’oxygène sous forme liquide et des évaporateurs lorsqu’une simple bouteille pour le transport de malade vous transforme en torche humaine lors d’une inflammation. L’accident est rarissime, mais nous ne parlons pas ici d’accidents techniques…

suivez la 2ème partie de cet article le mois prochain…

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Lionel DRAON

UNESSD
Union Nationale des Entrepreneurs
des Services de Sécurité et de Défense
Pôle Formations

Professional Bodyguard Association
Head of Clinical Studies


Nous remercions vivement Lionel DRAON, UNESSD et membre de Professional Bodyguard Association, pour partager son expertise  professionnelle en collaboration avec Thierry SZCZEPANIAK , Président de l’UNESSD, pour nos fidèles lecteurs du Blog MMS

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